Pdv Olivia
J'essuyais les gouttes de sueur sur mon front, concentrée sur mes mouvements. J'enchaînais les exercices avec intensité, le regard fixe, la mâchoire serrée, comme si chaque poids soulevé pouvait alléger le poids bien plus lourd qui pesait sur moi depuis l'agression d'Elvire.
Venir ici, à la salle de sport, était devenu mon refuge quotidien. Chaque jour, je poussais mes limites, espérant me libérer de cette rage qui bouillonnait en moi, de cette peur insidieuse qui me rongeait. Je m'astreignais à des séances de plus en plus intenses, comme si la douleur physique pouvait me faire oublier celle qui hantait mon esprit.
Alors que j'entamais une nouvelle série de développé couché, mes pensées s'égarèrent. Demain, Isabelle et Javier arriveraient chez nous. J'en était presque soulagée, même si je ne le disais pas à voix haute. Je savais combien cette visite comptait pour Elvire, combien ses parents apportaient de chaleur et de stabilité. Peut-être que leur présence permettrait à Elvire de souffler un peu... et à moi aussi.
Mais cette pensée douce et réconfortante fut vite remplacée par une angoisse qui s'immisçait sans prévenir. Je repensais aux derniers jours, à cette pointe de panique que je ressentais chaque fois qu'Elvire sortait seule. Je n'osais rien dire pour ne pas l'inquiéter davantage, mais je craignais constamment que ma mère ne réapparaisse, qu'elle ne revienne pour briser notre fragile équilibre.
Je terminais ma série, le souffle court, mais l'oppression dans ma poitrine ne faisait que grandir. Je me sentais à bout, prisonnière de cette vigilance constante qui me vidait de mon énergie. Je me surprenais à surveiller chaque expression d'Elvire, à lui demander sans cesse si elle allait bien, si elle était rentrée... Et pourtant, j'essayais de ne rien laisser paraître, de rester forte pour elle.
Je poussais un profond soupir, restant allongée un moment sur le banc, fixant le plafond de la salle de sport, perdue dans mes pensées. Je me demandais combien de temps je pourrais encore tenir, combien de temps je pourrais continuer à faire semblant d'aller bien alors que chaque fibre de mon être luttait pour ne pas céder sous la pression.
Je savais qu'Elvire avait besoin de moi, que je ne pouvais pas me permettre de craquer maintenant. Mais chaque jour devenait un peu plus difficile. Et pour la première fois, je me surprenais à espérer que la visite de mes beaux parents serait aussi une occasion pour moi de trouver un peu de répit, un moment pour relâcher cette armure que j'avais forgée autour de mon cœur.
Fermant les yeux, je tentais de reprendre mon souffle, de retrouver cette force tranquille qui faisait de moi le pilier d'Elvire. Mais au fond, je sentais la tempête grandir, inexorablement.
Je terminais enfin ma séance, le souffle court, les muscles endoloris mais mon esprit toujours aussi agité. Je me dirigeais vers les vestiaires, espérant que l'eau chaude m'apporterait un peu de répit. Je déposais mes affaires dans un casier, entrais sous la douche, et laissais l'eau couler sur moi, brûlante, comme pour apaiser cette tension qui me consumait.
Mais à peine mes épaules commencèrent-elles à se relâcher que les souvenirs revinrent. Les mots de ma mère, ses menaces glaçantes... Je sentais une rage sourde remonter, cette colère ancienne et profonde qui m'avait hantée depuis l'enfance. Je me mordais la lèvre, serrant les poings, comme pour lutter contre ce flot de pensées noires, jusqu'à ce qu'un goût métallique se mêle à l'eau qui coulait sur moi. Je m'étais mordue si fort que je m'étais blessée, et un léger filet de sang glissait le long de ma lèvre. Mais la douleur physique n'était rien en comparaison de celle qui dévorait mon esprit.
Je passais ma langue sur la coupure, comme pour se rappeler que j'étais là, bien présente, et que cette douleur, même si elle était minime, m'aidait à rester ancrée dans l'instant. Ce léger saignement me ramena à ma promesse : protéger Elvire coûte que coûte. Il était hors de question que ma mère puisse encore nous faire du mal, je ne pouvais plus rester passive. Je devais agir, et ce serait une confrontation définitive.
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La nouvelle collègue
RomanceOlivia, 24 ans, conductrice de bus, accueille une nouvelle collègue. Leur rencontre va la chambouler. Une amitié va se créer mais est-ce vraiment ce que souhaite Olivia ? La belle Elvire restera elle indifférente face à l'alchimie entre elles ?
