Chapitre 5 - Entres verres et vérités

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Je m'étais dépêchée de rentrer chez moi pour me préparer. Je m'étais douchée rapidement, mais maintenant, je fixais mon armoire sans savoir quoi porter. Je voulais faire bonne impression, quelque chose de simple mais qui reflétait mon propre style. Après un moment d'hésitation, je choisis un baggy bleu clair et un t-shirt gris sans manches, un peu oversize.

Je me regardai dans le miroir, tirant sur le tissu du t-shirt. J'avais toujours préféré les vêtements amples. Mon adolescence avait été marquée par les remarques sur mon surpoids, y compris de la part de ma mère, qui n'hésitait pas à me priver de repas pour que je "maigrisse". Cette pression avait laissé des traces. C'est à 17 ans, quand j'avais quitté la maison, que je m'étais mise à la musculation, perdant 20 kilos et sculptant mon corps. Mais malgré tout, je me sentais encore parfois peu à l'aise avec moi-même.

Je pris une inspiration, arrangeai mes cheveux, mis un peu de parfum et enfilai une paire de baskets avant de quitter mon appartement. Le bar où nous avions rendez-vous n'était pas loin, je pouvais y aller à pied. Lorsque j'arrivai, j'aperçus Elvire déjà installée en terrasse, une cigarette à la main. Elle portait une combinaison en jean bleu foncé et des Converse blanches. Je trouvais qu'elle était superbe.

Elvire leva les yeux et sourit en me voyant.

« Eh bien, ça te change, de te voir habillée comme ça ! »

Je souris, un peu gênée.

« Oui, c'est sûr, ça change de la chemise et de la cravate. »

Elvire me regarda de haut en bas et me fit un clin d'œil.

« En tout cas, ça te va bien. »

Je sentis mes joues s'échauffer. Heureusement, le serveur arriva pour prendre notre commande, interrompant la conversation. Elvire demanda une bière, et moi, un coca. Lorsque le serveur repartit, un léger silence s'installa. Je ne savais pas trop quoi dire, un peu déstabilisée.

Elvire brisa la glace.

« Depuis combien de temps tu fais de la muscu, toi ? »

« J'ai commencé à 17 ans, » répondis-je.

Elvire haussa les sourcils, visiblement impressionnée.

« Et tu fais d'autres sports ? »

Je secouai la tête.

« Pas trop le temps. Et toi, tu en fais ? »

Elvire rit.

« Je t'avoue, j'ai jamais vraiment été attirée par le sport. »

Nos boissons arrivèrent, et après une gorgée de bière, Elvire me lança un sourire en coin.

« Dis, tu le trouves pas un peu canon, le serveur ? »

Prise au dépourvu, je rougis et secouai la tête.

« C'est... c'est pas trop mon genre. »

Elvire me regarda avec une lueur malicieuse.

« Ah, je vois... et c'est quoi ton genre alors ? Je suis curieuse de savoir. »

Je bafouillai, un peu nerveuse. Je n'avais jamais eu de mal à assumer mon homosexualité, mais dire à haute voix que j'étais lesbienne à quelqu'un que je connaissais depuis peu m'angoissait un peu. J'hésitai, puis optai pour une réponse prudente.

« Je sais pas trop... »

Elvire éclata de rire.

« Je te taquine, Olivia. À vrai dire, j'avais deviné. Ça se voit, en fait. »

Je manquai de recracher mon coca.

« Quoi ? »

Elvire s'excusa en riant.

« Oh mince, je voulais pas te mettre mal à l'aise. Je disais ça comme ça... Je sais pas, c'était juste une intuition. »

Je repris mes esprits et souris, soulagée.

« Non, t'as raison, en fait. Je suis lesbienne. Mais dis-moi, qu'est-ce qui t'a fait deviner ? »

Elvire sourit.

« Je voulais juste voir si j'avais raison. Puis j'allais pas te poser la question de but en blanc, quand même. »

La conversation s'éloigna ensuite de ce sujet et nous passâmes les deux heures suivantes à parler de tout et de rien, refaisant le monde autour de nos verres. Quand je finis par regarder l'heure, il était déjà près de 21 heures.

« Oups, il va falloir que je rentre, moi, » dis-je en me levant.

Elvire hocha la tête, surprise par l'heure elle aussi.

« Oui, moi aussi... Merci pour cette soirée, Olivia. C'était vraiment sympa. »

Je lui souris.

« J'ai adoré. À refaire, vraiment. »

Nous nous souhaitâmes une bonne soirée, et Elvire me fit la bise avant de s'éloigner. Je pris le chemin de mon appartement, le sourire aux lèvres. Une fois rentrée, je me préparai pour la nuit. Allongée dans mon lit, je réalisai combien j'avais apprécié ce moment passé avec Elvire. Il y avait quelque chose entre nous, une connexion naturelle et spontanée. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Elvire, à son sourire éclatant, à sa manière d'être si solaire et confiante.

Et soudain, l'évidence m'apparut : Elvire me plaisait. J'en étais maintenant certaine.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant