La Fée Marraine (tomes 1 & 2)

🤕22. Le gala de la bibliothèque

CÉDRIC

Les préparatifs du gala annuel de la bibliothèque royale gardèrent Cédric très occupé jusqu'au grand jour. Fier des tâches que le roi lui avait confiées, il s'était entièrement impliqué dans l'évènement, décidé à se montrer à la hauteur de la confiance que Constant lui portait. En plus de ça, il découvrait qu'il appréciait grandement de superviser l'organisation d'un évènement culturel, et le seul véritable point négatif de ces deux semaines de préparation était la distance instaurée avec Solen.

Ces deux dernières semaines, ils avaient été tellement occupés l'un et l'autre qu'ils n'avaient pas eu un seul instant à passer rien que tous les deux. Quelque part, Cédric songeait vaguement que c'était une bonne chose qu'ils soient capables de vivre sans être ensemble à chaque minute, mais la plupart du temps il songeait surtout que son petit prince soleil lui manquait. Ils devaient se contenter de baisers volés dans l'ombre des couloirs et de sourires furtifs lorsque leurs regards se croisaient, dissimulant leur affection par habitude plus que par crainte. Et quelquefois, Cédric se demandait si les parents de Solen les auraient à ce point tenus séparés l'un de l'autre s'ils avaient su combien ils s'aimaient.

Dans les faits, le roi et la reine les chargeaient de travail sans penser à mal, et Cédric savait que le souci venait plutôt du fait que Solen et lui se jetaient à corps perdu dans leurs tâches, parce qu'ils étaient aussi avides de bien faire l'un que l'autre. Et Cédric était très content de lui, parce que c'était la première fois qu'il pouvait s'impliquer à ce point dans un projet d'une telle envergure, et le gala promettait d'être une véritable réussite.

Ce fut même plus qu'une réussite. La bibliothèque et la petite salle de bal à côté avaient été merveilleusement décorées, les cuisines s'étaient surpassées, et chaque invité rivalisait d'élégance et d'esprit. Cédric lui-même se sentait rayonner de joie et de fierté, présenté par les souverains comme un élément essentiel du bon déroulé de la soirée, et il avait l'impression qu'il allait éclater de bonheur. Plus encore, chaque fois que ses yeux se posaient sur Solen, c'était comme si son cœur gonflait, et gonflait encore, prêt à s'envoler. Croisant son regard par-dessus la foule, son prince lui offrit un sourire porteur d'une telle tendresse et d'une telle affection que Cédric céda. Aussi gracieusement qu'il le put, il s'inclina devant ses interlocuteurs, de grands érudits du royaume.

— Pardonnez-moi, le devoir m'appelle.

Puis il s'enfuit aussi dignement qu'il le put pour rejoindre Solen, ses mains le démangeant de se poser sur sa taille, ses lèvres frissonnant d'un baiser prêt à éclore.

— Des félicitations s'imposent, déclara Solen avec un éclat pétillant dans le regard. J'espérais également que tu m'accorderais une danse.

— Hélas, soupira Cédric, je ne danse pas.

Sa mauvaise jambe l'avait toujours empêché de tenter l'exercice, et il n'avait jamais eu le courage d'endurer la douleur assez longtemps pour retenir les pas ne serait-ce que d'une simple valse. Pourtant, loin de se laisser décourager, Solen pencha légèrement la tête avec un air songeur.

— Est-ce parce que tu n'aimes pas danser, ou bien parce que tu ne sais pas danser ?

— Je n'ai jamais appris à danser, avoua-t-il. Ma jambe et mon pied bot rendent l'exercice particulièrement ridicule.

— Mais maintenant, nous sommes ensemble, répliqua Solen. Viens avec moi.

Toujours aussi charmant, il lui tendit son coude et Cédric se retrouva bientôt entraîné au travers de la salle de bal, jusqu'aux portes vitrées donnant sur le jardin d'hiver. L'endroit n'étant pas accessible aux invités, ils y seraient au calme sans pour autant être trop loin de la soirée. De fait, sitôt la porte refermée, Cédric retira son coude pour enrouler ses bras autour de Solen et l'attirer contre lui.