La Fée Marraine (tomes 1 & 2)

🌻40. Un dernier duel...

SOLEN

Dix-huit mois s'écoulèrent, plus paisibles que les précédents. L'annonce officielle de leurs fiançailles avait mis un certain frein aux demandes en mariage, bien que quelques téméraires tentent encore leur chance de temps à autre. De la sottise de Solen ou de la laideur de Cédric ne subsistaient que de vagues souvenirs, et ils étaient désormais connus dans le royaume comme les princes héritiers et futurs souverains.

Solen s'épanouissait complètement, tranquille dans la certitude d'avoir tout ce dont il aurait pu rêver, et la seule ombre au tableau restait l'absence totale d'informations au sujet de Rivecœur, et les trop rares visites de la Fée des Lilas apportant quelques nouvelles de Caspian. Il était évident que Cédric ressentait cruellement le manque de son frère, et seules les lettres de celui-ci assurant qu'il allait bien l'empêchaient de remuer Ciel et Terre pour le retrouver. Toutefois, Solen espérait sincèrement que la Fée des Lilas avait un plan pour régler toute cette situation, parce que le temps s'écoulait sans que rien ne semble évoluer et cela commençait à faire long.

À côté de ça, leurs amitiés avec les jeunes têtes couronnées des royaumes avoisinants n'avaient fait que se renforcer. L'hiver précédent, ils s'étaient tous les deux rendus en Ernemont pour rendre visite à Stratège et Innocent, avant de rentrer en passant par Bergemont, où Solen avait bien cru perdre Cédric au profit de l'un ou l'autre des théâtres de la capitale. Et aujourd'hui, ils venaient de recevoir une lettre en provenance du Klaeder.

— Erling nous convie au tout premier championnat impérial d'escrime ! s'exclama Solen après avoir parcouru l'invitation. Bien évidemment, Jens fait partie des concurrents.

Les deux princes étaient très actifs en ce qui concernait le bien-être des habitants du Klaeder tout entier, avec l'aide des souverains de Sieben, et Jens avait travaillé dur dans l'optique de faire reconnaître l'escrime comme l'un des talents de son royaume de naissance. L'empire Klaeder étant plutôt porté sur la mode et le textile, cela n'avait pas été une mince affaire, mais enfin, après plus de deux ans de travail acharné, le rêve de Jens et Erling prenait forme. Pour ce premier championnat, seul le peuple du Klaeder pouvait concourir, mais peu importait le rang ou la naissance. Et il n'était guère surprenant de compter Jens au nombre de ces concurrents, parce que l'escrime était sa première passion.

— Quand est-ce ? releva Cédric.

— Dans quatre mois, à la mi-juillet ! Erling propose que nous séjournions quelques temps à la cour impériale après le championnat pour passer du temps ensemble.

— Cela nous laisse largement le temps de nous organiser. J'ai hâte de découvrir le Klaeder !

Solen s'y était rendu une seule fois, trop longtemps auparavant pour en garder un véritable souvenir, et il partageait l'impatience de son amoureux. De fait, ils s'arrangèrent de sorte à pouvoir s'absenter deux mois d'Houdancœur, parce qu'il leur faudrait quinze jours de voyage pour atteindre la capitale impériale et qu'ils voulaient passer du temps avec leurs amis avant de devoir rentrer. Ils partirent donc le premier jour de juillet, sous un soleil éclatant, chevauchant tous les deux au-devant de leur escorte.

Il avait été convenu avec Neige qu'ils feraient halte à Machändel, capitale de Sieben, pour y attendre les trois princes d'Armancœur et faire le reste du chemin tous ensemble. La première semaine de trajet se déroula sans encombre, avec un beau temps agrémenté d'une plaisante brise légère maintenant la chaleur à l'écart. C'était pour eux l'occasion de passer du temps rien que tous les deux et de visiter le royaume sur lequel ils étaient appelés à régner. Solen se faisait un plaisir de montrer chaque curiosité à Cédric, heureux de pouvoir jouer les guides et de répondre à ses questions.