La nouvelle collègue

Chapitre 97 - Sous le poids des non-dits

Pdv Olivia

La soirée était paisible, marquée par un calme que je n'avais pas ressenti depuis notre arrivée ici. Les tensions qui avaient flotté dans l'air s'étaient enfin dissipées. Marie et Isabelle semblaient s'être réconciliées, et cela se reflétait dans l'atmosphère légère qui régnait dans la maison. J'étais contente de voir qu'elles avaient pu se parler, d'autant plus que Marie avait même décidé de prolonger son séjour chez ses parents. Une bonne nouvelle, je me disais, pour elle, mais aussi pour Elvire. Ça devait la rassurer.

Je me retrouvais dans la cuisine avec Isabelle, l'aidant à préparer le dîner. Un simple gratin de pâtes, mais cela suffisait. Isabelle me souriait souvent, et je me sentais à ma place ici, de plus en plus. Même si je restais en retrait pendant le repas, j'écoutais attentivement les discussions animées qui circulaient autour de la table. Benicio, assis à ma gauche, peinait à garder les yeux ouverts.

Je le taquinais doucement en lui donnant un petit coup de coude.
 
« Tu vas t'endormir dans ton assiette si ça continue mon pote ! » 

Il esquissa un sourire fatigué, les paupières lourdes.

« Non je suis pas fatigué... » grogna-t-il, tout en étouffant un bâillement.

Après le repas, Isabelle annonça l'heure du coucher pour les enfants. Benicio monta à l'étage sans protester, trop épuisé par sa journée de jeux avec Paco pour contester. Elsa le suivit, toujours sur son téléphone. Pendant que tout le monde commençait à se détendre, Elvire et moi montâmes aussi pour nous changer et nous préparer pour la nuit.

Dans la salle de bain, le silence pesait doucement entre nous, uniquement troublé par le bruit des brosses à dents. Elvire semblait plus calme qu'à l'accoutumée, ses gestes étaient plus lents. Je la regardais du coin de l'œil, essayant de capter son humeur sans la brusquer. J'essuyai mes mains sur une serviette, puis me tournai vers elle, posant mes avant-bras sur le lavabo.

« Hé, tu vas bien ? » murmurai-je en la fixant dans le miroir.

Elle hocha la tête sans conviction, ses yeux baissés. Elle évitait mon regard, ce qui n'était pas habituel chez elle. D'habitude, même lorsqu'elle était pensive, elle aimait me regarder, comme si nos échanges silencieux suffisaient à apaiser ses doutes. Mais pas ce soir.

Je m'approchai doucement, glissant mes bras autour de sa taille, posant mon menton sur son épaule. Son corps se détendit un peu sous mon contact, mais son regard restait fixé sur son reflet, lointain.

« C'est juste que demain, on rentre. J'ai toujours l'impression de ne pas avoir assez profité... » soupira t'elle.

Je lui caressais les cheveux lentement, comme pour apaiser ses pensées. 

« Ça va aller, on reviendra, tu sais. Et puis... tu peux les appeler autant que tu veux. » lui soufflai-je à l'oreille.

Elle hocha la tête à nouveau, cette fois-ci avec un léger sourire, même si je sentais bien que l'idée de repartir la rendait triste.

Je déposai un baiser léger sur son épaule, sentant la chaleur de sa peau contre mes lèvres.

« Et si... on les invitait chez nous, tes parents ? Ça te remonterait peut-être un peu le moral de les voir dans un autre cadre, non ? »

Elvire me regarda, surprise, puis un sourire sincère se dessina sur son visage.

« C'est vrai que je n'y avais pas pensé... »

Elle s'appuya contre le lavabo, réfléchissant à la suggestion.

« Ça pourrait être une bonne idée, surtout maintenant qu'ils te connaissent bien. Ça sera moins stressant pour tout le monde cette fois. »