🌻18 - Souvenirs et aveux

62 14 0
                                    

SOLEN

Avec une vague protestation, Solen essaya de lutter contre son éveil, n'ayant pas la moindre envie de quitter le cocon de chaleur dans lequel il était lové. Hélas, son esprit avait décidé que l'heure était venue, et il lui fut impossible de se raccrocher aux dernières bribes de son rêve. Toutefois, la réalité s'avéra presque aussi confortable, s'il faisait exception de la désagréable raideur de sa jambe. Il était blotti au fond de son lit et, chose assez surprenante, n'y était pas seul.

Clignant des yeux dans la pénombre du baldaquin, il finit par discerner le visage endormi de Cédric, à moitié enfoui dans l'oreiller, ses cheveux comme du cuivre en fusion dans l'éclat de soleil qui se faufilait entre les rideaux. Solen pouvait sentir le bras de son ami en travers de son torse, irradiant de chaleur, et la douceur de son souffle contre son épaule, paisible et régulier. Sans chercher à retenir son sourire, il se tourna avec précaution, grimaçant lorsque cela tira douloureusement sur sa jambe engourdie, et n'hésita pas une seule seconde à se pelotonner tout contre Cédric. Après tout, il était blessé, il avait bien le droit au réconfort dont il avait envie !

Un marmonnement indistinct échappa à son compagnon, avant qu'il ne resserre son bras autour de lui, et Solen dissimula son sourire satisfait dans le creux de son épaule, prêt à se rendormir. Il se sentait merveilleusement bien ici, blotti dans les bras du garçon qui était à la fois son meilleur ami et celui dont il était amoureux, prenant juste la bonne place. Il était très reconnaissant à la médecienne pour ses prescriptions, parce que la potion qu'elle lui avait fait boire atténuait complètement la douleur de sa jambe, ne laissant qu'un engourdissement désagréable à la place de l'agonie déchirante qui l'avait torturé la veille. Heureusement, il se sentait bien plus lucide, mais il ne pouvait s'empêcher de craindre que cela n'indique la fin des effets du médicament.

Il devait s'être agité en réfléchissant, parce que la respiration de Cédric se modifia, troublée, juste avant que ses yeux ne s'ouvrent derrière ses cheveux emmêlés. En le voyant réveillé, un sourire à couper le souffle naquit sur ses lèvres, transformant tout son visage.

— Comment tu te sens ? chuchota-t-il d'une voix encore rauque de sommeil. Est-ce que tu as réussi à te reposer ?

— Mieux, répondit Solen avec ferveur. La potion de la médecienne a fait des merveilles, et dormir dans tes bras a fait le reste. Même si je suis à peu près sûr que je n'en dirais pas autant d'ici quelques heures, lorsque les derniers effets se seront dissipés.

Pour le moment, il sentait seulement la raideur de son plâtre mais il n'avait aucun mal à deviner combien ce serait douloureux lorsque la potion cesserait de faire effet. Il gardait un souvenir atroce de la veille, de la panique et de la souffrance épouvantable dans sa jambe, et il priait de toutes ses forces pour ne jamais revivre ça.

— Tu reprendras de la potion, le consola Cédric. La médecienne a dit que tu en avais pour environ deux mois de convalescence, la douleur ne fera que s'atténuer au fur et à mesure.

Solen n'avait pas la moindre envie de songer à l'inconfort des prochaines semaines, toutefois il était cruellement conscient du fait que Cédric, lui, n'avait pas la consolation de se dire que sa jambe guérirait. Et pourtant, en dépit de son infirmité, il avait couru dans le parc à sa recherche et avait dévalé la pente pour le rejoindre, allant même jusqu'à le porter vers les secours. Solen n'était pas certain de pouvoir tomber davantage amoureux, et il dissimula son visage brûlant en le pressant dans la chemise de Cédric.

— Merci, chuchota-t-il. Merci, merci, merci. Je ne te le dirai jamais assez. Tu as été incroyablement courageux et fort, hier. Tu es venu à mon secours comme un véritable héros.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant