MAXIME
Dans la salle à manger, Maxime avait écouté Justinien et Simon expliquer depuis quand ils étaient ensemble, amoureux et amants, et les raisons pour lesquelles Simon parlait le moins possible. C'était un piètre réconfort de savoir que les Brûlart d'Androué étaient morts, parce que Maxime aurait voulu pouvoir les juger et les condamner au même titre que l'ex-comtesse de Frêne-Aux-Lys et le métayer de la Ferme de l'Orée. Avec ça, ils tinrent environ une heure avant de céder à l'envie de rejoindre Auguste et la reine au chevet de Cen, afin de s'assurer que lui aussi était désormais sain et sauf, en sécurité.
— Tu ne nous accompagnes pas ? s'étonna Maxime en voyant que leur père restait dans la salle à manger.
— Je pense que votre ami a déjà bien assez de monde autour de lui, les chambres de ce palais, pour grandes qu'elles soient, ne sont pas non plus immenses. Catherine me donnera de ses nouvelles tantôt et j'irai lui rendre visite plus tard, à moins qu'il ne soit suffisamment guéri pour se lever. Gageons qu'il aura besoin de se dégourdir les jambes après une journée au lit.
— Nous te donnerons de ses nouvelles, assura Justinien.
Avec un vague sourire, Maxime songea que leur père était décidément la personne la plus attentionnée de leur famille, et qu'il était heureux qu'au moins Justinien ait hérité ça de lui. Pour sa part, il tenait plutôt de leur mère, avec sa franchise toute militaire, ce qui n'était pas toujours une bonne chose.
À ses côtés, Caspian marchait suffisamment près pour que leurs épaules se frôlent, et Maxime céda à son envie de prendre sa main dans la sienne. Le sourire qu'il reçut en réponse était très doux, avec une pointe de reconnaissance, et il serra gentiment leurs doigts pour assurer à Caspian que désormais ils étaient bien plus nombreux à s'inquiéter de leur sort et de la convalescence de Cen.
Lequel semblait aller beaucoup mieux, si l'on en croyait l'éclat de rire provenant de sa chambre. Devant eux, Simon se retourna pour échanger un sourire éperdu de soulagement avec Caspian, tandis que Justinien les annonçait d'un léger coup sur la porte. Ce fut la médecienne qui leur ouvrit et elle leur sourit en les laissant passer avant de quitter la chambre, probablement appelée par son devoir. Sur le lit, Cen était assis entre les bras d'Auguste, adossé à son torse, et riait chaleureusement avec la reine, une tranche de brioche à la main.
Lorsqu'il les vit, un immense sourire illumina tout son visage, faisant presque oublier l'affreux hématome sur son front et sa lèvre encore fendue. D'expérience, Maxime savait que le front de Cen allait progressivement virer au jaune avant que le bleu ne disparaisse, mais avec la balafre marquant la joue d'Auguste ils ressemblaient tous les deux à des brigands bien assortis.
— Comment te sens-tu ? interrogea Caspian.
— Beaucoup mieux ! La médecienne a dit que je pouvais me lever, si je promettais de ne pas trop m'agiter. Et Gus m'a proposé de visiter le palais pour me dégourdir un peu les jambes. Je rêve seulement de pouvoir me laver et me changer d'abord.
— Est-ce que tu as besoin d'aide pour ça ?
Il fallut une seconde à Maxime pour comprendre que l'offre de Caspian était uniquement motivée par l'inquiétude, sans la moindre trace d'invitation dans sa voix. Et Cen secoua doucement la tête, un sourire plus doux aux lèvres.
— Je devrais m'en sortir tout seul, la fièvre est tombée et je me sens beaucoup plus lucide. Laissez-moi juste terminer cette délicieuse brioche que Gus a eu la gentillesse de m'apporter.
— J'en ai également pris pour vous, ajouta ce dernier. Parce que je sais que mes deux frères sont des ventres sur pattes.
— Tu peux parler ! répliqua machinalement Maxime en chapardant un biscuit sur le plateau.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...