SOLEN
La journée d'anniversaire de Solen fut beaucoup plus calme que les précédentes, et surtout plus courte puisque tout le monde se leva dans l'après-midi, la mine encore chiffonnée de fatigue, mais le sourire aux lèvres. Plutôt que d'organiser un énième repas d'anniversaire, les parents de Solen avaient fait installer sous la tonnelle un buffet composé des restes de la veille, donnant à l'ensemble une allure de pique-nique tout à fait bucolique. Ils étaient tout de même une grosse vingtaine, avec tous leurs invités, mais l'ambiance était légère et détendue, émaillée de rires et de plaisanteries. En passant derrière Auguste pour aller remplir son assiette, Solen l'entendit discuter avec Jens et Rouge des mérites du bissac face à une gibecière, et il secoua la tête avec amusement en songeant que les trois s'étaient bien trouvés et que lui ne saurait même pas faire la différence entre les deux.
Ils étaient tous attablés, mangeant et riant ensemble, lorsque le roi et la reine se levèrent avec l'air de vouloir faire un discours. Soudain un peu inquiet, Solen échangea un regard avec Cédric de l'autre côté de la table, mais son amoureux haussa les épaules, indiquant qu'il n'en savait pas plus que lui.
— Mes chers enfants, commença Louise avec un sourire maternel, je suis ravie de célébrer avec vous votre vingtième anniversaire ! Vous êtes tous les deux devenus des garçons remarquables que je suis fière de voir grandir. Constant et moi tenions à vous dire que nous étions heureux et reconnaissants de vous avoir dans notre famille, et c'est un peu ce que symbolise le cadeau que nous voulions vous offrir.
À ses côtés, le roi fit un geste et deux domestiques s'avancèrent, apportant chacun un coussin recouvert d'une étoffe. Le cœur battant soudain plus vite, Solen se redressa, mais ne quitta pas vraiment Cédric du regard, inquiet de voir des larmes inonder le brun de ses yeux. Il savait que le discours de sa mère, pour bref qu'il avait été, avait touché son amoureux en plein cœur parce que c'était une nouvelle preuve du fait que ses parents le considéraient à présent comme leur fils. Et Solen ne pouvait pas les aimer davantage. Ou peut-être que si, parce que les cadeaux furent dévoilés et il en perdit la parole alors que Cédric retenait à grand-peine un sanglot.
— Je les ai dessinés moi-même, expliqua fièrement Constant sans avoir conscience de leur émotion.
Il s'agissait en fait de deux diadèmes étincelants, marquant leur statut de princes. Du bout des doigts, Solen effleura le sien, tout d'or et de pierres blanches et jaunes, formant une véritable couronne d'étoiles et de rayons de soleil. Puis il releva la tête pour voir Cédric, les joues humides de larmes, ne pas oser toucher le sien, fait d'or blanc et de perles, couronne d'étoiles et de lunes. Sur cela, sa mère reprit la parole.
— Essayez-les ! encouragea-t-elle. Cela fait plus d'une semaine que je suis impatiente de vous voir les porter !
En voyant combien les mains de Cédric tremblaient, Solen se leva afin de faire le tour de la table et poser son coussin auprès de son amant avant de s'agenouiller devant lui pour prendre délicatement le diadème et le déposer sur sa tête.
— Mon prince, chuchota-t-il avec un clin d'œil.
Puis il s'assit sur ses talons pour vraiment regarder Cédric, avec son beau visage adouci par leur don, ses doux yeux bruns mouillés de larmes, ses cheveux roux maintenant assez longs pour toucher ses épaules, et il songea que ce garçon était sans aucun doute l'homme qu'il voulait chérir pour le restant de ses jours.
— Lai... laisse-moi... bégaya Cédric en tendant des mains tremblantes vers le diadème d'or.
Avec une maladresse dont il n'était pas coutumier et une révérence touchante, il lui retourna son geste en ceignant ses tempes avec le diadème, dont le léger poids fut comme une bénédiction.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...