La Fée Marraine (tomes 1 & 2)

🌻[BONUS] Le retour de la Fée des Lilas

SOLEN

Le lendemain du bal, ils étaient tous aussi épuisés qu'après leur nuit sur les matelas dans l'aile des invités. Solen ne désirait rien d'autre que de rester au fond du lit, de préférence enroulé autour de Cédric, et dormir jusqu'à la fin de la semaine. Il avait mal partout après être resté debout pendant des heures dans des souliers à talons, à danser sans s'arrêter, et il n'était pas sûr d'avoir assez d'énergie pour aller plus loin que la salle de bain. À ses côtés, son amoureux dormait encore, la bouche ouverte et la joue barrée d'un pli laissé par l'oreiller. Amusé, Solen s'étira, bâilla et se serait rendormi si leur marraine n'était pas apparue dans le rayon de soleil se faufilant entre les rideaux.

— Bon réveil, s'amusa-t-elle. Et joyeux anniversaire !

— Je n'ai pas la moindre idée de l'heure, avoua-t-il sans honte. Nous nous sommes couchés bien après le lever du soleil...

Gentiment, il passa une main dans les cheveux de Cédric pour le réveiller, souriant de le voir marmonner et s'agiter un peu avant d'ouvrir les yeux.

— Notre marraine est là, indiqua Solen. Es-tu en capacité de parler ?

— Trop de mots, marmonna Cédric.

Il avait l'air tout chiffonné et Solen l'embrassa sur la joue en l'aidant à se redresser. Ils étaient tous les deux froissés de sommeil et encore en chemise de nuit, mais il était prêt à parier que la Fée des Lilas avait vu bien pire au cours de sa vie.

— Je suis venue offrir un présent à Solen, expliqua-t-elle avec un sourire gentiment amusé. Mais j'apporte également des nouvelles de Caspian.

Cela eut le mérite de réveiller Cédric et il s'assit bien plus droit, les yeux un peu écarquillés. D'un geste gracieux de sa baguette, leur marraine fit apparaître sur ses genoux une boîte en bois toute simple, de celles que les pâtissiers utilisaient pour empaqueter leurs gâteaux et éviter qu'ils ne s'écrasent. Toutefois, elle avait été entièrement peinte de motifs végétaux, la rendant magnifique. En voyant trembler les mains de son amoureux, Solen oublia complètement sa marraine et cette histoire de cadeau, préférant passer un bras autour des épaules de Cédric pour le soutenir alors qu'il ouvrait le cadeau de son frère.

À l'intérieur de la boîte se trouvait une épaisse enveloppe de papier un peu grossier, ainsi qu'une galette rivecourtoise soigneusement enveloppée d'un torchon et une adorable petite pochette en brocard bleu nuit, brodée d'étoiles. Fébrilement, Cédric décacheta la lettre et Solen se pencha par-dessus son épaule pour lire les mots de Caspian, premières vraies nouvelles qu'ils avaient depuis près de deux ans.

— Il écrit qu'il va bien ! s'exclama Cédric d'une voix étranglée par les larmes. Il me dit qu'il ne veut pas s'attarder sur les difficultés qu'il a rencontrées mais préfère évoquer le meilleur. Il me parle des amis qu'il s'est faits, Cen et Simon, j'ai l'impression qu'il les aime bien plus que les amis qu'il avait à Rivecœur.

D'après les mots de Caspian, il devait surtout énormément à Cen, autre filleul de leur marraine, qui l'avait pris sous son aile et veillait sur lui avec une bienveillance que le frère de Cédric louait. Solen admirait la façon dont Caspian se concentrait sur le positif, avec une forme de fatalisme optimiste au sujet de sa situation, parce qu'il était évident qu'il était bien moins loti que Cédric. À voir le papier grossier de sa lettre et la facture commune de la boîte, Solen était prêt à parier que Caspian ne vivait plus dans le luxe d'un palais, mais qu'il se dissimulait plutôt quelque part à la campagne, parmi des gens avec peu de moyens.

— J'ai toute confiance en Cen pour l'aider et le protéger, indiqua la Fée des Lilas. Il est né exactement entre vous, c'était d'ailleurs son anniversaire hier. Sa situation n'est pas idéale, mais il est courageux et bienveillant, personne ne pourra atteindre Caspian à ses côtés. Et je ne connais pas encore leur troisième ami, mais je n'en ai entendu que du bien. Ils se serrent les coudes et ils ressortiront plus forts de ces difficultés.