CASPIAN
Caspian n'avait pas été certain de voir Cen dans la journée, aussi il ne s'inquiéta pas lorsque le soir tomba sans que son ami ne soit venu lui rendre visite. En revanche, il fut plutôt surpris de l'entendre frapper à la porte de sa cabane, deux heures après le crépuscule. Abandonnant son livre, il se leva pour ouvrir et laissa échapper une bordée de jurons en découvrant son visage. Cen avait un vilain hématome sur le front et la lèvre fendue, maculant son sourire de sang.
— Javotte m'a collé la portière dans la figure ce matin, expliqua-t-il en haussant les épaules. Elle ne l'a même pas fait exprès, je ne suis pas sûr qu'elle m'ait vu. J'ai mis de l'onguent de Gus sur ma lèvre, c'est un peu comme garder le souvenir d'un baiser.
— Tu es suspicieusement de bonne humeur, pour quelqu'un qui semble avoir affronté des brigands et perdu, remarqua Caspian.
En réponse, Cen lui offrit un autre grand sourire ensanglanté avant de dévoiler le paquet de journaux pliés qu'il avait sous le bras. Comprenant, Caspian se mit à rire et secoua la tête en reculant pour l'inviter à s'approcher de la table sur laquelle Cen déposa son butin.
— Justinien avait raison, les journalistes s'en sont donné à cœur joie ! Je ne les ai pas encore lus, je voulais attendre d'être avec toi pour découvrir tout ça et de toute manière je n'ai absolument pas eu une minute pour souffler.
Tout en se laissant tomber sur le bord du lit, il expliqua qu'il s'était levé en fin de matinée, à l'heure à laquelle Javotte et Anastase partaient se coucher, et qu'il avait dû les aider à se changer avant de s'occuper du repas et de ses tâches quotidiennes. Les journaux avaient été livrés pendant ses quelques heures de sommeil et il n'avait pu les récupérer qu'une fois toute la maisonnée endormie pour la nuit.
— Je les ramènerai demain matin pour qu'ils ne découvrent pas que je les ai empruntés, acheva-t-il. Javotte voudra sûrement conserver l'article racontant comment elle a dansé avec le Prince de la Lune, comme elle t'appelle.
— Pitié, ne me rappelle pas cette épreuve ! grommela Caspian. Je n'ai réussi à la supporter qu'en la faisant parler de sa robe et complimenter ton travail, mais je ne rêvais que de lui écraser les pieds.
Tout en parlant, il achevait de réchauffer la tisane qu'il s'était préparée et il apporta deux tasses à Cen, avant de le rejoindre sur le lit avec les journaux. Avec habitude, ils se calèrent tous les deux contre les oreillers, épaule contre épaule, et ils s'intéressèrent enfin aux articles relatant leurs exploits au cours du bal.
— Tous les journaux du royaume en parlent ! rit Cen. Regarde celui-ci ! «Bientôt des noces royales ? Le fougueux baiser du prince Maxime sur la piste de danse !»
— Tu peux parler ! répliqua Caspian en ignorant ses joues brûlantes. Tu y as droit aussi : «Qui est le mystérieux amant du Prince Héritier ? Tout savoir sur sa nuit de passion avec un prince inconnu !»
Il commença à lire les premières lignes alors que Cen éclatait de rire, au point de devoir presser son mouchoir sur sa bouche pour éponger le sang sur sa lèvre.
— J'espère que Gus a lu ça aussi, s'exclama-t-il. Je le savais ! Tout le monde y croit, pas vrai ? Dire que l'on n'a fait que parler et dormir ! Les gens seraient si déçus de l'apprendre...
Tout en ricanant, il prit une gorgée de tisane et se pencha par-dessus son épaule pour mieux lire, alors que Caspian se retournait vivement vers lui.
— Comment ça vous n'avez pas couché ensemble !? s'écria-t-il.
Le regard pétillant, Cen lui offrit un grand sourire alors qu'il rosissait un peu, trahissant combien il avait apprécié sa nuit avec Auguste.
— Il m'a simplement montré ses souvenirs de voyage, avoua-t-il doucement. Et comme je m'endormais, il m'a proposé son lit en me promettant de me réveiller avant minuit. Sauf qu'il s'est endormi aussi et nous avons tous les deux loupé l'heure...
VOUS LISEZ
La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomantizmIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...