La nouvelle collègue

Chapitre 115 - Pizza et fractions

Pdv Olivia

En quittant la maison, je sentais un soulagement d'avoir laissé Elvire et Elsa parler seules. Elles avaient besoin de ce moment, et je ne voulais pas m'imposer. Tandis que je roulais vers l'école de Benicio, mes pensées restaient troublées par la situation d'Elsa. Ces filles devaient répondre de leurs actes, c'était certain. Peut-être que porter plainte serait la meilleure solution... mais je me demandais par où commencer. Je n'avais aucune idée de la procédure pour un tel cas, et cela me frustrais un peu.

Arrivée devant l'école, je me garais et allumais une cigarette, espérant me calmer un peu. Deux mamans vinrent me saluer, croyant que j'étais la nounou de Benicio. Je souriais, sans prendre la peine de les corriger, elles étaient gentilles après tout. Mais dès que la cloche sonna, je laissais la conversation s'éteindre, mon attention se focalisant sur la sortie des enfants. Comme d'habitude, Benicio déboula à toute vitesse, un large sourire aux lèvres, et se jeta dans mes bras avec un enthousiasme contagieux.

« Oliviaaa ! » cria-t-il en me serrant dans ses bras.

« Je t'emmène prendre un goûter aujourd'hui. » dis je, un grand sourire sur mon visage.

« On va goûter où, alors ? On peut aller à McDo ? » demanda-t-il avec l'énergie débordante qu'il avait toujours.

« Hmm... on va plutôt au Starbucks aujourd'hui, qu'est-ce que tu en penses ? » répondis je en souriant.

S'ensuivit une courte négociation, typique avec Benicio. Il n'arrêtait jamais de parler, de proposer d'autres idées, de passer d'un sujet à l'autre. J'adorais ce trait chez lui, bien qu'épuisant par moments. Finalement, nous décidions d'aller au Starbucks, ce qui réjouissait le garçon tout autant qu'un McDo l'aurait fait.

Installés avec nos gâteaux et boissons, Benicio, incapable de tenir en place, entama la conversation avec sa franchise habituelle.

« J'me suis battu aujourd'hui, tu sais. »

Il mordit dans son cookie, l'air de rien, comme s'il parlait de la récréation.

Je levais un sourcil, inquiète.

« Comment ça, tu t'es battu ? »

Il haussa les épaules, comme si c'était normal.

« Y avait deux garçons, ils disaient des trucs méchants sur maman parce qu'elle aime les femmes. Alors, je les ai frappés. Ils ont dit que c'était bizarre, alors je leur ai montré qu'ils étaient bizarres. »

Je prenais un moment pour répondre, essayant de ne pas paraître alarmée.

« Tu sais, Beni, on ne règle pas les problèmes en frappant. »

Il me regarda avec une incompréhension innocente, ses jambes ne cessant de bouger sous la table.

« Mais ils disaient des trucs méchants ! Personne dit des trucs comme ça sur maman ! Je voulais la défendre, c'est tout. »

Je soupirais doucement. C'était touchant de voir à quel point Benicio était protecteur, mais il fallait qu'il apprenne à gérer ça autrement. Je lui parlais calmement, lui expliquant qu'il était important de défendre sa famille, mais qu'il fallait utiliser des mots et non des coups.

Benicio écoutait, même s'il avait du mal à se concentrer longtemps. Je pouvais presque voir ses pensées sauter d'un sujet à l'autre, mais je savais qu'il enregistrait ce que je disais, à ma manière. Puis, d'un coup, il changea de sujet.

« On peut prendre un deuxième cookie, tu crois ? »

Je souriais malgré moi. C'était Benicio tout craché. Toujours en mouvement, toujours à mille à l'heure, mais avec un cœur énorme.