Chapitre 83 - Gueule de bois

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Pdv Elvire

Je me réveillais avec la sensation qu'un marteau-piqueur avait élu domicile dans ma tête. Dès que j'ouvrais les yeux, la lumière du matin me frappait comme un coup de poing, et je gémissais, le cœur au bord des lèvres. Une énorme gueule de bois, ça, c'était sûr. Mais ce qui était encore plus perturbant, c'était ce trou noir qui obscurcissait les dernières heures de la soirée d'hier. Je ne me souvenais de rien après ce foutu bar.

Avec un effort monumental, je me redressais dans le lit, chaque mouvement envoyant une vague de douleur à travers mon crâne. C'est là que je l'ai vue. Olivia était debout, de dos, fixant la fenêtre comme si elle essayait de trouver des réponses à des questions invisibles.

« Bonjour ma belle... » dis-je d'une voix rauque et faible.

Elle ne répondit pas, ne bougea même pas. Un silence pesant s'installe. Je l'entends renifler doucement, et mon cœur se serra.

« Olivia, ça va ? » je demande, inquiète.

Toujours aucune réponse. L'angoisse montait en moi. D'un coup, tout m'est revenu en tête, cette soirée, l'alcool, cette ambiance de plus en plus délétère. Je savais que j'avais merdé. J'avais poussé les choses trop loin, j'avais bu, bien trop, et pire que tout, j'avais entraîné Olivia avec moi dans cette spirale. Et avec elle, l'alcool était un sujet délicat. Sa mère était alcoolique, et je savais que cela avait laissé des cicatrices profondes en elle. J'avais dû réveiller en elle des souvenirs douloureux, et je m'en voulais terriblement.

Je me levais du lit, le monde tournant autour de moi. J'ai failli trébucher, mais je me suis accrochée à Olivia, espérant qu'un simple contact pourrait faire la différence. Elle a détourné le regard, ses yeux rouges et gonflés, et j'ai compris à quel point elle souffrait. Sans réfléchir, je l'ai tirée contre moi, voulant la réconforter, lui dire combien j'étais désolée.

« Olivia, je... je suis désolée, » dis-je, la gorge serrée par la culpabilité.

« Je sais que j'ai merdé hier soir, je ne voulais pas... »

Mais elle m'a coupée net.

« Je sors prendre l'air. » a-t-elle dit, la voix brisée.

Avant même que je puisse répondre, elle était déjà à la porte, descendant les escaliers à toute vitesse. J'ai crié après elle, paniquée.

« Olivia, attends ! S'il te plaît, attends ! »

Je tentais de la suivre mais mon corps n'était pas en état de courir. Mes jambes flanchaient, je m'accrochais à la rampe, chaque pas résonnait dans ma tête comme un coup de canon. Quand je suis arrivée au bas des escaliers, j'entendais la porte d'entrée s'ouvrir, puis se refermer avec fracas.

« Olivia ! » je hurle, désespérée, mais elle était déjà dehors.

Je m'effondrais sur la dernière marche, les larmes aux yeux, incapable de la rattraper.
La panique m'envahissait. C'était ma faute, tout était de ma faute. Je restais là, hébétée, les mains tremblantes, jusqu'à ce que ma mère, apparaisse. Elle avait vu toute la scène, bien sûr, et son visage était empreint d'inquiétude.

« Qu'est-ce qu'il se passe, ma chérie ? Pourquoi Olivia est-elle partie ? » m'a-t-elle demandé avec douceur.

C'était trop pour moi. J'ai éclaté en sanglots, incapable de contenir cette vague de culpabilité qui me submergeait. Elle m'a prise dans ses bras, comme quand j'étais enfant, et tout est sorti. Je lui ai raconté la soirée d'hier, l'alcool, ma bêtise, et surtout, la douleur que j'avais infligée à Olivia. Les mots se bousculaient, mais je devais tout lui dire.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant