Chapitre 99 - Ombres et tendresse

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Pdv Olivia

Depuis notre pause sur l'aire de repos, je trouvais Elvire étrange. Elle semblait pensive, un peu ailleurs. Je la connaissais assez pour savoir que quelque chose la tracassait. Je me disais qu'Elsa avait dû lui dire quelque chose, peut-être un mot, un geste qui l'avait fait réfléchir.

Concentrée sur la route, je jettais un coup d'œil vers elle. Elle regardait par la fenêtre, perdue dans ses pensées, ses doigts jouant distraitement avec une mèche de ses cheveux. Quelque chose n'allait pas, et je n'aimais pas la voir ainsi, avec cette ombre dans ses yeux.

« Ça va, mon amour ? » demandais je  doucement, en tournant un peu la tête vers elle, espérant capter son regard.

Elle me sourit, mais c'était un sourire un peu triste, pas aussi lumineux et sincère que d'habitude.

« Oui, chérie, ne t'inquiète pas... Je suis juste fatiguée. »

J'hochais la tête, même si je sais que ce n'est pas toute la vérité. Ce sourire-là, ce n'était pas celui qu'elle avait quand tout va bien. Ça me faisais de la peine de la voir essayer de dissimuler ses soucis. Je voudrais tellement qu'elle se confie à moi, qu'elle me dise ce qui la préoccupe. Mais je ne voulais pas la brusquer, pas maintenant, pas avec les enfants juste derrière nous.

« D'accord. » je murmurais en posant brièvement ma main sur la sienne, pressant doucement ses doigts. Elle serra ma main en retour, mais le silence s'installa à nouveau.

Je sentis un petit pincement au cœur. Je me disais que ce soir, peut-être, elle se confierait à moi. On aura le temps, dans l'intimité de notre chambre, loin des regards. J'espérais qu'elle me ferait part de ce qui la travaillait. J'avais besoin de savoir, de la soutenir, comme elle l'a toujours fait pour moi.

Je reposais les deux mains sur le volant et me concentrais sur la route. Mais dans ma tête, c'est Elvire qui occupait toutes mes pensées.

Le reste de la route se passa sans encombre. Benicio et Elvire s'étaient endormis, bercés par le rythme régulier de la voiture, tandis qu'Elsa était absorbée par son téléphone. Moi, je conduisais en silence, sentant la fatigue commencer à me gagner à mesure que la ville approchait.

Finalement, Elvire se réveilla, ses yeux encore un peu embués de sommeil. Je ne pus m'empêcher de la taquiner doucement.

« Alors, bien reposée, mon amour ? »

Elle sourit, un peu gênée.

« Il faut croire que oui... » répondit-elle en étirant ses bras.

Puis, regardant l'heure sur le tableau de bord, elle proposa : « Et si on passait au drive prendre à manger ? J'ai pas trop envie de cuisiner. »

J'acquiesçai, trop fatiguée moi aussi pour refuser une bonne excuse de se faire plaisir sans effort. Nous prîmes donc la direction du fast-food, et une fois nos commandes en main, nous rentrâmes à la maison.

Le repas de fast-food était installé de façon décontractée sur la table de la cuisine, encore encombrée des sacs en papier brun et des boîtes en carton. L'odeur alléchante des burgers et des frites flottait dans l'air, une véritable récompense après la longue route que nous venions de faire. La maison était calme et apaisante, loin du tumulte de la semaine à Toulouse, et la bonne humeur était palpable, malgré la fatigue qui pesait légèrement sur chacun de nous.

« Maman, tu m'as pris quoi ? » demanda Benicio, les yeux brillants d'excitation en ouvrant son sac.

Il avait déjà enfilé son pyjama, mais son énergie semblait revenir au galop à la vue de son cheeseburger et de ses frites.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant