Chapitre 2 - Conversations et complicité

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Mon réveil résonnait dans la chambre, vibrant dans le vide depuis plusieurs minutes. J'avais passé une nuit agitée, incapable de me sortir la nouvelle collègue de la tête. Pourquoi Elvire me troublait-elle à ce point ? Exaspérée, je finis par me redresser et sortir du lit, lourde de fatigue. Je me traînai jusqu'à la salle de bain pour une douche glacée, espérant que l'eau froide chasserait l'engourdissement.

J'enfilai mon uniforme, puis me regardai dans le miroir. Je me trouvais terne, fatiguée. J'essayai de me recoiffer, de me redonner un peu d'allure, mais rien n'y faisait. Soupirant, je renonçai et me rendis dans la cuisine, où je me servis un café que j'emportai sur le balcon. Là, j'allumai une cigarette, espérant que la fumée et la caféine m'apporteraient un peu de réconfort.

Au bout de quelques minutes, je décidai d'aller au travail à pied, espérant que marcher me permettrait de m'aérer l'esprit. En arrivant au dépôt, j'aperçus Asma au loin, en pleine conversation avec Madame Fournier, notre cheffe. Un sourire apparut en voyant la silhouette familière d'Asma, son éternel bonnet et son allure toujours aussi enjouée.

Asma me rejoignit rapidement, me saluant d'un baiser sur la joue.

« Eh bien, tu as l'air fatiguée ce matin, ma biche. T'as passé une mauvaise nuit ? »

Je détournai le regard, préférant éviter de parler d'Elvire.

« Oh, ça va... J'ai pas super bien dormi, c'est tout. »

Je repris aussitôt :

« Et toi ? Comment ça se passe avec ton opération séduction ? »

Asma éclata de rire, un éclat espiègle dans les yeux.

« Eh bien... disons que ça stagne un peu. Madame Fournier, c'est pas exactement le genre à tomber dans les bras de la première venue ! »

Elle fit un geste vers notre cheffe, une grande femme au charisme certain, avec son carré rouge vif impeccable.

Je secouai la tête, amusée.

« Tu sais, un jour, tu y arriveras peut-être. »

Asma haussa les épaules.

« Franchement, Liv, j'y crois plus vraiment. »

Elle soupira, l'air un peu pensif.

« Après tout, j'ai enchaîné les déceptions, et maintenant j'ai peur de m'engager pour de vrai. Peut-être que l'amour, c'est pas pour moi. »

Pour alléger l'ambiance, Asma changea de sujet avec un sourire moqueur.

« Bon, et toi, alors ? Quand est-ce que tu vas enfin me présenter ta copine ? »

Je laissai échapper un rire amusé.

« Ça risque d'être compliqué... Elle n'existe pas. »

Asma leva les yeux au ciel.

« Il va falloir que tu sortes plus ! Sérieusement, t'as besoin de rencontrer des gens. »

Je fis la moue. Sortir, ce n'était pas mon truc. Je le faisais pour Asma, parce que cela lui faisait plaisir, mais le bruit, la foule, et l'alcool me fatiguaient plus qu'autre chose.

« Tu sais bien que les soirées, c'est pas vraiment mon truc... »

Asma secoua la tête en riant.

« Peut-être, mais ça t'a quand même permis de rencontrer cette Julie, non ? »

Je souris faiblement. Julie était une fille que je voyais de temps en temps, mais rien de sérieux. Nous nous appréciions bien, mais sans sentiments profonds, et c'était bien ainsi.

Asma, toujours à la recherche d'une idée, ajouta :

« Écoute, il y a une soirée samedi. Ce sera l'occasion pour toi de rencontrer de belles filles ! »

Je la taquinai en retour, lançant d'un ton moqueur :

« Et pourquoi pas inviter Madame Fournier, hein ? Ce serait une parfaite 'opération séduction', non ? »

Asma éclata de rire, me tapant amicalement l'épaule.

« T'es pas sérieuse ! Mais qui sait, tu me donnes presque des idées. »

Notre complicité et nos échanges me rassurèrent, me permettant d'aborder la journée avec un peu plus de légèreté. Asma avait ce don de rendre les choses plus simples, plus légères, même quand je me sentais troublée sans raison apparente.

La journée s'était déroulée sans histoire, un mardi calme, exactement ce dont j'avais besoin après une nuit de sommeil perturbée. Mes trajets s'étaient enchaînés sans difficultés, et j'avais même eu l'occasion de croiser Elvire à plusieurs reprises. À chaque rencontre, nous nous échangions de grands signes amicaux à travers les vitres, ce qui, pour une raison que je n'arrivais pas à m'expliquer, réchauffait mon cœur. J'espérais sincèrement qu'Elvire avait réussi sa première journée seule sans problème.

La fin de service approchait. Je rentrai au dépôt pour garer le bus et terminer ma journée. J'aperçus alors Elvire, déjà installée dans sa voiture, prête à partir. Elle me remarqua, me fit un signe de la main et s'arrêta à ma hauteur pour échanger quelques mots.

« Alors, cette première journée en solo, comment ça s'est passé ? » demandai-je avec un sourire.

« Plutôt bien, et ça, c'est en grande partie grâce à toi, » répondit Elvire avec reconnaissance.

« Grâce au plan que tu m'as donné, je ne me suis pas perdue une seule fois ! »

Je souris, soulagée.

« Je suis vraiment contente que ça t'ait aidée. »

Elvire me remercia encore, un éclat sincère dans les yeux.

« Franchement, tu es adorable de m'avoir envoyé tout ça. »

Mes joues prirent une teinte rosée. Pour moi, c'était naturel de s'entraider entre collègues, mais l'appréciation dans les yeux d'Elvire me faisait quelque chose que je n'osais pas admettre. Nous continuions à discuter de notre journée, jusqu'à ce que, sans réfléchir, je posai la question qui me brûlait les lèvres :

« Est-ce que... tu serais partante pour aller prendre un verre ? »

Je me surpris moi-même en entendant mes propres mots, regrettant presque instantanément ma spontanéité. Je baissai le regard, un peu embarrassée.

Elvire me répondit gentiment, mais avec un sourire désolé.

« Oh, ça aurait été avec plaisir, mais je dois aller chercher ma fille. »

Un petit pincement me traversa, déçue malgré moi, même si je comprenais parfaitement la priorité d'Elvire.

« Une autre fois, peut-être, » répondis-je avec un sourire que je voulais détaché.

Nous échangeâmes un dernier sourire, un signe de la main, puis Elvire démarra doucement sa voiture. Je la regardai s'éloigner, encore un peu troublée par l'échange.

Je pris la route du retour, repensant à cette rencontre. Mes traits fatigués semblaient s'être allégés, comme si le fait de croiser Elvire avait effacé ma lassitude de la journée. Mais je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi j'avais eu envie de passer plus de temps avec elle.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant