Pdv Olivia
J'avais passé la semaine avec un mélange d'anticipation et de regret. Je savais que j'aurais dû répondre plus tôt au message d'Elvire, mais chaque fois que j'y pensais, un doute me retenait. Je n'étais pas sûre de ce que je voulais exactement, ni de ce que je ressentais. La présence d'Elvire me manquait, mais la peur de m'embarquer dans quelque chose qui pourrait compliquer notre amitié me paralysait.
Quand Elvire m'avait renvoyé un message pour me demander de mes nouvelles, j'avais senti mon cœur se serrer. Elvire s'inquiétait de mon silence, ce qui me touchait plus que je n'osais l'avouer. J'avais fini par lui répondre, tâchant de garder un ton léger en lui proposant d'aller ensemble à la salle de sport. Mais Elvire avait un empêchement, ce qui signifiait que nous ne verrions probablement que le samedi, au travail.
Les jours suivants passèrent lentement, comme si chaque heure s'étirait un peu plus. Je tentais de me concentrer sur mon travail, mais mes pensées revenaient sans cesse vers Elvire. Notre dernier échange me hantait, et je me surprenais à vérifier mon téléphone plus souvent que je ne l'aurais voulu, espérant un nouveau message. Je me reprochais de ressentir un tel manque, surtout alors que j'essayais de me convaincre qu'Elvire n'était qu'une amie.
Finalement, le samedi arriva. Je ressentais un mélange d'excitation et de nervosité en me préparant pour ma journée. Je savais que nos plannings étaient légèrement décalés, mais il y avait quand même une chance pour que nous nous croisions. Une chance sue j'espérais saisir, même si je n'avais aucune idée de ce que je pourrais dire ou faire en la revoyant.
Une fois arrivée au dépôt, je consultais le planning. Je repérais le nom d'Elvire et constatais que nous avions une pause au même terminus mais je ne savais pas à quelle heure y serait Elvire. Cette coïncidence me redonna un peu d'espoir. Je terminais mon premier trajet en sentant mon cœur battre un peu plus vite, l'anticipation se mêlant à une légère angoisse.
Quand j'arrivais enfin au terminus pour ma pause, je descendais du bus, regardant nerveusement autour de moi. Et là, j'apercevais Elvire, qui venait tout juste de descendre de son propre bus. Un sourire de soulagement et de joie se dessina sur mes lèvres.
J'allumais une cigarette, un sourire au coin des lèvres. Elvire, ici, au même moment que moi. Je devais admettre que mon cœur battait un peu plus vite que d'habitude. Elvire semblait également contente de me voir et se dirigea vers moi.
« Salut Liv ! Ça fait plaisir de te voir, tu vas bien ? » dit Elvire avec un sourire chaleureux.
Je sentais un poids s'envoler de mes épaules. J'hochais la tête, essayant de cacher le flot d'émotions qui bouillonnait en moi.
« Oui, ça va. Désolée de ne pas t'avoir répondu plus tôt cette semaine... J'ai été un peu débordée. »
Elvire me regarda avec compréhension, ses yeux pétillants de bienveillance.
« Aucun souci, je me doutais bien que tu devais être occupée. Tant qu'on se revoit, c'est tout ce qui compte. »
Je sentais mes joues chauffer un peu, embarrassée mais touchée par les mots d'Elvire.
« Oui... Je suis contente de te revoir, moi aussi. » avouais je dans un souffle.
« Tu aurais une cigarette à me dépanner ? » demanda-t-elle.
« Tiens, fais-toi plaisir. » répondis je en lui tendant mon paquet.
Elvire s'empara d'une cigarette avec un air faussement dramatique.
« Merci, tu me sauves la vie, je crois que j'aurais pleuré sinon. »
Je riais doucement.
« Dur à ce point ? »
Elvire alluma sa cigarette et expira lentement avant de répondre.
« Tu n'as pas idée. Trois allers-retours avec des bus pleins à craquer... Je crois que j'ai entendu des « bip » de portes toute la journée dans ma tête. »
J'haussais un sourcil, amusée.
