👑19. Le cavalier de Gus

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AUGUSTE

Quand il avait suggéré à son frère de donner un bal pour s'y trouver un compagnon de voyage, Auguste n'avait eu que moyennement l'intention de danser. Il comptait surtout boire un peu et observer la soirée avec du recul avant de chercher à discuter avec toutes les personnes extérieures à la cour qu'il parviendrait à trouver. En vérité, la raison pour laquelle il avait demandé à inviter tous les jeunes gens de leur âge présents dans le royaume était liée aux mystérieux inconnus de Maxime, et cela avait parfaitement fonctionné.

Toutefois, Auguste ne s'était pas attendu à tomber sur l'un de ces deux princes anonymes au détour du buffet, et il avait adoré sa franchise presque autant que l'éclat de ses yeux gris, même s'il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter au sujet de la brève terreur qu'il y avait lue avant que l'inconnu ne s'incline profondément devant lui. Auguste était prêt à parier que cet homme n'avait pas la moindre idée de son identité, mais cela n'en rendait leurs échanges que plus naturels. À discuter gaiement avec lui, une flûte de champagne à la main, il avait été frappé par la manière dont le sourire de cet homme faisait étinceler le gris de ses yeux. D'un seul coup, il avait été pris d'une furieuse envie de l'entraîner sur la piste de danse pour montrer à toute la salle qu'il avait mis la main sur le second de ces deux mystérieux princes.

La valse était lente, parfaite pour un danseur inexpérimenté, mais son cavalier avait clairement sous-estimé son talent car il se débrouillait très bien, une fois qu'il ignorait les murmures s'élevant tout autour d'eux.

— Qui est-il ? demandait-on çà et là. Comme il est beau ! Son habit est magnifique ! Quel joli sourire ! D'où vient-il ? Je ne l'ai jamais vu ici... Et il a dansé avec cet autre inconnu... Ce sont peut-être des princes étrangers ?

Auguste entendait vaguement tout cela, sans y prêter la moindre attention. Il se fichait bien des ragots de la cour, tout ce qui importait en cet instant était le sourire éblouissant de son cavalier. Jamais personne ne l'avait regardé de la sorte, avec un émerveillement presque enfantin, comme si Auguste venait de lui dévoiler tous les secrets de l'univers. En plus de ça, l'homme prenait exactement la bonne place au creux de ses bras, suivant ses mouvements avec une confiance étourdissante et d'adorables grimaces minuscules lorsqu'il se trompait dans les pas.

— Vous vous en sortez merveilleusement bien, promit Auguste.

Il ne voulait pas que son cavalier se rende compte qu'ils n'étaient plus que tous les deux à danser, et que toute l'assemblée les regardait. Lui ça ne l'avait jamais dérangé d'être au centre de l'attention, et encore heureux après tout, parce qu'un jour il serait roi, mais il avait peur que son cavalier ne s'en effraie et se renferme sur lui-même.

Heureusement, à la danse suivante ils furent rejoints par Maxime et l'autre mystérieux prince, ainsi que Justinien et Simon. Quelque part dans un coin de son esprit, Auguste songea que tout le monde devait les avoir reconnus désormais, et que le royaume tout entier bruisserait demain de rumeurs au sujet des inconnus que l'on voyait danser avec les trois princes d'Armancœur. Et puis il songea que le petit malin de chef d'orchestre savait ce qu'il faisait en entonnant la Valse de l'Amour, dont les mouvements étaient déjà bien plus audacieux que ceux de la valse précédente. Perdu dans les yeux gris de son cavalier, Auguste s'absorba dans l'enchaînement des pas, complètement séduit de le voir suivre ses mouvements avec grâce. Il commençait à être excité et son cœur battait la chamade alors qu'il se permettait de prendre son cavalier par la taille pour une pirouette plus audacieuse, provoquant une nouvelle vague d'exclamations dans la foule.

Et puis la valse s'acheva, laissant place à une vague d'applaudissements alors que les musiciens prenaient leur première pause de la soirée. Auguste vit sans peine le moment où les yeux gris quittèrent les siens, et où son cavalier remarqua enfin tous les regards braqués sur eux. Une brève expression de frayeur passa sur son visage et Auguste fut charmé de le voir se rapprocher de lui, en quête de soutien. Sans hésiter, il passa un bras protecteur autour de sa taille, prêt à défier tous les invités du regard et à affirmer que cet homme était sous sa protection.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant