🫏17. Mystère, mystère

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CASPIAN

Alors que Cen venait à peine de s'éloigner, Caspian vit venir à lui un homme vêtu comme le point du jour, là où la nuit hésite encore à laisser paraître l'aurore. Quelque chose dans sa manière de se tenir, ou peut-être dans son regard, suffit à Caspian pour reconnaître le prince Maxime et il ne chercha pas à retenir son sourire, curieux de voir comment ce dernier allait le saluer.

— Votre Altesse, dit-il le premier en se redressant et en inclinant la tête.

— Pardonnez-moi cette approche éculée, sourit Maxime en lui rendant son salut, mais ne nous sommes-nous pas déjà rencontré quelque part ? Votre visage me paraît familier...

Caspian n'en doutait pas, parce que son portrait avait circulé dans toutes les cours avoisinantes et même dans les diverses gazettes royales, avant qu'il ne s'enfuie dix ans plus tôt. Il se souvenait que Maxime avait une excellente mémoire, et s'étonnait plutôt de ne pas avoir été reconnu, mais c'était mieux ainsi. La dernière chose qu'il voulait, c'était que sa mère le retrouve.

— J'ai bien peur que non, mentit-il alors. Et c'est bien dommage, car je suis certain que cela aurait été un plaisir de vous rencontrer plus tôt.

Sans hésiter, il lui offrit son plus beau sourire, le cœur battant un peu vite de voir celui que Maxime lui rendit en retour. Ça aussi, ça lui avait terriblement manqué, ces petites conversations charmeuses lors des soirées royales, et il était heureux de pouvoir les savourer à nouveau.

— Nous ne pouvons que nous rattraper à partir de maintenant, répliqua Maxime avec un clin d'œil. J'ai cru comprendre que vous étiez un ami de Simon ?

— Qu'est-ce qui vous a mis la puce à l'oreille ? plaisanta-t-il. Sans doute pas l'absence de cérémonie avec laquelle Cen et moi nous sommes jetés dans ses bras, j'imagine ?

L'éclat de rire du prince lui mit le cœur à l'envers et il sourit, avec l'impression de retrouver de vieux habits confortables. Il se sentait à nouveau lui-même, un prince charmant avec de l'esprit, habitué aux joutes verbales avec son frère, et cela lui faisait un bien fou.

— J'allais dire une intuition princière, mais vous m'avez démasqué. Serait-ce terriblement présomptueux de ma part si je vous invitais à danser ?

— Vous me prenez de vitesse, rit Caspian. Avec grand plaisir.

Ils devaient toutefois attendre la fin de la valse et c'est avec joie que Caspian se laissa entraîner dans une conversation animée au sujet du bal. Quelque part au fond de son esprit subsistait la crainte de laisser apercevoir qu'il avait passé les dix dernières années à l'écart de la royauté, mais ils parlèrent surtout de la soirée en cours, des attentes d'Auguste, et de toute l'organisation à laquelle Simon avait participé pour épauler Justinien. C'était amusant et touchant d'entendre l'admiration et le respect dans la voix de Maxime lorsqu'il parlait de Simon, et Caspian fut bêtement fier et heureux de voir combien son ami avait été bien accueilli après sa fuite.

— Mais vous, reprit Maxime avec une curiosité rusée, si nous n'avions pas la chance de nous connaître auparavant, puis-je désormais espérer en apprendre davantage à votre sujet ?

— Vous connaissez déjà le principal, éluda-t-il. On m'appelle Ann, je suis l'ami de Simon, et participer à un bal m'avait terriblement manqué.

Il se doutait bien qu'un tel discours laissait planer plus de questions qu'il n'offrait de réponses, et que cela ne ferait qu'exciter la curiosité de Maxime, toutefois il ne voulait pas en dévoiler davantage.

— Vous êtes-vous rendu à un grand nombre de bals ? releva justement ce prince. Peut-être est-ce pour cela que j'ai l'impression de vous avoir déjà rencontré.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant