🤕37. La demande en mariage

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CÉDRIC

Un mois jour pour jour après leur bal d'anniversaire, une surprenante conséquence survint en fin d'après-midi. Ce jour-là, les deux princes se trouvaient sur la terrasse pour profiter de la chaleur de la journée, à l'ombre de la tonnelle fleurie. Cédric était confortablement installé sur le sofa, Solen blotti tout contre lui comme le petit chat qu'il était, ronronnant presque tandis que Cédric lisait à voix haute le roman de pirates que Savinien lui avait offert. Une agréable brise fraîche soufflait depuis le matin, apportant avec elle le chant des oiseaux autant que le parfum léger des rosiers, tenant la chaleur à distance.

Confortablement installé, Cédric savourait la présence de son amoureux contre lui, et le plaisir de partager une histoire d'aventure. À vrai dire, il ne lisait pas que pour le bénéfice de Solen, puisque la reine Louise les avait rejoints en début d'après-midi et s'était assise dans un fauteuil auprès d'eux avec un travail de broderie. Quelques semaines plus tôt, au milieu de la folie des préparatifs du bal d'anniversaire, elle avait confié à Cédric qu'elle s'était remise à la broderie en début d'année, pour se vider la tête et s'occuper les mains. Elle avait ajouté que l'écouter lire la charmait tout autant que son fils, alors Cédric lisait pour les deux, heureux qu'on apprécie sa lecture.

L'ouverture des portes-fenêtres de la terrasse interrompit soudain la quiétude de l'instant et Cédric cessa de lire pour relever la tête et voir qui arrivait. En voyant le roi, suivi par un messager, il referma le livre sur son signet, pressentant que l'interruption allait durer. À côté de lui, Solen se redressa pour s'asseoir correctement sans pour autant s'écarter complètement.

— Solen, un message vient d'arriver pour toi, annonça Constant.

C'était assez étonnant, puisqu'il n'avait pris goût à l'écriture que récemment et ne correspondait donc qu'avec ses cousins, lesquels employaient leurs propres messagers. C'était donc intriguant de voir arriver un message d'un expéditeur inconnu, même si Cédric reconnaissait les couleurs du duché Bonrepos sur la casaque du messager.

— Je vous écoute ? répond Solen en peinant à cacher sa surprise.

— Ma maîtresse, la duchesse de Bonrepos, m'envoie pour solliciter l'honneur de votre main en mariage pour sa fille aînée, Mademoiselle Madeleine.

Alors ça, c'était inattendu. De surprise, Solen se redressa tout à fait, seule sa cuisse restant en contact avec celle de Cédric. Après tous les refus, pour la plupart blessants, que Solen avait reçus aux demandes faites par ses parents, il était pour le moins improbable de voir la situation s'inverser. Cédric vit le roi et la reine échanger un regard circonspect, visiblement aussi surpris qu'eux, et il se tourna vers Solen dont le visage était un masque de perplexité. Ne sachant que lui conseiller sur le moment, Cédric haussa les épaules et Solen fronça le nez d'une adorable façon. Puis il parut frappé d'une inspiration et il se tourna vers le messager avec un air promettant quelques ennuis.

— Je ne puis que vous faire part de mon désarroi, dit-il avec une douceur trompeuse. Il y a quelques mois encore, j'étais considéré comme étant si sot que l'on m'a dit préférer le célibat à ma main en mariage. Et voilà que votre maîtresse souhaite me voir épouser sa fille ?

Il fit une légère pause, suffisante pour que le messager se tortille un peu avec l'impression d'avoir à répondre à la question, puis il reprit la parole avec une politesse coupante.

— Dites-lui que cette demande me flatte, mais que je suis dans l'obligation de refuser.

— Puis-je... hum... Demander la raison de ce refus ? bafouilla le messager. Car ma maîtresse voudra certainement la connaître.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant