CÉDRIC
Les grands-parents de Solen étaient à l'image du reste de sa famille : chaleureux et généreux. En entrant dans leur appartement pour les trouver étalés par terre à rire comme des gamins, la duchesse avait souri avec affection, avant de leur dire que son mari revenait tout juste de son conseil hebdomadaire avec les horticulteurs du village, et qu'il était impatient de les saluer. Elle s'était également réjouie de voir que Cédric allait mieux, avec une sollicitude toute maternelle, tout en assurant qu'elle tenait son médecin personnel à sa disposition si nécessaire.
À présent, ils se trouvaient tous les quatre installés pour le dîner sur la terrasse sud du château, à profiter des derniers rayons du soleil radieux de l'après-midi. Grâce aux soins de Solen et à la bonne compagnie, Cédric avait complètement oublié l'inconfort de sa jambe et se réjouissait de pouvoir ensuite profiter d'une bonne nuit de sommeil suivie de quelques jours de vacances.
— Quels sont vos projets ? demanda justement le duc alors que le dessert était apporté. Combien de temps avons-nous la chance de vous compter parmi nous ?
— Solen a parlé d'une semaine ou deux, répondit-il. Nous avons confié nos tâches et obligations à des suppléants pour quelques temps, donc nous n'avons pas particulièrement de date fixée pour notre retour.
— J'aimerais lui faire découvrir les environs, compléta Solen. Puisque Cédric est maintenant un habitant du royaume, il est juste qu'il apprenne à le connaître ! Et puis ce sera agréable de pouvoir profiter des beaux jours et de la campagne sans avoir sans cesse des gens pour nous dévisager et persifler.
Plein d'enthousiasme, il énuméra toutes les activités qu'il avait en tête, aussi diverses que variées, et Cédric sourit d'entendre ce programme délicieusement vacancier.
— Je vais veiller à ce que les palefreniers se tiennent prêts à vous préparer le cabriolet, assura la duchesse. Et si vous m'acceptez à vos côtés, ce sera avec plaisir que je vous accompagnerai pour une petite balade.
Épaulée par son mari, elle entreprit de dresser la liste des lieux que Cédric devait absolument voir ou découvrir, et le prince exilé sourit d'entendre leur amour pour leurs terres. La première fois qu'il avait rencontré les grands-parents de Solen, il avait appris qu'ils avaient abdiqué quelques années avant la naissance de leur petit-fils, confiant le royaume à leur fille et son époux pour profiter d'une retraite bien méritée. Ils se consacraient depuis à l'entretien du duché de Quesnoy-Brazicœur et aux plaisirs simples d'une vie à la campagne, loin du poids du pouvoir.
— Nous n'aurons sûrement pas le temps de faire tout cela ! s'exclama Solen en riant. Mais nous ne serons pas sans revenir, cet été ou bien à l'automne, quand tout le paysage se pare de rouge et de feu ! Je suis sûr que tu vas adorer voir ça, Cédric !
— Il faudra absolument que vous goûtiez l'hydromel de mûres que nous fabriquons ! ajouta le duc Édouard. Solen en garde d'excellents souvenirs, n'est-ce pas mon garçon ? Même si ton père ne nous a probablement toujours pas pardonné cette histoire...
Pour le plus grand plaisir de Cédric, il eut droit au récit haut en couleur de la première fois que Solen avait goûté ce fameux hydromel, et de la très longue sieste qu'il avait faite ensuite, assommé par l'alcool. Son père en avait été fâché, et avait reproché à ses beaux-parents d'avoir laissé son fils d'à peine douze ans goûter quelque chose d'aussi fort, mais puisque Solen n'avait pas été malade, l'évènement était simplement devenu une anecdote familiale, ressortie régulièrement. Bien sûr, Cédric ne put que répliquer à cela en partageant l'histoire du jour où Caspian et lui s'étaient faufilés dans la cave du château pour chaparder un peu de cidre, curieux d'y goûter, et s'étaient trompés de fût. Ils avaient à la place emporté une pleine chopine d'eau-de-vie, et s'étaient fait gronder par la cuisinière alors qu'ils chantaient à tue-tête dans la basse-cour, bras dessus bras dessous comme des ivrognes.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomantizmIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...