👑56. Le Comte de Frêne-Aux-Lys

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AUGUSTE

Trois jours après l'arrivée de Cen et Caspian au palais, Auguste sortait de sa chambre au petit matin lorsqu'il manqua percuter Maxime, Caspian et Simon, remontant le couloir en courant.

— Il est terriblement tôt pour que vous soyez déjà réveillés à ce point, fit remarquer Auguste. Pourquoi cette hâte ?

— Nous avons trouvé ! s'écria Maxime. Enfin, c'est Simon qui a trouvé, mais ça y est !

— Cela n'a pas été sans mal, renchérit Caspian. Nous y avons passé une partie de la nuit !

— Ah, ce n'est donc pas tant que vous êtes réveillés si tôt, mais plutôt que vous n'avez pas dormi du tout.

La veille, ils s'étaient tous penchés sur la très abondante correspondance de leur mère avec les Frêne-Aux-Lys, à la recherche de toute mention du prénom de Cen. Ce dernier avait toutefois été le premier à abandonner pour aller se coucher, après avoir vaillamment tenté de rester éveillé malgré son épuisement, et Auguste l'avait raccompagné jusqu'à sa chambre pour s'assurer qu'il ne s'effondre pas en chemin. Il n'était en revanche pas du tout surpris d'apprendre que les autres avaient continué à chercher, surtout en connaissant l'opiniâtreté de Maxime.

— Nous avons ici tout un paquet de lettres évoquant le tout jeune fils des Frêne-Aux-Lys, reprit Maxime. Nous étions partis pour l'annoncer à Cen, sauf que tu es sur le chemin. Alors si tu veux bien décaler ton royal postérieur, nous pourrons aller trouver Cen pour lui rendre enfin son identité.

Loin de se vexer, habitué aux remarques de son frère et trop heureux d'avoir enfin la réponse qu'ils attendaient tous, Auguste fit demi-tour pour franchir les quelques mètres les séparant de la chambre de Cen. Étant donné l'heure, il s'attendait un peu à le trouver encore au lit, surtout compte tenu de son profond épuisement, cependant Cen était bien réveillé lorsqu'ils frappèrent à la porte, et les invita à entrer. Loin d'être au fond du lit, il était déjà habillé et assis auprès de la fenêtre, occupé avec un travail de broderie. Les premiers rayons du soleil jouaient dans le blond cendreux de ses cheveux, donnant l'impression qu'il était couronné de lumière, et Auguste sentit son cœur se serrer d'affection et d'émerveillement, d'autant plus avec le sourire lumineux que Cen lui adressa.

— Tu devrais être encore en train de dormir, le gronda gentiment Caspian. Je sais que les mauvaises habitudes ont la vie dure, mais tu es un comte désormais. Tu vas pouvoir apprendre à savourer ce luxe merveilleux que l'on nomme «grasse-matinée» !

— Qu'est-ce que c'est ? plaisanta Cen. Une spécialité culinaire que l'on ne mange qu'au petit déjeuner ?

À cet instant, Auguste comprit deux choses très importantes. Premièrement, si Cen conservait l'habitude de se lever si tôt, ce serait formidable pour voyager de concert. Et deuxièmement, avec un tel sens de l'humour, vivre à ses côtés promettait d'être une expérience formidable. Sur cela, Cen replia son ouvrage, qu'Auguste reconnut comme sa veste d'équitation réparée le soir du bal.

— Comment avez-vous réussi à mettre la main dessus ? s'étonna-t-il.

— Oh, je l'ai demandée à votre valet, répliqua Cen avec un léger haussement d'épaules. La reprise que j'ai faite l'autre soir avec un cheveu est peut-être invisible, mais elle n'aurait pas forcément bien tenu dans le temps. Mon matériel de couture m'ayant été rapporté, j'ai pu m'occuper de faire réellement disparaître cette balafre avec quelques points de broderie supplémentaire. D'ici ce soir, elle sera comme neuve.

Il fallut beaucoup d'effort à Auguste pour ne pas mettre un genou en terre sur le champ et lui demander immédiatement sa main en mariage, émerveillé de voir qu'il possédait toutes les qualités dont il rêvait chez un homme.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant