🫅49. La médecienne royale

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JUSTINIEN

Fort des conseils de Simon, Justinien n'avait pas chômé depuis le départ de ses frères. Il avait donné des ordres pour que deux chambres soient préparées à côté de celle de Simon, afin de recevoir Caspian et Cen lorsqu'ils arriveraient au palais. Car ce n'était plus qu'une question d'heures avant que les deux n'arrivent, que ce soit escortés par Auguste et Maxime ou bien parce que Justinien s'était promis d'aller les chercher lui-même si ses frères y échouaient.

Épaulé par son amant autant que par ses amis, le jeune prince courait à droite et à gauche pour s'assurer que tout soit prêt. Simon lui avait demandé de piocher dans ses joyaux pour fournir à ses amis un trousseau d'habits dignes de leur rang, et surtout une paire de chaussures pour Cen, promettant d'en faire une plaisanterie récurrente. Justinien avait donc fait en sorte que les chambres préparées soient entièrement meublées et fournies de tout ce qui pourrait s'avérer nécessaire, depuis les chemises de nuit jusqu'aux savons, afin que Cen et Caspian puissent se sentir chez eux.

Il était en train de disposer une sélection de romans d'aventure dans la chambre de Caspian lorsque Simon le rejoignit précipitamment. Nul besoin de mot, Justinien comprit à son expression que le cortège de ses frères venait de franchir la porte du palais, et il abandonna sa tâche pour quitter la chambre à la suite de son amant et descendre les escaliers quatre à quatre.

Ils sortirent en haut du grand escalier extérieur au moment où les premiers chevaux entraient au trot dans la cour, précédant le reste du bataillon. Justinien avait toujours été impressionné par la synchronisation de la garde, capable de chevaucher d'un même pas, et c'était encore plus saisissant alors que les deux rangées de cavaliers s'écartaient gracieusement pour dévoiler le carrosse avançant à leur suite. C'était la voiture merveilleuse de Caspian, tirée par six chevaux gris souris que ne menait aucun cocher. Elle s'arrêta au bas de l'escalier et Justinien ne prêta aucune attention à la foule murmurante qui se rassemblait dans la cour, déjà occupé à descendre les marches à toute vitesse, Simon à ses côtés.

En bas, la portière s'ouvrit sur Maxime, tendant galamment la main à Caspian pour l'aider à descendre. Le prince de Rivecœur était éblouissant dans un habit doré rayonnant de soleil, mais son sourire se fit encore plus lumineux lorsqu'il les vit. À peine eut-il le temps d'ouvrir les bras que déjà Simon s'était jeté à son cou, faisant fi des murmures et des exclamations résonant dans la cour. Envahi par une vague de soulagement ravi, Justinien exprima à voix haute ce que son amant ne pouvait dire.

— Vous voilà enfin ! s'exclama-t-il. Ann, Cen, soyez les bienvenus à la maison !

Toutefois, sa bonne humeur vacilla un peu lorsqu'il vit Auguste descendre en soutenant Cen dont le visage tuméfié était blafard et dont les mains tremblaient. Il semblait au bord de l'inconscience et serait tombé s'il n'avait pas été retenu par Auguste.

— Que lui est-il arrivé ? s'affola Justinien.

— Cela ne s'est pas très bien passé au manoir de Frêne-Aux-Lys, grimaça Maxime. Il a de la fièvre et lutte pour ne pas s'évanouir depuis tout à l'heure.

— Ça... ça va, bredouilla Cen d'une voix rauque. J'ai juste... besoin de m'allonger...

Il était évident qu'il avait besoin de bien plus que ça et Auguste se pencha sur lui en soulevant son bras pour le passer sur ses épaules.

— Accrochez-vous à moi, je vais vous porter.

D'un mouvement leste et puissant, il souleva Cen en glissant un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos, le maintenant fermement contre son torse. Immédiatement, Justinien se décala pour le laisser accéder à l'escalier, que les jambes tremblantes de Cen n'auraient jamais pu monter.

La Fée Marraine (tomes 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant