📜10. Le prince curieux

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MAXIME

Deux mois plus tard...

Toute la famille royale était en train de prendre le petit déjeuner lorsque la lettre d'Auguste arriva. Elle fut déposée devant l'assiette de la reine Catherine, avec le reste du courrier personnel, sans que personne n'y fasse attention. Maxime était plongé en pleine discussion avec Simon, lequel s'était si bien intégré à leur quotidien que c'était comme s'il avait toujours vécu auprès de Justinien. En dépit de son mutisme, il était étonnamment facile de communiquer avec lui, et Maxime appréciait beaucoup de pouvoir échanger avec lui, dans un mélange d'oral et d'écrit.

— C'est de Gus ! s'exclama soudain sa mère, le faisant sursauter.

Immédiatement, toutes les conversations cessèrent et les têtes se tournèrent vers elle pour entendre les nouvelles. Même Simon, qui n'avait jamais rencontré Auguste, semblait aussi impatient que les autres de savoir ce qu'il disait dans sa lettre. Et Maxime devait bien avouer que, après quasiment trois mois d'absence, son grand frère commençait à lui manquer.

—Il nous parle des beautés de la capitale impériale sous les dernières neiges, et indique qu'il prend le chemin du retour ! D'après ses estimations, il pense arriver d'ici deux semaines, vers la mi-mars !

Maxime ne tenta même pas de retenir un cri de joie et offrit un large sourire à Justinien qui avait frappé du poing sur la table en souriant.

— Enfin, il n'est pas trop tôt ! J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'il est parti !

Cela ne faisait que quelques semaines, mais sa présence chaleureuse et toujours joyeuse leur manquait à tous. Rien qu'à voir le sourire de leur père alors qu'il se penchait sur l'épaule de sa femme pour lire les mots de leur aîné suffit à faire rire Maxime. Derrière toute la façade brillante du protocole et du décorum royal, ils restaient une famille aimante et soudée, ravie de voir revenir son membre manquant. Surtout Auguste, leur rayon de soleil. Aucun d'entre eux ne doutait qu'il serait un excellent roi lorsque viendrait son heure, mais il était avant tout un merveilleux grand frère.

— Je me demande ce qu'il va nous rapporter cette fois ! s'exclama Justinien. Probablement de nouveaux livres pour Max...

— Et certainement des trucs brillants pour toi, rétorqua Maxime du tac-au-tac. Tu es un véritable dragon ! Je suis sûr que si je regarde sous ton lit, je vais y trouver un véritable trésor.

Il ne fut pas surpris de voir son frère rougir avant de marmonner une excuse inintelligible en se penchant sur son assiette, mais il s'amusa de voir les yeux de Simon briller d'un éclat de rire silencieux. C'était plaisant de le voir si à l'aise parmi eux, et plus encore de savoir qu'il veillait très sérieusement sur Justinien. Depuis son arrivée au palais, le jeune prince ne s'était plus jamais perdu, n'avait quasiment rien égaré, et n'était pas arrivé une seule fois en retard à une réunion. Simon était agréable à vivre, et il était merveilleusement efficace. Sans parler du sourire qu'il savait accrocher au visage de Justinien, comme s'il était capable de lui décrocher la lune et les étoiles. Et Maxime était pratiquement certain que Simon n'avait aucune idée de l'effet qu'il avait sur Justinien.

***

Le petit déjeuner s'acheva peu après, dans la bonne humeur apportée par les nouvelles d'Auguste. Chacun avait ses propres obligations qui l'attendaient, à commencer par Justinien dont c'était la journée hebdomadaire d'audience. Depuis déjà deux ans, il avait pris l'habitude de recevoir chaque semaine une dizaine de personnes, pour écouter leurs doléances et tenter d'y répondre au mieux. C'était une excellente initiative, qui avait fait de lui le petit prince adoré du peuple et qui lui permettait de s'exercer à devenir un bon souverain. Ses amis étaient pratiquement toujours à ses côtés, essayant de le conseiller en lui apportant un avis extérieur et un peu de recul, ce qui était bon pour tout le monde. Mais depuis que Simon était avec eux, leurs décisions étaient toujours soigneusement retranscrites sur papier, étayées et bien documentées. Maxime adorait le travail bien fait, et plus encore les documents facile à lire qu'il pouvait aisément parcourir et utiliser en ayant toute confiance sur le contenu. Il était donc plus que content de recevoir les rapports propres et nets de Simon. Lequel venait justement de se lever, en faisant signe à Justinien qu'il était l'heure. Toujours aussi poli, il s'inclina pour saluer les autres personnes présentes à table, et les deux partirent rejoindre les amis de Justinien.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant