CASPIAN
Une semaine exactement après l'envoi de la lettre pour Houdancœur, un messager rapide arriva au palais pour prévenir Caspian de l'arrivée prochaine de son frère. Il se présenta assez tard dans la soirée, alors qu'ils étaient tous en train de dîner, et Caspian fut reconnaissant qu'on lui permette de lire le message sans tarder. Voir l'écriture de son frère sur le papier lui mit le cœur à l'envers et il se leva brusquement, la gorge nouée.
— C'est Cédric ! s'exclama-t-il. Il écrit que... que... qu'ils font étape à quelques lieues d'ici. Ils seront là demain matin ! Oh par le Ciel !
Il se sentait pris de vertige, et il serait peut-être même tombé si Cen ne s'était pas levé pour le retenir fermement et l'aider à se rasseoir. Dans un état second, il regarda fixement son assiette sans la voir, le cœur battant si fort que c'en était douloureux, à peine conscient de ses amis qui lui frictionnaient le dos.
— Respire, lui recommanda doucement Cen. Respire, et bois un peu.
Caspian voulut obtempérer, mais sa main tremblait tellement qu'il était incapable de tenir son verre, et il lui fallut l'aide de Simon pour réussir à boire. La première gorgée d'eau fraîche le sortit de son état de stupeur et il put prendre une profonde inspiration en essayant de calmer l'affolement de son cœur.
— Je... pardonnez-moi, balbutia-t-il.
— Il n'y a rien à pardonner, assura doucement le roi. Il est normal que les retrouvailles proches avec votre frère vous bouleversent. J'imagine que lui-même doit être également assez nerveux, toutefois je suis certain que toute cette appréhension disparaîtra à l'instant où vous vous retrouverez.
Ces paroles pleines de sagesses apaisèrent un peu Caspian, du moins suffisamment pour qu'il puisse essayer de manger un peu et de penser à autre chose. Cependant, le reste du repas fut très flou pour lui et il était incapable de dire ce qu'il avait mangé. En dépit des louables efforts de ses amis autant que de la famille royale, il n'arrivait plus à penser à autre chose qu'à ses retrouvailles imminentes avec Cédric, et il en avait les oreilles qui bourdonnaient.
Heureusement, Maxime ne le laissa pas retourner seul à sa chambre, sans quoi Caspian était certain qu'il aurait réussi à s'égarer dans les couloirs. Depuis son arrivée au palais, Caspian n'avait pas passé une seule nuit dans la chambre que Justinien et Simon lui avaient préparée, parce qu'il avait dormi avec Cen les deux premiers soirs, et dans le lit de Maxime les autres nuits. Cette fois ne fit pas exception et il ne s'étonna pas de se retrouver dans la chambre de son amant, puisque de toute manière il commença aussitôt à faire les cent pas, avant même que la porte ne soit refermée. Nerveusement, il tirait sur ses nattes sinjahlaises, essayant vainement d'apaiser l'affolement de son cœur. Il aurait pu continuer jusqu'au matin si Maxime ne l'avait pas arrêté en venant poser les mains sur sa taille pour l'immobiliser et croiser son regard.
— Comment puis-je t'aider ? murmura son prince. Cela me brise le cœur de te voir ainsi. Est-ce que tu veux que je demande à Cen et à Simon de te rejoindre ?
Le fait qu'il garde toujours à l'esprit combien leur amitié lui était importante touchait chaque fois Caspian en plein cœur, lui rappelant que Maxime tenait sincèrement à lui. Doucement, il pencha la tête pour venir la poser contre son épaule, y puisant la force dont il avait besoin.
— Non. Cen a besoin de calme et de tranquillité d'esprit, pas de supporter mon angoisse et subir ma nervosité. Quant à Simon, c'est une véritable éponge à émotion, il se retrouvera vite encore plus agité que moi et cela n'aidera absolument pas.
— Alors dis-moi ce que je peux faire, mon cœur.
Un court instant, Caspian resta immobile à seulement respirer son odeur, mêlée au parfum de lessive de sa chemise, avant de relever la tête pour retrouver son regard, empli de sollicitude et de tendresse.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...