Il y avait tant à préparer pour la grande fête d'anniversaire que les jours défilèrent sans qu'ils les voient passer. Tant et si bien que Solen fut un peu surpris de se réveiller un matin pour découvrir dans la cour du palais le convoi de son oncle et sa tante d'Ernemont.
— Qu'est-ce qu'il y a ? marmonna Cédric depuis le lit où il dormait encore à moitié.
— Les délégations des Royaumes Montagneux viennent d'arriver ! Habille-toi vite !
Impatient de retrouver cette partie de la famille qu'il n'avait pas vu depuis près de deux ans, il courut dans sa garde-robe pour enfiler ses vêtements en toute hâte, bientôt rejoint par Cédric dont la joue était barrée d'un pli d'oreiller. Avec un rire tendrement amusé, son amoureux lui vola un baiser avant de passer la main dans ses cheveux pour le peigner.
— Tes boucles sont tout ébouriffées, on dirait qu'un moineau a fait son nid sur ta tête.
— Nous n'avons pas tous la chance d'avoir de longs cheveux de feu qui se coiffent d'un rien, maugréa Solen en agitant la tête dans l'espoir de discipliner ses boucles.
Cédric se contenta de rire en nouant sa cravate avec une dextérité admirable et Solen ne chercha pas à dissimuler son sourire alors qu'il achevait de boutonner sa chemise. Son compagnon l'aida à accrocher sa propre cravate, avec un baiser sur le bout du nez en prime, puis ils purent sortir de leurs appartements pour descendre accueillir les nouveaux venus.
— Je suis un peu intimidé, confia Cédric alors qu'ils descendaient le grand escalier. Entre ton cousin Stratège et Savinien de Bergemont...
— Stratège te connaît déjà, le tranquillisa Solen. Tu as rédigé toutes les lettres que je lui ai envoyées et lu toutes celles qu'il m'a écrites, tu sais donc qu'il te connaît, qu'il est aussi impatient de te rencontrer que tu l'es, et qu'il n'y a rien à craindre de ce côté-là. Quant à Savinien... je ne le connais pas très bien, mais je suis sûr que vous allez vous entendre comme larrons en foire.
De toute manière, il ne doutait pas du talent de son compagnon à se faire apprécier de chaque personne qu'il rencontrait, parce qu'il savait toujours quoi dire, avait la répartie parfaite, et en plus de ça il était désormais aussi charmant que son esprit. Non, à vrai dire, la seule crainte de Solen était que la présence de tous ces invités ne les sépare l'un de l'autre parce qu'ils seraient tous les deux accaparés par de nouvelles personnes. Toutefois, il avait confiance en leur amour et savait que Cédric ne l'oublierait pas si facilement.
Côte à côte, ils sortirent dans la cour où se trouvaient déjà ses parents, auprès du roi Violent et de la reine Patiente descendant de leur carrosse. Le reste du convoi était en train de mettre pied à terre et les palefreniers se précipitaient pour s'occuper des chevaux en même temps que les laquais accourant pour décharger les bagages. Solen sourit de voir son père serrer son oncle et sa tante dans ses bras et il oublia son rang pour courir les rejoindre, entraînant Cédric à sa suite.
— Solen ! s'écria Patiente en le voyant. Ça alors, je jurerai que tu es plus beau chaque fois que je te vois ! Viens là !
Aussi chaleureuse que toujours, elle ouvrit grand les bras et il se jeta à son cou, ravi de la revoir. À ses côtés, son oncle se mit à rire et poussa gentiment sa femme pour pouvoir le saluer.
— Laisse donc ce pauvre garçon respirer !
Les joues douloureuses à force de sourire, Solen enlaça son oncle à son tour, avec l'impression d'être soudainement beaucoup plus jeune. Puis il recula d'un pas avant de se tourner pour présenter Cédric.
— Mon Oncle, ma Tante, je suis heureux de vous présenter mon ami le plus cher, Cédric de Rivecœur !
Fier et amusé, il les vit saluer Cédric avec chaleur, et puis il ne vit plus rien du tout parce qu'un bras solide venait de passer autour de sa taille, une grande main recouvrant ses yeux. Il aurait pu paniquer si cela n'avait pas été le même jeu avec son cousin depuis des années.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...