🌻05. Les demandes de Solen

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SOLEN

Bien tard dans la soirée, après la meilleure journée que Solen ait vécue depuis longtemps et un dîner très agréable en compagnie de ses parents et son nouvel ami, le jeune prince d'Houdancœur se retrouva seul avec son père sur le balcon, à profiter de la douceur nocturne.

— Je suis heureux de voir que vous vous entendez déjà si bien, sourit le roi. J'ai l'impression que Cédric a vraiment besoin d'un ami, lui-aussi.

— C'est horrible que sa mère ne veuille plus le voir, soupira Solen. Moi en tout cas, je suis très fier d'être son ami !

Avec son enthousiasme habituel, il entreprit de raconter à son père comment Cédric avait pris sa défense devant la bibliothèque, illustrant son récit par de grands gestes éloquents.

— Ah ! s'exclama le roi en éclatant de rire. Ce coq prétentieux a eu exactement ce qu'il méritait ! J'aurais aimé voir ça, tiens ! Gageons que le séjour de Cédric au palais ne pourra qu'être bénéfique à bien des égards.

— Justement... reprit plus doucement Solen. Je pensais à quelque chose, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée...

Depuis le temps, il avait appris à se confier à ses parents et à les laisser juger si ce qu'il envisageait était réalisable, ou complètement absurde. Et comme toujours, son père lui prêta une oreille attentive.

— Je me demandais si nous pouvions... loger Cédric... dans l'appartement voisin du mien. Le pauvre est tout seul ici... sans aucune famille... Il se sentirait sûrement mieux s'il était bien entouré... tu ne crois pas ?

— C'est une excellente idée, Solen !

Le ton chaleureux de sa voix rasséréna le prince davantage que ses mots, et il retrouva son sourire en expliquant davantage ce à quoi il avait pensé dans l'après-midi.

— Sa jambe est toute tordue et lui fait horriblement mal, alors je me disais que nous pourrions peut-être faire en sorte d'aménager cet appartement pour que ce soit plus confortable pour lui ? Un peu comme lorsque Maman s'est foulé la cheville...

Au sourire de son père, il devina que sa suggestion était la bonne et il rosit de plaisir en le laissant lui ébouriffer les cheveux avec affection. Dans des moments comme celui-là, il ne se sentait plus du tout idiot, et cela lui mettait toujours du baume au cœur.

— Je vais voir avec ta mère pour arranger ça, cela prendra sûrement quelques jours mais ensuite nous pourrons effectivement loger Cédric dans l'aile royale. Il y sera certainement plus à son aise, et je compte sur toi pour l'aider à se sentir chez lui ici.

— C'est promis !

Ravi, excité et impatient, Solen aurait pu sautiller jusqu'à sa propre chambre et il dut se morigéner pour s'empêcher de courir jusqu'à Cédric afin de lui annoncer la nouvelle. Mieux valait certainement lui en faire la surprise. Bien sûr, avec tout ça il n'était pas certain de parvenir à s'endormir, mais il lui suffit de se remémorer la manière dont Cédric l'avait défendu plus tôt en remettant le bibliothécaire à sa place d'une phrase bien sentie, et il gloussa en pressant son visage dans son oreiller, pour finalement sombrer dans un sommeil aux rêves colorés.

***

Dès le lendemain, alors que Cédric se montrait une nouvelle fois d'une incroyable patience et ne faisait pas mine de se lasser ou s'agacer des frasques de son esprit, Solen se jura de tout faire pour qu'il se sente chez lui au palais. Le prince de Rivecœur ne semblait jamais le trouver idiot, et avait au contraire à cœur de prouver à tous ceux qui osaient une remarque à ce sujet qu'il était bien plus intelligent qu'eux ne le seraient jamais. C'était la première fois que quelqu'un prenait la défense de Solen d'une façon aussi galante (et aussi un peu vindicative), et il en était tout retourné. Toutefois, il voyait bien que les gens murmuraient sur le passage de Cédric, l'œilladaient d'un drôle d'air, et le dévisageaient même parfois carrément, avec des remarques légèrement condescendantes ou désobligeantes. Cédric haussait les épaules, répliquait d'un mot d'esprit, et prétendait que cela ne le touchait pas, mais Solen se doutait que cela devait le blesser autant que les insultes qu'il recevait souvent pour sa bêtise. Alors ce soir-là, ce fut sa mère qu'il alla trouver.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant