Chapitre 134 - Cher journal

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Pdv Olivia

Je me tenais devant la porte de l'appartement de ma mère, le cœur en vrac, les pensées embrouillées. Je n'avais pas remis les pieds ici depuis près de sept ans, et à cet instant, je me demandais si j'en étais vraiment capable. La tentation de fuir, de tourner les talons et de tout laisser derrière moi était forte. Pourtant, l'image d'Elvire, blessée et apeurée, hantait mon esprit. Je devais le faire. Pour moi-même, et pour l'amour de ma vie.

Prenant une profonde inspiration, je tournais la poignée et poussais la porte, qui s'ouvrit sans résistance. Ma mère ne verrouillait jamais, même autrefois. Dès que je franchissais le seuil, une vague de souvenirs douloureux s'abattait sur moi, mélangeant les flashs de mon enfance à la réalité d'aujourd'hui.

L'odeur m'assailli aussitôt : un mélange écœurant de tabac froid, d'alcool et de moisi. L'appartement était en désordre, un véritable capharnaüm où s'entassaient des détritus, des bouteilles vides, des cendriers débordants. Ce lieu, autrefois déjà sombre et oppressant, était devenu encore plus sale, comme une coquille abandonnée.

J'avançais lentement dans le couloir étroit, sentant chaque fibre de mon être se tendre face à cet environnement hostile et familier. Je n'arrivais pas à organiser mes pensées ; mon esprit était comme brouillé, pris dans un tourbillon de colère, de peur et de tristesse. Les souvenirs m'assaillaient : je me revoyais enfant, coincée dans cet espace où je me sentais si seule, où ma mère m'ignorait ou me rabaissait.

La lumière blafarde de la cuisine s'infiltrait dans le couloir, éclairant des piles de vaisselle sale et des détritus jonchant le sol. Mon estomac se serra. Je continuais d'avancer, jetant un coup d'œil au salon, désert et plongé dans le silence. Ma mère n'était pas là.

Son absence fit monter en moi une inquiétude teintée de rage. Je m'étais préparée à affronter ma mère, et me retrouver seule ici, entourée des vestiges de ce passé étouffant, me rendais vulnérable et démunie. Je serrais les poings, luttant pour ne pas laisser mes émotions me submerger.

J'avançais dans l'appartement, un pas à la fois, chaque pièce déclenchant des souvenirs enfouis qui resurgissaient brutalement, comme des éclats de verre dans ma mémoire.

J'entrais dans le salon en premier. Sur le canapé usé et couvert de tâches, je revoyais la petite fille que j'étais, assise en silence, espérant un mot gentil, un sourire, quelque chose de ma mère. Mais elle ne m'accordait que des regards froids ou des paroles acides. Je sentais presque encore le poids de cette attente impossible, cette blessure qui m'avais marquée si jeune. La sensation de solitude que je ressentais autrefois refit surface, et je luttais pour ne pas flancher.

Dans la cuisine, le désordre était encore pire. Des assiettes empilées, des bouteilles vides et de la nourriture avariée jonchaient les plans de travail. Je me souvenais des fois où je tentais de faire la cuisine, de me nourrir moi-même, Laura et même ma mère quand elle en était capable, pour tenter d'apporter un peu de normalité dans cet environnement chaotique.

Je me dirigeais vers la salle de bain. L'odeur de moisissure et de renfermé me prenait à la gorge. Je me rappelais des fois où je tentais de trouver un semblant de paix ici, le bruit de l'eau masquant les cris et le chaos de l'autre côté de la porte. Dans le miroir brisé, je voyais mon reflet, et pour une fraction de seconde, j'apercevais la jeune fille que j'étais. Celle qui avait survécu, celle qui avait enduré.

Je m'arrêtais devant la porte de ma chambre. Je prenais une grande inspiration, sentant mon cœur se serrer. Pousser cette porte, c'était comme ouvrir une boîte remplie de souvenirs, de peurs et de désirs de fuite.

Je poussais doucement la porte, qui grinça légèrement, et entrais. Rien n'avait changé. Sur les murs, des posters fanés témoignent des bribes de mes passions d'adolescente, une tentative d'échapper à la réalité de ma vie. Je me souvenais de ces nuits où je contemplais ces images, des visages souriants, des paysages que je rêvais d'explorer, des symboles de liberté que je n'avais pas. C'était dans cette pièce que je me réfugiais, espérant un autre monde, un autre futur.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant