📜42. La Ferme de l'Orée

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MAXIME

La matinée était bien avancée lorsque Maxime et Auguste contournèrent Bétournet à cheval, essayant d'éviter d'avoir à croiser trop de monde. L'annonce qu'ils avaient confiée aux crieurs publics semblait avoir fait son effet, surtout avec tous les journaux qui s'en donnaient à cœur joie, et ils étaient certains de se faire intercepter s'ils traversaient la ville. En plus de ça, Auguste était censé se trouver au palais, à rencontrer toutes les personnes venant essayer la pantoufle de verre oubliée par Cen. La raison pour laquelle il n'y était pas était qu'il avait tenu à accompagner Maxime pour aller rencontrer Peau d'Âne et vérifier toutes leurs hypothèses. Après réflexion, ils avaient confié à Justinien et Simon la tâche d'accueillir les personnes qui se présenteraient pour essayer la chaussure de Cen, et ils étaient partis du palais avant l'arrivée des premiers.

— Tiens, écoute un peu ça ! s'exclama Auguste dans un froissement de papier. «Le prince Maxime a déclaré sa flamme au mystérieux Prince de la Lune, tout savoir sur cette romance princière !». Ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère !

Chevauchant à ses côtés, Maxime secoua la tête avec un sourire tandis que son frère s'amusait à lui lire l'article de la Gazette de Bétournet. Quand ils avaient quitté le palais, Auguste avait insisté pour emporter les journaux avec lui et, puisqu'il était de loin le meilleur cavalier d'eux deux, il les lisait depuis tout à l'heure en commentant joyeusement les hypothèses et les théories parfois très farfelues des journalistes.

— Je trouve que cela parle beaucoup de moi depuis tout à l'heure, remarqua Maxime. Même si j'ai embrassé Ann sur la piste de danse, je suis certain que tes propres frasques ne sont pas passées inaperçues... Lis-moi donc quelque chose à ton sujet pour changer !

Avec un rire dans la voix, Auguste replia la gazette pour ouvrir L'Écho d'Armancœur et se lancer dans la lecture de ses articles en rajoutant des effets de style tout à fait hilarants. Il ne paraissait pas embarrassé de lire à voix haute qu'on le soupçonnait d'avoir partagé quelques heures de passion avec Cen, et Maxime s'amusa de l'entendre en rajouter.

— Oh, il y a même une gravure te représentant avec Ann ! s'exclama Auguste en tournant la page. Que vous êtes mignons tous les deux ! J'espère que tu vas la découper pour l'afficher dans ta chambre !

— Pourquoi se contenter d'une gravure quand je peux avoir le vrai modèle ? répliqua Maxime en refusant de rougir. Je compte bien ramener Ann avec moi au château aujourd'hui et j'ai bon espoir d'avoir à nouveau l'occasion de l'embrasser.

— Eh bien moi je vais conserver les trois aquarelles publiées par Les Nouvelles Royales, parce qu'elles résument plutôt bien ma soirée.

Interpellé par son ton plus doux, Maxime tourna la tête pour regarder la page que son frère lui montrait. On l'y voyait danser avec Cen, leurs sourires évidents sous leurs masques, puis le moment où Cen s'était enfui, poursuivi par Auguste aussi débraillé qu'un brigand, et enfin leur dernier baiser sur les marches du palais.

— On dirait les illustrations d'un roman à sensation, s'amusa-t-il. Je vais demander à Papa qu'il fasse venir un peintre pour en faire un triptyque que nous afficherons dans la galerie des portraits ou dans la grande salle, qu'est-ce que tu en penses ? Comme ça, dans dix ans, quand tu auras épousé Cen et que vous serez montés sur le trône, nous en rirons tous ensemble.

— Je n'ose imaginer les explications que nous devrons donner à nos enfants, rit Auguste. «Oui, c'est le bal où j'ai poursuivi votre père comme un brigand, mais il m'a quand même épousé, je ne comprendrai jamais comment j'ai pu être aussi chanceux...»

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant