L'impact des nouvelles apportées par Auguste se ressentait sur le moral de Cédric, et Solen ne savait pas quoi faire pour lui changer les idées, au moins le temps du mariage de Stratège et Innocent. Bien sûr, Cédric faisait bonne figure quand ils étaient en public, ne voulant pas gâcher l'ambiance, mais Solen le connaissait désormais suffisamment pour lire la tension qui ne quittait jamais vraiment son regard. Bien sûr, ils en avaient longuement parlé, le soir dans leur lit, et Solen lui avait promis tout son soutien autant que son aide, toutefois il était évident que cela ne suffisait pas. Il fallait autre chose, quelque chose d'assez énorme pour occuper toute la place dans son esprit et reléguer Rivecœur au second plan.
Alors ce soir-là, pendant le grand bal donné en l'honneur des jeunes mariés, il s'assura de garder l'attention de Cédric rivée sur lui. Il avait apporté un soin tout particulier à sa tenue, mais surtout il ne cessait jamais de lui sourire, de le toucher ou de l'embrasser à chaque occasion, sur les lèvres, la joue, le front, le bout du nez, l'épaule, leurs mains liées... Son but n'était pas tant de le séduire que de l'entourer de sa tendresse et de lui rappeler en permanence son amour, pour lui assurer qu'il n'était pas seul face à ses soucis. C'est donc avec son sourire le plus séduisant qu'il s'inclina devant lui en tendant la main, pour l'inviter sur la piste.
— Votre Éminente Altesse, me ferez-vous l'honneur d'une danse ?
Cédric ne se fit pas prier, et Solen l'entraîna avec lui parmi les couples de danseurs, bien décidé à lui faire tourner la tête. Il se montra plus assuré que d'ordinaire dans sa manière de mener la danse, plus charmeur aussi, le regard rivé au sien. Certes, Cédric était désormais vraiment plus grand que lui, toutefois il se laissait mener avec une complaisance charmante, suppliant sans un mot de se laisser séduire. Alors Solen fut son obligé, l'enlaçant un peu plus étroitement que nécessaire, accentuant chacun des mouvements les rapprochant l'un de l'autre, dansant de manière presque prédatrice. Et Cédric ne le lâchait pas des yeux, les joues un peu rouges, le souffle un peu court, l'air magnifique et adorable.
— Je t'aime, murmura Solen entre deux danses. Je voudrais t'avoir toujours dans mes bras.
— Il faudrait la force d'une armée pour m'y arracher, répondit Cédric en pressant son front contre le sien. Encore une valse ?
Celle qui débutait était plus audacieuse, plus osée, avec des enchaînements complexes qu'ils avaient appris à maîtriser ensemble et qu'ils aimaient autant l'un que l'autre. Cette fois, Solen se laissa un peu emporter et exprima à la fois son amour et son désir dans sa manière de mener, se rapprochant chaque fois un tout petit peu plus, frôlant Cédric à chaque occasion, et le gardant en permanence concentré sur lui jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux à bout de souffle lorsque le morceau s'acheva sur une dernière pirouette.
Dans le mouvement, tout le corps de Cédric se retrouva pressé contre le sien et Solen ne put absolument pas manquer la raideur de l'érection qui appuya fermement contre la sienne. Un frisson de désir coupant le traversa, aggravé par la chaleur du souffle de Cédric sur son oreille alors qu'il lui murmurait quelques mots incandescents.
— Emmène-moi ailleurs, Solen. Je te veux en moi, maintenant. Avant que je ne m'embarrasse en mouillant ma culotte.
En cet instant, Solen se sentait lui-même très proche du point de non-retour et il s'obligea à reculer d'un pas, à s'arracher à l'étreinte de Cédric, pour venir à la place glisser sa main dans la sienne pour l'entraîner hors de la piste de danse.
La grande salle de bal comprenait presque davantage de portes vitrées donnant sur les terrasses ou des balcons, que de murs. Il fut aisé de franchir l'une de ces portes, pour se retrouver dans une pièce beaucoup plus petite et sombre, où étaient entreposées toutes les chaises supplémentaires et une grande partie des surplus du décor de l'orangerie juste à côté, où ils avaient dîné avant le lancement du bal. Solen eut à peine le temps d'observer les lieux que déjà Cédric était contre lui, les bras accrochés à son cou, l'embrassant à perdre haleine.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...