🤕07. Promesse princière

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CÉDRIC

Cédric s'effondra plus qu'il n'entra dans le nymphée, évitant la chute au dernier moment grâce au bras tendu d'une statue à laquelle il se raccrocha de justesse. Sa jambe lui faisait un mal de chien, presque autant que son cœur, et il savait que s'il se laissait tomber, il ne parviendrait jamais à se relever. Alors à la place, il s'adossa au mur couvert de coquillages et il leva la tête vers le plafond pour laisser échapper le cri qui lui démangeait la gorge. C'était plus un hurlement de possédé qu'un véritable cri, mais il ne pouvait pas le retenir plus longtemps. Il hurla sa rage face à l'injustice de leur situation, son désespoir de ne pas savoir où était son frère, sa frustration causée par la folie de leur mère, et son impuissance à y faire quoi que ce soir. Il hurla encore et encore, jusqu'à en avoir la voix rauque et la gorge douloureuse, jusqu'à avoir les yeux brûlants de larmes.

Alors seulement, il s'effondra, et comme par magie Solen fut à nouveau à ses côtés pour le soutenir. Cédric n'avait aucune idée d'à quel moment il l'avait rejoint, mais le prince d'Houdancœur ne fit pas le moindre commentaire et l'aida simplement à s'asseoir sur le banc, avec des gestes doux et chaleureux. Et au lieu de s'éloigner, il s'assit à ses côtés, sans le lâcher, présence amicale infiniment réconfortante.

— Voulez-vous m'en parler ? demanda-t-il enfin, tout doucement. Je ne promets pas de tout comprendre, mais je sais écouter.

Avec un lourd soupir, Cédric s'autorisa à s'appuyer un peu contre son épaule et à fermer les yeux un instant pour s'imprégner de son soutien avant de murmurer quelques mots.

— Eh bien... j'ai perdu quelqu'un.

— Et vous ne l'avez pas retrouvé ?

Sa candeur pleine de sollicitude tira un pâle sourire à Cédric, parce que l'inquiétude de Solen était sincère, bien qu'un peu naïve.

— Non, hélas...

— Oh. Pardonnez-moi, je n'avais pas compris. Quelqu'un est mort, c'est ça ? J'oublie toujours qu'on dit perdre une personne quand elle... euh... décède.

— Ce n'est rien, vous n'aviez pas tort de toute façon. Mon père est effectivement mort il y a deux ans, mais... j'ai également perdu mon frère jumeau, Caspian, en cela que je ne sais pas où il est.

Sa voix vacilla à nouveau, dangereusement proche du sanglot, et Solen le prit complètement au dépourvu en osant un geste que Cédric n'avait que très peu expérimenté : il enroula son bras autour de ses épaules et l'attira vers lui pour un câlin.

— Oh Cédric... je suis tellement désolé pour toi... Est-ce que tu veux me raconter ?

Sans s'offusquer du tutoiement soudain, bouleversé par la chaleur de l'étreinte dans laquelle il était blotti, Cédric posa son front contre l'épaule de Solen et commença à parler. Il lui fit le récit des deux dernières années, avec la maladie de son père, le chagrin et le deuil, puis la folie dans laquelle avait sombré sa mère et les derniers jours insensés qu'il avait passés au château royal de Rivecœur avant d'être exilé. Le visage enfoui dans son étreinte, il lui raconta tout sans rien laisser sous silence, désireux d'avoir au moins une personne qui sache tout de sa situation. Et Solen ne s'éloigna jamais, ne fit aucun commentaire, il se contenta de le garder dans ses bras en lui frottant le dos, avec une chaleur que Cédric expérimentait pour la toute première fois.

— Papa et Maman ne laisseront jamais personne t'emmener de force, finit par chuchoter Solen. Tu es vraiment en sécurité ici, Rivecœur ne peut plus t'atteindre. Et si jamais ton frère vient chercher refuge auprès de toi, nous t'aiderons à le cacher, c'est promis.

— Tu ne devrais pas faire de telles promesses, renifla Cédric sans s'écarter. Impliquer ton royaume dans les problèmes du mien, cela pourrait avoir des conséquences.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant