La Fée Marraine (tomes 1 & 2)

🌻14 - L'idée de Solen

SOLEN

Les mains de Cédric étaient partout sur sa peau nue, chaudes et caressantes, alors que ses lèvres égrenaient les baisers comme autant de sourires, le faisant frissonner de la tête aux pieds. Haletant, Solen se cambra à sa rencontre en s'accrochant à ses épaules, la voix enrouée de plaisir à force de gémir son nom. Il y était presque, il allait...

Il se réveilla en sursaut, le souffle court et la peau moite de sueur, hébété de se retrouver seul dans son lit, tout empêtré dans ses draps. Son sexe était si raide qu'il avait mouillé l'étoffe de sa chemise de nuit, et il se sentait fébrile, sur le point de sombrer. Incapable de s'en empêcher, l'esprit encore plein de son rêve, il se débattit avec ses draps et sa chemise pour achever à la main ce que son imagination avait commencé. Cruellement conscient de la présence de Cédric dans la chambre voisine, il enfouit son visage dans son oreiller pour étouffer ses cris, son nom sur ses lèvres.

— Formidable... murmura-t-il en reprenant ses esprits.

Troublé, tant par son rêve que par son désir, il s'essuya maladroitement avec ses draps froissés avant de se lever pour aller faire sa toilette. Cela faisait un mois qu'ils étaient revenus de la campagne, et chaque jour les rapprochait davantage l'un de l'autre. Le marché qu'ils avaient passé là-bas avait eu pour conséquence d'approfondir leur amitié, et de la rendre encore plus tactile et complice. À force de masser la jambe douloureuse ou le dos de Cédric, Solen s'était familiarisé avec son corps et la sensation de la peau chaude sous ses paumes, mais surtout ils avaient pris l'habitude de se toucher de plus en plus souvent.

Ce n'étaient que des gestes anodins, ils se prenaient parfois par la main, ou bien s'appuyaient sur l'épaule de l'autre, ils se frôlaient de temps en temps et marchaient souvent bras dessus bras dessous. Mais surtout, Solen n'hésitait plus à enlacer Cédric lorsqu'il n'avait pas le moral, à poser sa tête sur son épaule ou à l'attirer contre lui lorsqu'ils s'installaient côte à côte pour discuter ou travailler. Les premières fois, Cédric avait eu l'air tellement surpris, d'une manière qui lui avait brisé le cœur en comprenant que personne ne l'avait jamais touché, mais désormais il initiait lui aussi les contacts, pour le plus grand bonheur de Solen. Ou peut-être son plus grand malheur, s'il en croyait le rêve troublant dont il venait de se réveiller.

À vrai dire, songeait-il en se lavant, ce n'était pas exactement surprenant non plus, compte-tenu de leur affection grandissante. Solen prenait très à cœur cette histoire de fiançailles, et il était parfaitement conscient de ses sentiments. Il aimait Cédric, avec la ferveur d'un premier amour et la complicité d'une profonde amitié, avec la curiosité de la jeunesse et l'espoir de l'avenir. Toutefois, en dépit des paroles de leur marraine et de la promesse qu'ils s'étaient faite, il n'était pas certain de pouvoir compter sur un amour réciproque. Un jour peut-être, mais probablement pas si vite, parce que Cédric était bien plus réfléchi que lui et n'était certainement pas du genre à sombre cœur par-dessus tête pour un écervelé candide tel que lui.

Mais même si Cédric ne l'aimait pas de la même manière que lui, Solen ne doutait absolument pas de son affection. Et c'était l'une des raisons pour lesquelles il commençait à vraiment angoisser, parce que son anniversaire était dans moins d'une semaine et qu'il n'avait toujours aucune idée de cadeau à lui offrir. Ou plutôt, il avait une idée, mais ne savait pas comment la réaliser. Bien sûr, il aurait pu demander de l'aide à ses parents, mais non seulement il était certain qu'ils avaient prévu leurs propres cadeaux, mais en plus il voulait vraiment offrir à Cédric quelque chose venant de lui-même, sans tricher.

Voilà pourquoi, sitôt habillé et le petit déjeuner pris en essayant de ne pas rougir chaque fois qu'il croisait le regard de Cédric et se rappelait son rêve, il fila droit à la bibliothèque. Comme il n'avait jamais été capable de comprendre le système de classement et de retrouver un livre même avec des indications, il se rendit directement auprès de la bibliothécaire en chef.