La nouvelle collègue

Chapitre 111 - Attente insupportable

Pdv Elvire

Je soupirais en regardant l'horloge accrochée au mur. Cela faisait seulement deux heures que j'étais en formation, mais j'avais l'impression que la matinée s'étirait sans fin. La salle était petite, sans fenêtres, et l'air devenait de plus en plus lourd. Les explications monotones du formateur n'arrangeaient rien. Je griffonnais quelques notes sans grand intérêt, puis mon regard se perdit dans le vide.

Je n'avais qu'une envie : sortir, prendre l'air, fumer une cigarette, et boire un café bien serré. Mon esprit s'évadait loin de cette pièce étouffante. Je pensais à Olivia. À ce qu'elle devait être en train de faire. Une journée de travail normale pour elle, probablement, mais je ne pouvais m'empêcher de sourire en imaginant la femme que j'aimais. J'avais hâte de la retrouver, de rentrer chez moi, de me lover dans nos habitudes douces et réconfortantes.

Soudain, mon téléphone vibra dans la poche de ma veste, brisant le fil de mes pensées. Je fronçais les sourcils en voyant le numéro du lycée d'Elsa s'afficher sur l'écran. Ce n'était jamais bon signe quand l'école appelait en pleine journée. Je m'excusais discrètement auprès du formateur et me faufilais hors de la salle pour décrocher, une inquiétude grandissante se nouant dans mon ventre.

« Bonjour, c'est le lycée Victor Hugo. Je vous appelle concernant votre fille Elsa. Nous voulions vous informer qu'elle a quitté l'établissement après son premier cours de la matinée. »

Je sentis mon cœur rater un battement.

« Comment ça, elle est partie ? Elle n'a rien dit à personne ? »

« Non, elle n'a informé personne, et nous n'avons pas réussi à la joindre. C'est pour cela que nous vous contactons. »

Je balbutiais un merci, la gorge serrée, avant de raccrocher. L'inquiétude m'envahissait d'un coup. Où pouvait bien être Elsa ? Pourquoi était-elle partie en plein milieu de la matinée ? Ce n'était pas dans ses habitudes, elle était toujours si sérieuse avec ses études.

Je tapotais nerveusement un message à ma fille.

@elvire_schz : Elsa, où es-tu ? Le lycée m'a appelée, je m'inquiète. Rappelle-moi, s'il te plaît.

Je restais un instant dehors, espérant une réponse rapide, mais rien. Je jetais un coup d'œil à l'heure et soupirais. Il fallait que je retourne en formation, même si je n'avais plus l'esprit à ça. En retournant dans la salle, mon téléphone resta solidement dans ma main, l'écran allumé, à scruter sans cesse le moindre signe de réponse d'Elsa. Mais le silence de ma fille ne faisait qu'alourdir mon angoisse.

Après plusieurs minutes sans nouvelles, je décidais d'envoyer un message à Olivia. Peut-être qu'elle avait croisé Elsa ou qu'elle savait quelque chose.

@elvire_schz : Le lycée m'a appelée. Ils disent qu'Elsa est partie. Elle t'a contacté ? Je m'inquiète.

Le formateur continuait à parler, mais je n'entendais plus rien. Mes pensées étaient tournées uniquement vers Elsa.

Je poussais un soupir de soulagement lorsque le formateur annonça enfin une pause. C'était comme une bénédiction inattendue. J'avais besoin de sortir, de respirer. L'air de la salle semblait peser encore plus lourd sur mes épaules après ce coup de fil inquiétant. Je me levais rapidement, attrapais ma veste et me dirigeais vers le couloir. La première chose que je faisais était de me rendre au distributeur pour prendre un café noir. J'en avalais une gorgée brûlante, mais cela ne suffit pas à calmer mes nerfs. Je sortais dehors, allumais une cigarette, et regardais mon téléphone.

Olivia avait lu mon message, mais il n'y avait toujours aucune réponse. Peut-être qu'elle était occupée je pensais en moi même pour tenter de me rassurer. Pourtant, l'inquiétude ne cessait de grandir en moi. Qu'est-ce qui se passait ? Où était Elsa ? Je tirais nerveusement sur ma cigarette, puis en allumait une deuxième. Le silence de mon téléphone était insupportable.

Soudain, il vibra dans ma main, et je me précipitais pour lire la notification. C'était enfin un message d'Olivia.

@livyy : Elsa est avec moi, ne t'inquiètes pas, je m'occupe d'elle. Je t'explique quand tu rentres.

Un court instant de répit m'envahit, avant que l'angoisse ne reprenne le dessus. Elsa était en sécurité, mais qu'est-ce qui pouvait bien se passer pour qu'Olivia lui dise qu'elle m'expliquerait plus tard ? Et ce ne t'inquiètes pas c'était tout l'inverse de ce que je pouvais faire.

Mon téléphone vibra à nouveau. Un autre message d'Olivia :

@livyy : Je t'aime mon amour ❤️

Malgré la douceur des mots et l'émoji, l'inquiétude persistait. Quelque chose n'allait vraiment pas. Je répondais immédiatement :

@elvire_schz : Rien de grave, j'espère ? J'ai envie de rentrer maintenant... Moi aussi je t'aime, ma belle ❤️

Je soupirais une nouvelle fois et me forçais à finir mon café. La formation n'était même pas à moitié terminée, et pourtant je n'avais qu'une envie : tout quitter et rentrer chez moi. Le mystère autour de la situation d'Elsa me rongeait. Qu'avait-elle fait pour fuir le lycée comme ça ? Pourquoi Olivia restait vague dans ses messages ?

J'écrasais ma cigarette et retournais dans la salle de formation, mon esprit complètement ailleurs. Les minutes s'étiraient douloureusement, chaque mot du formateur me semblait lointain et sans importance. L'image d'Elsa, perdue et effrayée, s'imposait dans mon esprit. J'essayais de rassembler les morceaux, mais sans savoir ce qui s'était passé, mon cerveau partait dans tous les sens.

Le temps passait encore plus lentement, chaque regard vers l'horloge me donnait l'impression que la journée n'en finirait jamais.

Assise dans la salle, je ne pouvais plus me concentrer. Mon esprit dérivait sans cesse vers Elsa. Je pensais un instant à appeler Alex, pour lui parler de la situation. Après tout, il avait le droit de savoir ce qui se passait avec notre fille. Mais presque immédiatement, je me ravisais. Notre relation était déjà suffisamment tendue, et je n'avais aucune envie d'envenimer la situation avec une nouvelle dispute. Chaque fois que nous parlions d'Elsa, ça finissait en conflit, Alex m'accusant de ne pas être assez présente, de ne pas comprendre notre fille. Je n'avais ni l'énergie ni l'envie de revivre ça aujourd'hui.

Non, pas maintenant. Je verrai plus tard, quand j'aurai plus d'informations. Je me disais en soupirant.

Mais plus j'essayais de me calmer, plus l'angoisse grimpait en moi. Que pouvait bien traverser Elsa ? Je me mettais à repasser en revue les derniers mois, cherchant des indices dans le comportement de ma fille. Je me souvenais de ces moments où Elsa semblait plus fermée qu'à l'accoutumée, des repas où elle restait silencieuse, les yeux baissés. Elle se replongeait sans cesse dans son téléphone, à la fois nerveuse et absente. Quand je l'interrogeais, Elsa évitait les réponses ou prétendait être simplement fatiguée par l'école.

Et puis il y avait cette histoire d'amis qui m'avait paru bizarre. Pourquoi n'avais-je pas cherché à en savoir plus ? J'aurais dû être plus attentive.

Je réalisais soudain à quel point ces changements de comportement auraient dû me mettre en alerte plus tôt. Elsa était toujours stressée, sa bonne humeur d'antan s'effaçant de plus en plus. Les notes d'Elsa, qui avaient toujours été excellentes, semblaient aussi baisser progressivement, et je n'avais pas voulu insister là-dessus pour ne pas la mettre davantage sous pression. Mais peut-être que ça n'allait pas seulement à l'école...

Je fermais les yeux un instant, essayant de calmer mes pensées. Une angoisse rampante s'installait doucement en moi, se mêlant à une sourde culpabilité. Et si j'avais négligé quelque chose d'important chez Elsa ? Et si je n'avais pas été là quand elle en avait vraiment besoin ?

Tout à coup, une foule de scénarios envahissait mon esprit : est-ce que c'était des problèmes scolaires plus graves que je ne l'avais imaginé ? Peut-être une histoire d'amitiés compliquées, de disputes ou d'exclusion ? Ou pire encore... quelque chose que je n'osais même pas formuler. Les signes étaient là, je les voyais désormais, mais j'avais fermé les yeux trop longtemps. Elsa était stressée, épuisée. Elle dormait mal, mangeait peu. Qu'est-ce qui pouvait bien la tourmenter autant ?

J'aurais tout donné pour être à la maison, pour pouvoir enfin comprendre ce qui se passait.