MAXIME
Maxime commençait à perdre patience lorsque le métayer arriva enfin avec la galette qu'il avait demandée. Elle trônait dans un plat richement décoré et Maxime plissa les yeux en dévisageant le métayer qui s'inclinait très bas.
— A-t-elle bien été réalisée par Peau d'Âne ? demanda-t-il sévèrement.
— Oui, Votre Altesse. Je suis allée la chercher tantôt dans sa cabane.
— Bien, laissez-la ici. Vous pouvez disposer.
Avec une nouvelle courbette servile, l'homme s'en fut alors que Maxime se penchait sur la belle galette dorée, encore tout chaude. À ses côtés, il entendit Auguste prendre une profonde inspiration de la bonne odeur sucrée et il sourit.
— Je suis sûr qu'elle est délicieuse. Tiens, voilà ta part.
Bon prince, il coupa équitablement la galette en deux avant de tendre une moitié à son frère. Celui-ci s'empressa d'en prendre une bouchée et gémit de bonheur.
— Oh bon chang, murmura-t-il la bouche pleine. Ch'est chi bon ! Heureujement que Jucht et Chimon chont rechtés au palais, il aurait fallu partager !
En riant doucement, Maxime mordit à son tour dans sa part, savourant la pâte croustillante, au bon goût de beurre frais et de miel. C'était effectivement délicieux et il rendit à Auguste son grand sourire.
— Si Ann cuisine aussi bien que ça, je vais devoir me battre avec toi, pas vrai ?
— Non, ne t'en fais pas pour ça, je te laisse ton prince charmant. En revanche, je suis d'accord pour qu'on le ramène au château céans.
Amusé et le cœur battant un peu plus vite maintenant qu'il touchait au but, Maxime prit une nouvelle bouchée de sa galette et manqua se briser une dent sur quelque chose de dur. Avec une grimace, il retira l'objet inattendu de sa bouche et s'étonna de découvrir un élégant anneau d'or, orné d'une lune en perle.
— Prince Caspian de Rivecœur... chuchota-t-il. Je viens vous chercher.
Il nettoya la bague avec un coin de sa serviette trempé dans son verre, puis la glissa dans sa poche avant de se lever, non sans reprendre une bouchée de sa galette.
— Viens Gus. Il est temps d'avoir nos réponses.
Sans lâcher sa part de gâteau, Auguste se leva aussi et lui emboîta le pas alors qu'il traversait la cour de la ferme à grands pas. Le temps que le métayer sorte les trouver, ils étaient déjà partis.
Même s'il n'était venu qu'une seule fois — et s'était égaré sur le chemin — Maxime parvint sans trop de peine à retrouver le chemin de la cabane de Peau d'Âne. La cahute était toujours aussi branlante et vétuste, et aucun éclat ne s'en échappait cette fois, mais de la fumée sortait d'une cheminée biscornue, et quelqu'un fredonnait à l'intérieur.
— Écoute, murmura-t-il à Auguste. Tu reconnais cette mélodie ?
— C'est la Valse de l'Amour, confirma son frère. Tu sais, celle sur laquelle tu as embrassé ton prince charmant l'autre soir...
Le cœur battant encore plus fort, Maxime acquiesça et leva une main tremblante pour frapper poliment à la porte. Le chanteur se tut et il y eut un brusque silence avant qu'un raffut affolé ne s'élève dans la cabane, dont la porte s'ouvrit d'un seul coup. Surpris, Maxime fit un pas en arrière et releva la tête pour découvrir l'étrange silhouette d'un homme affublé d'une peau d'âne comme d'un manteau.
— Que... que puis-je pour vous ? murmura celui-ci, trop bas pour être parfaitement audible.
— Êtes-vous le cuisinier responsable de cette délicieuse galette ? interrogea Maxime en tâchant de se reprendre.
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La Fée Marraine (tomes 1 & 2)
RomanceIl était une fois, entre les royaumes d'Armancœur, Rivecœur et Houdancœur, la Fée des Lilas que le hasard avait dotée de nombreux filleuls. À vouloir faire le bien, il arrive que des maladresses se produisent, et tous les dons ne sont pas toujours p...