CENDRILLON
C'était le cœur battant, des papillons plein l'estomac, que Cen avait franchi les portes de la salle de bal qu'on avait rouvertes pour lui. Tous les regards s'étaient aussitôt tournés vers lui alors que le brouhaha des conversations s'arrêtait peu à peu, et même l'orchestre avait cessé de jouer. Sous le poids de toute cette attention, la seule chose qu'il avait songé à faire était de plonger dans une profonde révérence, comme pour s'excuser d'interrompre le bal.
Lentement, il se redressa, sans trop savoir où poser les yeux, et il fut incroyablement soulagé de croiser le regard de Caspian, droit devant lui. Son ami lui adressa un geste de la main assorti d'un grand sourire, avant de lui indiquer quelque chose d'un signe de tête. Suivant son indication, Cen découvrit le prince Auguste, fendant la foule à grands pas dans sa direction, vêtu d'un habit d'argent resplendissant. Irrésistiblement attiré, Cen descendit lentement l'escalier jusqu'à s'immobiliser devant lui, la gorge nouée.
— Je craignais de ne pas vous voir ce soir, souffla Auguste en prenant sa main pour en embrasser le dos. Votre ami venait juste de me faire part d'une inquiétude similaire lorsque vous êtes arrivé. Le bal aurait été affreusement long sans le plaisir de votre présence, et le prince Maxime m'en aurait certainement voulu de lui emprunter son cavalier dans le seul but d'avoir de vos nouvelles.
— Pardonnez-moi, sourit Cen, je ne pensais pas arriver si tard. Mais je n'aurais manqué ce bal pour rien au monde.
Il ne précisa pas que c'était sa dernière chance de le voir, qu'il avait aussi promis une danse à Caspian, et se perdit dans la lumière de ces yeux bleus. En apprenant que Gus était le prince Auguste, il avait craint d'être intimidé à ses côtés, mais tout ce qu'il ressentait en cet instant était la joie de le revoir et de pouvoir passer à nouveau quelques heures en sa compagnie.
— Vous êtes éblouissant, ajouta Auguste. Nous étions en train de complimenter les plus belles tenues de la soirée, mais vous êtes sans conteste le plus élégant d'entre tous.
Rougissant, Cen ne sut que répondre et oublia tout à fait l'usage de la parole lorsque son prince lui adressa un sourire ravageur en tendant la main comme une invitation. Les musiciens recommençaient à jouer, et Cen glissa sa main dans celle d'Auguste pour se laisser entraîner sur la piste dans une valse lente, terriblement romantique. Évidemment, personne n'osa les rejoindre, du moins jusqu'à ce que le prince Justinien s'élance avec Simon, imité par son frère et Caspian. Chaque fois qu'il croisait son regard, Cen avait l'impression de l'entendre murmurer « Je te l'avais dit » et il dut se retenir de toutes ses forces de ne pas lui tirer la langue.
Cette fois, il se rappelait mieux les pas et il fit honneur à son cavalier en réussissant les enchaînements sans lui marcher sur les pieds, dansant avec beaucoup plus de grâce. À chaque mouvement, ils se rapprochaient l'un de l'autre, s'éloignaient brièvement, puis revenaient plus près encore, le cœur battant la chamade. Tant et si bien que, lorsque la danse s'acheva, Cen mourrait d'envie de recommencer. Et visiblement, Auguste aussi, puisqu'il garda sa main dans la sienne et se contenta de l'interroger du regard avant de l'entraîner sur la polka suivante, et le quadrille qui suivit, jusqu'à ce qu'ils en soient essoufflés à force de virevolter et de se sourire.
Après ça, ils firent une pause pour reprendre leur souffle et laisser la place aux autres danseurs. Sa main toujours glissée dans celle d'Auguste, Cen le suivit vers le bord de la piste où se trouvaient déjà Caspian et Maxime, avec bien sûr Simon et Justinien. En les voyant tous les quatre, Cen se demanda comment est-ce qu'il avait pu ne pas reconnaître Auguste la première fois, et il se sentit un peu bête. Mais après tout, son cavalier n'avait rien fait pour le détromper, et puis c'était un bal masqué.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...