Chapitre 71 - Souvenirs du jardin

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Pdv Elvire

Après avoir senti la tension croissante dans l'air, j'ai su qu'il était temps de changer d'atmosphère. Je me suis levée doucement, effleurant la main d'Olivia pour lui signaler de me suivre.

« Viens, Olivia. Je vais te montrer quelque chose. » dis-je en souriant, essayant de dissiper le malaise qui s'était installé.

Elle m'a regardée avec gratitude et a accepté ma main tendue. Je l'ai menée hors du salon, loin des questions de ma mère, et nous sommes sorties dans le jardin.

Le jardin de mes parents était toujours aussi magnifique, même à cette période. Je voulais partager cet endroit avec Olivia, un lieu qui a toujours été mon refuge.

Dès que nous étions dehors, je sortais mon paquet de cigarettes de la poche de mon manteau. J'en tendais une à Olivia et nous allumions nos cigarettes en silence. Je profitais de ce moment pour observer son visage. Elle semblait un peu plus détendue, mais je voyais encore les traces de la gêne précédente.

« Ça va ? » je demande doucement, me rapprochant d'elle.

Elle hocha la tête, mais je savais que ce n'est pas totalement vrai.

« Oui, ça va. C'est juste... ta mère pose beaucoup de questions. »

Je souriais, sachant très bien comment ma mère pouvait être.

« Oui, elle est un peu envahissante parfois. Ne t'inquiète pas, elle ne veut pas te mettre mal à l'aise, elle est juste curieuse. Et si ça te met trop de pression, tu me le dis, d'accord ? »

Olivia souffla un nuage de fumée et me souriait faiblement.

« Merci, Elvire. C'est juste que... ça me rappelle des choses, tu vois. »

Je comprenais immédiatement de quoi elle parlait.

« Je sais... Mais ici, c'est différent. Tu es en sécurité, et mes parents t'adorent déjà, c'est évident. »

Je serrais doucement sa main, l'entraînant vers le fond du jardin où un vieux banc en bois nous attendait. C'est l'endroit où j'aimais passer du temps étant plus jeune, à rêvasser et à lire mes livres préférés.

« Quand j'étais petite, je passais des heures ici, sur ce banc. C'était mon coin à moi, loin du bruit de la maison. J'y lisais, je m'inventais des histoires, et parfois je m'y cachais quand j'étais triste. » dis je, tout en m'asseyant avec elle.

Olivia m'écoutait attentivement, ses yeux suivant mes mouvements tandis que je me perds dans mes souvenirs.

« Je me souviens que, quand Pierre, Marie et moi étions petits, on jouait souvent à cache-cache ici. Un jour, j'ai réussi à me cacher tellement bien qu'ils ont abandonnés et sont rentrés à la maison sans moi. J'étais furieuse qu'ils ne m'aient pas trouvée, mais en même temps, fière de ma cachette. »

Elle rit légèrement, son rire doux et apaisant, et cela réchauffait mon cœur. Je voulais qu'elle se sente à l'aise ici, qu'elle sache que ce jardin, cette maison, étaient aussi pour elle.

« Et là-bas, c'est là que mon père a gravé nos initiales, à nous trois. Il nous avait promis de le faire si on l'aidait à tailler les haies ce jour-là. On avait l'impression d'être les rois du monde. » dis je en désignant un grand chêne.

Olivia souriait en regardant l'arbre, ses doigts caressant ma cuisse.

« Tu as eu une belle enfance. » murmure-t-elle.

« Oui, j'ai eu de la chance. Mais tu sais, la vie change, et on ne sait jamais ce que demain nous réserve. Ce qui compte, c'est ce qu'on en fait. » je réponds doucement.

Elle acquiesça, prenant ma main dans la sienne.

« Merci de partager ça avec moi. Ça me fait du bien. »

Nous restions là un moment, profitant de la tranquillité du jardin, du chant des oiseaux et du parfum des fleurs. Je sentais qu'Olivia commençait à se détendre vraiment, et cela me rassurait. Je savais que cette semaine serait importante pour elle, pour nous, et j'étais déterminée à lui montrer qu'elle était à sa place ici, avec moi.

Alors que nous étions assises sur le vieux banc en bois, profitant du calme de ce jardin qui a toujours eu une place spéciale dans mon cœur, je sentais que l'atmosphère s'allégeait un peu. Olivia était encore un peu tendue, mais ses traits commençaient à se détendre, et cela me remplissait de joie. Je voulais marquer ce moment, le graver dans nos souvenirs, alors j'ai eu une idée.

Je me suis tournée vers Olivia, un sourire malicieux sur les lèvres.

« Ça te dit qu'on prenne un selfie ici, pour ajouter un autre souvenir heureux à ce lieu ? »lui ai-je proposé en sortant mon téléphone.

Elle m'a regardée, un peu surprise, puis a hoché la tête, un sourire timide se dessinant sur son visage.

« Oui, pourquoi pas. Ce serait chouette. » a-t-elle répondu.

Je me suis rapprochée d'elle, plaçant mon bras autour de ses épaules, et j'ai levé mon téléphone.

« Dis cheese ! » lui ai-je lancé en riant.

Nous avons pris plusieurs photos, chacune plus naturelle que la précédente. Olivia commençait même à sourire pleinement, et je sentais que ce moment était précieux, qu'il allait rester gravé dans nos mémoires.

Après avoir pris les photos, je me suis adossée au banc, un léger frisson me parcourant.

« Ça me rappelle quand j'étais petite, et que je passais du temps ici avec Marie. » ai-je commencé, me perdant dans les souvenirs.

Olivia a tourné son regard vers moi, curieuse.

Je me suis mise à sourire, pensant à ces moments partagés avec Marie.

« On était inséparables. On passait nos journées à inventer des histoires, à courir dans le jardin, et à se cacher derrière les buissons. Un jour, je me souviens, c'était fin novembre, début décembre, juste comme maintenant... On avait décidé de décorer notre petite cabane dans le jardin avec des guirlandes qu'on avait trouvées dans le grenier. »

Je me suis mise à rire en me rappelant cette scène.

« On avait même volé quelques boules de Noël à maman pour les accrocher partout. On était tellement fières de notre travail... jusqu'à ce que la tempête de cette nuit-là emporte tout. Le lendemain matin, on a retrouvé nos décorations dispersées dans tout le jardin, certaines boules étaient même cassées. Marie était tellement triste, mais je me souviens lui avoir dit que ce n'était pas grave, que l'année prochaine, on ferait une décoration encore plus belle. »

Olivia m'écoutait attentivement, un sourire doux sur les lèvres.

« C'est mignon, je suis contente que tu aies des souvenirs comme celui-là. » a t'elle murmuré.

Je lui ai rendu son sourire, touchée par ses mots.

« Oui, ce sont ces petits moments qui rendent la vie belle. Et maintenant, on crée les nôtres. »

Je me suis penchée vers elle et l'ai embrassée tendrement, savourant la douceur de l'instant. Le froid de l'hiver commençait à se faire sentir, mais je me sentais réchauffée par sa présence, par ces souvenirs que nous étions en train de créer ensemble, dans ce jardin que j'aimais tant.

En nous éloignant du banc pour continuer notre promenade dans le jardin, je sentais que quelque chose avait changé en nous, une nouvelle complicité, un lien renforcé. Cette semaine à Toulouse serait pleine de découvertes, de retrouvailles et, j'en étais sûre, de nouveaux souvenirs heureux.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant