JUSTINIEN
La matinée touchait à sa fin lorsque Justinien émergea de son profond sommeil. Un coup d'œil par la fenêtre lui permit de constater qu'ils avaient vraiment eu de la chance de rentrer au palais au lieu de passer la nuit dehors, parce qu'il y avait bien dix nouveaux centimètres de neige depuis la veille. Soulagé de se trouver au chaud, le prince s'étira en bâillant, avant de se mettre en quête de quelqu'un à même de lui donner des nouvelles de ses amis et de son guide.
Il n'eut pas besoin d'aller bien loin pour trouver ce quelqu'un, en la personne de son deuxième grand frère. D'après sa main levée, il s'apprêtait à toquer à la porte, et Justinien était heureux qu'il ait suspendu son geste en le voyant ouvrir, sinon il se serait pris un poing dans le visage.
— Tu es enfin debout ! s'exclama Maxime en le voyant. Je commençais à m'inquiéter, et les parents plus encore.
— Je suis désolé, nous sommes rentrés horriblement tard parce que je me suis égaré — sans grande surprise. Je viens seulement de me réveiller.
— Oui, je sais, la sergente Egmont a signalé votre retour cette nuit et Marcillac est déjà levée, tout comme les frères Loncastel. Ils m'ont dit que vous aviez eu la chance de tomber sur un voyageur qui vous avait ramenés au palais.
En reculant, Justinien le laissa rentrer dans la chambre et entreprit de se préparer à prendre une douche tout en racontant les évènements de la veille à son frère. À un peu plus de vingt-cinq ans, il savait depuis longtemps que le sens de l'orientation faisait partie des qualités dont il n'avait jamais été doté, et c'était loin d'être la première fois que sa famille s'inquiétait pour lui.
— Tu as intérêt à remercier cet homme comme il se doit, remarqua Maxime à la fin de ses explications. Il vous a très certainement sauvé la vie.
— J'en ai bien conscience, grimaça Justinien. D'ailleurs, est-ce que tu sais où il a été logé pour la nuit ? Pour être honnête, la soirée d'hier est si floue que je ne me serais même pas étonné de le trouver dans mon lit au réveil.
— Je m'attends à ce genre de choses de la part de Gus, mais pas vraiment de toi, rit Maxime. Garde ça en tête pour plus tard, ton providentiel voyageur inconnu se trouve dans la chambre des jonquilles au bout du couloir et, aux dernières nouvelles, il dort encore. On dirait bien que tu as ramassé une marmotte.
Tout en lui tirant la langue, Justinien se glissa enfin sous l'eau chaude de sa douche et soupira de bonheur. Appuyé d'une épaule contre la porte, son frère se contenta de hausser un sourcil légèrement moqueur tout en partageant les dernières informations dont il disposait.
— J'ai demandé à ce qu'on le réveille à temps pour le déjeuner, tout comme je m'apprêtais à le faire pour toi. J'imagine que ce pauvre bougre doit être affamé, autant l'inviter à partager notre table. Ne t'inquiète pas de risquer l'intimider, les parents ne mangeront pas avec nous, ils ont un repas d'affaire avec la ministre du commerce et des riches négociants du sud.
Comme toujours, Maxime avait deviné exactement ce qui le tracassait et Justinien se détendit, rassuré de savoir qu'il n'aurait pas à imposer au voyageur de déjeuner en compagnie du roi et de la reine en plus de deux des princes. Au moins, Auguste n'était pas au palais, et loin d'avoir terminé son voyage d'anniversaire.
— Je vais aller le voir, décida-t-il en achevant de se laver. S'il était aussi épuisé que nous hier soir, je ne sais pas s'il a réellement conscience de l'endroit où il se trouve. Cela le rassurera sans doute de voir un visage à peu près familier à son réveil.
— Tu vois que tu peux être malin, quand tu veux ! Habille-toi d'abord, par contre. Vous nous retrouvez dans la salle à manger dès que vous êtes prêts ?
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomansaIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...