Chapitre 23 - Cycle incessant

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Je suis allongée sur le lit, le regard fixé sur le plafond sombre de la chambre. Il est 3h du matin et je suis incapable de dormir.

Le film des événements récents ne cesse de tourner dans mon esprit. Ça fait maintenant un mois que je suis les conseils d'Asma : vivre l'instant présent, ne pas trop se soucier de l'avenir.

Depuis un mois, on se voyait presque tous les jours soit après le travail, soit sur nos jour de repos respectifs. J'ai essayé de m'habituer à ces moments volés : les repas improvisés, les discussions profondes, et les séances à la salle de sport où on se défoulaient ensemble.

Mais ces moment finissaient toujours par déraper. Elvire, avec son charme magnétique, finissait toujours par me sauter dessus. Le désir semblait nous dévorer toutes les deux.

Au début, ça ne me dérangeait pas tant que ça. Passer du temps avec Elvire, même de manière brève, était un plaisir auquel je ne voulais pas renoncer. Mais plus le temps passait, plus la situation devenait intenable.

Chaque matin, je me réveillait seule, Elvire ayant quitté l'appartement le soir ou tôt le matin, souvent avec une excuse bidon : un rendez-vous matinal oublié, une obligation soudaine.

Puis, dans la journée, elle m'envoyait des messages, des petits cœurs, comme si tout était normal.

Pour essayer de me détendre et de calmer mes nerfs, je fumais plus que d'habitude.

J'allume une cigarette, espérant que la fumée pourrait apaiser la tension qui s'accumulait en moi. Mais même la nicotine ne parvenait pas à effacer le sentiment de frustration croissant.

Asma, toujours là pour moi, m'a conseillé d'avouer mes sentiments à Elvire. "Il vaut mieux se prendre un râteau que de continuer à souffrir en silence," avait-elle dit.

Mais je m'en sentait incapable. L'idée de dévoiler son cœur pour être potentiellement rejetée me terrifiais.

Plutôt que de faire face à la situation, j'optais pour une décision radicale : fuir. J'avais décidé d'arrêter de voir Elvire, de ne plus répondre à ses messages. Cela faisait maintenant une semaine que j'avais coupé tout contact. C'était une semaine de silence douloureux, marquée par l'absence d'Elvire et les multiples SMS qu'elle m'envoyait inquiets et perplexes.

Chaque message non lu d'Elvire me déchirais le cœur. Je détestais l'ignorer ainsi, mais je ne voyait pas d'autre solution. J'avais le moral au plus bas.

Pour essayer de penser à autre chose, j'ai rappelé Julie. Julie, toujours partante, n'avait pas hésité à revenir dans mes bras.

Ce soir, elle m'attendait même à la fin de mon service. Quand elle m'a vu, elle m'a sauté au cou, tout sourire. Mais à cet instant, Elvire entrait dans le dépôt avec son bus et je suis sure qu'elle nous a aperçu. Mon coeur se serra.

La soirée avec Julie n'était qu'un triste prétexte. Nous avons couché ensemble, mais je n'avais pas la tête à ça. Mon esprit était ailleurs, avec Elvire.

Je me sens mal d'agir comme ça avec Julie, qui ne demande rien d'autre que d'être là pour moi. Mais Julie n'est pas Elvire. Et c'est Elvire que je désire, celle avec qui je voulais être vraiment.

Je me lève du lit, écrase la cigarette dans le cendrier et m'assois sur le rebord, mes pensées tourbillonnant.

La nuit était longue, mais pas dans le sens que je l'espérais. À côté de moi, Julie s'étira, ses cheveux noirs en bataille retombant sur ses épaules.

Julie, fidèle à elle-même, ne remarque rien. Elle se contente de sourire, passant ses doigts dans ses cheveux pour tenter de dompter les mèches rebelles.

« Tu as été incroyable, comme toujours » dit-elle avec un clin d'œil.

« Mais on dirait que tu es ailleurs ce soir. Quelque chose te tracasse ? »

Je baisse les yeux, cherchant une échappatoire. Julie, avec sa légèreté habituelle, ne cherchait jamais à creuser profondément. Elle acceptait les choses en surface, sans poser trop de questions. C'était l'une des raisons pour lesquelles je l'appréciais, ça avait un côté réconfortant.

« Non, tout va bien juste un peu fatiguée, je crois. »

Julie haussa les épaules, se levant du lit sans insister.

« Pas de souci. On a tous nos jours avec et nos jours sans. Tu veux un café ? »

« Non, merci. Je vais rentrer. »dit je en mettant mon pantalon. Je me sentais oppressée, incapable de rester ici une minute de plus.

Julie me regarda avec un air surpris mais n'insista pas.

« D'accord, chaton. Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver. »

Elle se pencha pour déposer un baiser léger sur ma joue.

Je fini par me lever et finir de mettre mes vêtements, chaque geste me semblait lourd et difficile. Je remercia Julie d'une voix faible avant de quitter l'appartement. Dès que je fut dehors, j'allumais une énièmes cigarette pour m'occuper l'esprit.

Sur le chemin du retour, je sentais le poids de la solitude sur mes épaules. Chaque pas me rapprochait de mon appartement vide, où m'attendaient seulement mes pensées tourmentées et mes sentiments non résolus. La douleur de mon cœur brisé par Elvire me submergeait à nouveau.

Quand j'arrive enfin chez moi, je me laisse tomber sur le canapé. Les larmes que j'avais retenues toute la soirée commencèrent à couler silencieusement sur mes joues. Je pris mon téléphone et regarda les messages non lus d'Elvire, chacun d'eux un rappel cruel de ce que j'essayais d'oublier.

Je me sentait plus triste que jamais. Je savais que je ne pouvait pas continuer à masquer la douleur ou à chercher du réconfort ailleurs. Mais pour l'instant pleurer était tout ce que je pouvais faire.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant