🌻Épilogue

63 12 1
                                    

SOLEN

Ils atteignirent la ville à la frontière en fin de matinée, et Solen fut un peu surpris de constater que rien n'avait changé depuis sa dernière visite. Ce qui était certain, en revanche, c'est que plus rien ne serait pareil une fois qu'ils auraient traversé la ville, la frontière et Rivecœur. Ils apportaient le changement, bon ou mauvais, et ils étaient un peu impatients de le déployer.

Comme la dernière fois, près de six ans plus tôt, des soldats barraient le passage et posaient leurs sempiternelles questions. Caprice du hasard ou ironie du destin, Solen reconnut le soldat bien avant qu'il ne les arrête.

— C'est à lui que j'ai eu affaire, murmura-t-il à Cédric.

— Celui qui t'a insulté et te menaçait de provoquer une guerre entre Houdancœur et Rivecœur ?

Solen acquiesça alors que Cédric fronçait les sourcils, l'expression orageuse. Mine de rien, Solen avait été assez secoué par l'attitude du soldat, son mépris et ses insultes surtout, et il savait que le capitaine Ogast en avait également été profondément affecté.

— Il ne sait pas ce qui l'attend, gronda férocement Cédric. Oh non, il n'est pas au bout de ses peines...

Son air vindicatif était de retour alors qu'il se penchait vers son frère pour lui murmurer quelques mots, et le visage de Caspian prit la même expression, renforçant plus encore leur ressemblance.

— C'est un peu effrayant de vous voir fomenter ensemble quelque mauvais coup, commenta Maxime en haussant un sourcil. Qu'allez-vous donc faire ?

— Venger Solen, répliqua aussitôt Cédric. Et provoquer le chaos. Cette situation n'a que trop duré.

Maxime parut un peu effrayé par cette perspective, parce qu'il avait bien conscience du potentiel ravageur des jumeaux maintenant qu'ils s'étaient retrouvés. Solen en aurait presque eu pitié du soldat, s'il n'avait été aussi odieux.

Vint alors leur tour, et l'homme s'approcha d'eux en fronçant les sourcils, reconnaissant visiblement Solen. Celui-ci se contenta de lui adresser un sourire froid et indifférent, comme s'il se fichait complètement de l'avoir ou non déjà rencontré.

— Déclinez votre identité, ordonna sèchement le soldat. Ainsi que vos raisons de franchir la frontière.

— Maxime d'Armancœur et Solen d'Houdancœur, déclara Caspian avec une fausse amabilité. Ainsi que Cédric et Caspian de Rivecœur.

— Nous venons nous emparer du trône et prendre possession de ce royaume, renchérit Cédric avec un large sourire. Vous feriez mieux de dégager le chemin.

L'expression de stupeur effarée sur le visage patibulaire du soldat était très agréable à voir, et avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit, Caspian donna la charge et ils franchirent au galop le poste de garde, semant le désordre sur leur passage. En se retournant, Solen vit l'expression choquée du soldat et se sentit bêtement réconforté, alors que Caspian et Cédric éclataient d'un même rire presque sauvage.

— Gus ne me pardonnera jamais d'avoir vécu une aventure pareille sans lui, marmonna Maxime. Envahir un royaume... même lui n'a jamais fait ça.

— Puisque l'on m'accuse de tous les crimes du monde, autant faire honneur à ma réputation ! s'exclama joyeusement Caspian. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de s'emparer d'un trône, n'est-ce pas ?

Leur minuscule bande de quatre princes brigands s'élança donc gaiement à l'assaut de Rivecœur et si Solen s'inquiéta brièvement qu'on les poursuive, l'accueil chaleureux et plein d'espoir que reçurent Caspian et Cédric à la première ville le rassurèrent grandement. Rivecœur espérait le retour de ses princes depuis si longtemps qu'ils furent acclamés comme de véritables héros, augurant du meilleur.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant