La nouvelle collègue

Chapitre 76 - Souvenir de ma vie d'avant

Pdv Elvire

Le lendemain matin, je me réveillai avec une certaine excitation. Après un petit déjeuner tranquille en compagnie de mes parents, j'ai proposé à Olivia de lui montrer quelques endroits de Toulouse qui comptaient beaucoup pour moi. C'était l'occasion de partager avec elle une autre partie de ma vie, celle que j'avais vécue avant de tout quitter pour démarrer une nouvelle existence ailleurs.

Nous avions décidé de prendre le bus pour nous rendre au centre-ville, et je savais déjà que ce serait une expérience amusante rien qu'en voyant le sourire d'Olivia s'agrandir à mesure que nous approchions de l'arrêt. Elle avait toujours eu cette passion, cette fascination presque enfantine pour les bus. Pour elle, ce n'était pas juste un travail, c'était bien plus, une véritable vocation.

Quand le bus est arrivé, je remarquais comment ses yeux brillaient en observant chaque détail. Elle était comme une enfant devant un cadeau de Noël. Elle prenait même le temps de vérifier le modèle du bus, d'observer les sièges, et de commenter la conduite du chauffeur.

Je n'ai pas pu m'empêcher de la taquiner.

« On dirait que tu es en train de préparer une inspection secrète, là. » lui ai-je dit en souriant.

Elle m'a jeté un regard faussement indigné avant de rire doucement.

« Ce n'est pas de ma faute si j'adore ça ! Et puis, il faut bien que je vérifie que tout est en ordre. »

« Même en vacances tu ne décroches jamais. » dis je en riant.

Elle haussa les épaules, riant à son tour. Je la regardais avec tendresse, amusée par son enthousiasme. Il y avait quelque chose de si rafraîchissant dans sa passion, si authentique. En voyant à quel point ces petites choses la rendaient heureuse, je ne pouvais que l'aimer encore plus.

Le trajet fut ponctué de ses commentaires sur la fluidité du freinage et la manière dont le bus abordait les virages. C'était tout Olivia, avec son regard passionné et attentif, même pour les choses les plus banales. Et moi, j'étais là, à ses côtés, savourant chaque instant, chaque échange, tout en la taquinant avec affection.

Une fois descendues du bus, Olivia semblait curieuse, ses yeux balayant les bâtiments, les rues pavées, comme si elle cherchait à comprendre ce qui m'avait tant attachée à cette ville. Toulouse avait ce charme indéniable, cette chaleur presque palpable, et j'avais hâte de voir ses réactions.

Nous passâmes d'abord par le parc où je passais mes après-midi après le lycée avec mes copines.

« C'est ici que je venais pour décompresser après les cours. » dis-je en lui montrant un banc au pied d'un grand platane.

« On s'asseyait là, et on parlait de tout et de rien. Souvent, on finissait par refaire le monde en rêvant de nos avenirs. »

Olivia sourit doucement.

« Je peux imaginer ça. Tu avais l'air d'être une ado pleine de vie. »

Nous continuâmes notre balade, nous dirigeant vers mon ancien lycée. Je lui montrai l'entrée principale, les salles de classe où j'avais passé des heures, les terrains de sport où j'avais couru des kilomètres. Les souvenirs affluaient, et je les partageais avec elle, heureuse de pouvoir revivre ces moments avec quelqu'un qui comptait tant pour moi.

« Tu étais quelle genre d'élève ? » me demanda t'elle.

« J'étais assez turbulente, je dois l'avouer. » dis je souriante.

« Mais j'avais de bons résultats. J'étais même dans les élèves populaires. » ajoutai je en me redressant fièrement.

Elle sembla un peu surprise, et je vis une lueur d'intérêt dans ses yeux.

« Ça ne m'étonne pas tant que ça. Tu as toujours cette aura qui attire les gens. »

« Et toi, comment étais-tu au lycée ? » lui demandai-je, curieuse de connaître son parcours.

Olivia baissa les yeux un instant, comme si elle hésitait à répondre.

« J'étais très timide. » finit-elle par dire.

« Assez solitaire aussi. Je n'avais pas vraiment d'amis, et mes résultats n'étaient pas terribles. Disons que l'école n'était pas un endroit où je me sentais bien. Je séchais souvent les cours et passait mes journées à la bibliothèque à lire des mangas. C'est pour ça que je n'ai pas fait d'études supérieures d'ailleurs. »

Je sentis un pincement au cœur en l'entendant parler ainsi. Imaginer Olivia seule, en retrait, me fit mal. Je serrai doucement sa main dans la mienne, cherchant à lui transmettre un peu de réconfort.

« Regarde où tu en es maintenant. Tout ce qui compte, c'est que tu as trouvé ta voie, et je suis tellement fière de toi. » dis je doucement.

Après avoir arpenté les rues de mon adolescence, nous avons marché jusqu'à un petit restaurant niché dans une rue pavée, discrète mais vivante.

« C'est ici que j'ai travaillé pour la première fois. » dis-je avec un sourire en désignant la devanture du restaurant, dont le nom n'avait pas changé malgré les années.

Olivia me regarda, surprise.

« Tu as été serveuse ? »

Je ris doucement en voyant son expression incrédule.

« Oui, à dix-huit ans. C'était un petit boulot que j'ai pris pour gagner un peu d'argent de poche. Je ne te l'avais jamais dit ? »

Elle secoua la tête, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.

« Non, et franchement, je ne t'imaginais pas du tout serveuse. Tu as dû être meilleure en service qu'en cuisine, je parie. »

Je lui donnai une petite tape sur l'épaule, riant de bon cœur.

« Peut-être bien ! » J'ajoutai d'un ton faussement dramatique : « Mais j'étais surtout très maladroite. J'ai renversé plus de verres et d'assiettes que je ne veux bien l'admettre. »

Olivia éclata de rire, l'image d'une Elvire adolescente, mal assurée en équilibre précaire avec des plateaux remplis de verres, semblant lui plaire. Je savourais ces moments où elle se détendait, où nous pouvions rire ensemble de ces souvenirs passés.

Ensuite je l'emmenai dans mon café préféré, un petit endroit cosy où je venais souvent après les cours et même plus tard dans ma vie d'adulte.

« Tu vas adorer cet endroit, » dis-je en souriant.

« C'est ici que j'ai passé des heures à discuter avec mes amis, à boire des chocolats chauds en hiver. »