CÉDRIC
En sortant de la boutique du joaillier royal, Cédric ne put s'empêcher de tapoter une nouvelle fois l'écrin glissé dans la poche de sa veste. Il avait passé commande un bon mois plus tôt, quelques jours seulement après leur retour de la campagne et il avait reçu ce matin-là un message signalant que le bijou était prêt. Une semaine avant l'anniversaire de Solen, c'était plus que confortable. Cédric ne savait pas encore exactement comment ils allaient célébrer leurs anniversaires cette année. Il avait l'habitude de partager sa fête avec Caspian, puisqu'ils étaient nés le même jour, et ce ne serait pas très différent avec Solen car ils avaient seulement quatre jours d'écart. Seulement, les souverains ne lui avaient rien dit à ce sujet, d'une façon étrangement suspecte qui lui faisait penser qu'une surprise pouvait être à l'œuvre. Ignorant si Solen était ou non dans la confidence — mais pressentant que non parce que son ami avait toujours du mal avec les surprises et les secrets — Cédric s'était abstenu de l'interroger. À la place, il s'était débrouillé par lui-même afin de lui offrir un cadeau digne de ce nom.
En tant que prince de Rivecœur, même en exil, et en tant qu'ambassadeur, il disposait d'une fortune considérable et n'avait pas hésité à piocher dedans pour payer généreusement le joaillier. Il lui avait demandé une paire de pendants d'oreille, en or et en perle, représentant des soleils. Non seulement les astres rappelaient irrésistiblement Solen, mais en plus les bijoux correspondaient parfaitement à ce qu'il aimait porter. Cédric en était extrêmement satisfait, et très impatient de lui offrir.
Tout à son bonheur et à son enthousiasme, il rentra joyeusement au château en veillant à ne pas trop forcer sur sa mauvaise jambe. Il n'avait qu'une petite dizaine de minutes de marche pour rentrer, et ne souhaitait certainement pas se blesser pour si peu. En plus de ça, la journée était belle, le soleil avait enfin refait son apparition après plusieurs jours de pluie et de tempête. Il en aurait siffloté, si son sourire n'avait pas rendu l'exercice difficile.
Toutefois, en arrivant devant les portes du palais, il eut l'extrême surprise de les trouver closes et surveillées, alors que régnait une grande agitation. En le voyant, l'une des soldates en faction le reconnut, et s'empressa de lui ouvrir.
— Votre Altesse ! s'exclama-t-elle. Leurs Majestés ont demandé à ce que vous alliez les rejoindre immédiatement dès votre retour ! Nous désespérions de vous voir revenir enfin.
— Que se passe-t-il donc ? s'affola Cédric.
Des dizaines de possibilités et d'explications lui traversaient l'esprit, depuis la peste et la famine en passant par la guerre, peut-être avec Rivecœur, mais rien d'aussi terrible que la réalité.
— Son Altesse le Prince Solen a disparu ! Une battue est organisée pour le retrouver, le palais est actuellement fouillé des caves aux plafonds.
— Solen a disparu ?! répéta-t-il avec incrédulité et frayeur. Par le Ciel !
Oubliant sa mauvaise jambe, il partit en courant vers le palais, désireux de rejoindre au plus vite les parents de Solen afin de connaître toute l'histoire. Il s'engagea en trombe dans le hall d'honneur, et déboula sans la moindre politesse dans la grande salle du conseil où tout le monde semblait s'être rassemblé.
— Ah mon garçon! s'écria le roi avec un soulagement palpable. Vous voilà enfin ! Avez-vous une idée de l'endroit où Solen aurait pu se rendre aujourd'hui ? Il a manqué le déjeuner, et personne ne semble l'avoir vu depuis ce matin. Vous a-t-il fait part de ses projets pour la journée ?
— Hélas, non ! J'étais moi-même assez secret sur mes objectifs, puisque j'allais chercher son cadeau d'anniversaire. Je ne l'ai pas revu depuis ce matin, lors du petit déjeuner.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...