« Les joies du week-end. Mais bon, dis-toi que ça pourrait être pire, au moins tu es dehors maintenant. »
Elvire souffla un nuage de fumée, s'appuyant contre le bus.
« Mouais... sauf que demain, je remets ça. J'aurais préféré être chez moi, sur mon transat, avec un bouquin et un verre bien frais. »
Je secouais la tête en souriant.
« Travailler un dimanche, quelle chance ! » plaisantais je.
Elvire secoua la tête en riant.
« Oh, tu n'imagines pas ! J'adore conduire, mais si je pouvais être au soleil, un bon livre à la main, ça serait bien mieux ! »
Nous riions toutes les deux, et pour un instant, je me surprenais à imaginer cette scène : Elvire allongée sur un transat, les rayons de soleil illuminant son visage. Je tentais de chasser cette image de mon esprit, mais son sourire rendait cette tâche difficile.
« On se rattrapera, on pourrait se faire une journée détente, au soleil, avec un pique-nique... Et pourquoi pas un verre en fin de journée ? » dit Elvire d'un ton enjoué.
Je sentais mon cœur battre plus fort. Passer du temps avec Elvire en dehors du travail devenait une perspective de plus en plus tentante. Mais j'essayais de rester calme et de ne pas montrer à quel point cette idée me réjouissait.
« Ça marche ! Il ne reste plus qu'à trouver le bon dimanche, alors. » répondis je en souriant.
Nous échangions un dernier regard complice, puis chacune reprenions le chemin de nos bus respectifs pour continuer nos services. Alors que je me préparais pour mon dernier trajet de la journée, je ne pouvais m'empêcher de sourire en repensant à notre conversation. Je me sentais légère, presque euphorique, comme si quelque chose de nouveau venait de naître entre nous.
Toute la soirée, l'image d'Elvire, détendue sous le soleil, ne cessa de revenir dans mes pensées. Je le laissais glisser sous l'eau glacée, la tête en arrière, laissant les gouttes fraîches couler le long de ma peau et chasser la fatigue de la journée. Je fermais les yeux, savourant cette sensation apaisante qui me permettait d'effacer les tensions accumulées. Mais au fond, je savais bien pourquoi cette douche était nécessaire : c'était une façon de calmer le tumulte de mes pensées... et ce tourbillon d'émotions que chaque rencontre avec Elvire déclenchait en moi.
Je revoyais notre échange de plus tôt, le sourire éclatant d'Elvire, ses yeux noisettes pétillants. Mon cœur se serra, comme à chaque fois que pensais à elle. J'avais beau lutter contre mes sentiments, ils semblaient de plus en plus forts, presque incontrôlables, comme si Elvire m'avait ensorcelée.
Je passais mes mains sur mon visage, essayant de chasser cette idée. Mais l'envie de la revoir le lendemain me trottait déjà dans la tête. Elvire serait en service, et il me suffisait de monter dans son bus pour passer un moment avec elle, sous prétexte de lui dire bonjour.
Je soupirais, me remémorant les conseils d'Asma, qui m'avait dit de me préserver et de ne pas me laisser emporter par mes sentiments. Mais c'était plus fort que moi. Elvire hantait mes pensées, et je me sentais incapable de faire marche arrière.
Je coupais l'eau, attrapais une serviette et me séchais lentement, mon esprit toujours fixé sur ce que je pourrais dire ou faire le lendemain. Peut-être que j'allais paraître insistante, mais je ne pouvais plus ignorer ce qui bouillonnait en moi.
Avant de sortir de la salle de bain, je jetais un coup d'œil à mon téléphone posé sur le rebord du lavabo. J'hésitais un instant, puis consultais le planning d'Elvire. Sa ligne passait non loin de chez moi. L'occasion serait trop belle... Je laissais échapper un léger sourire en y pensant, puis secouais la tête pour reprendre mes esprits.
« La nuit porte conseil. » murmurais je, comme pour me rassurer.
Je me dirigeais enfin vers ma chambre, espérant que le sommeil m'apporterait un peu de clarté. Mais au fond, je savais déjà que je ne pourrait résister à l'idée de croiser Elvire.
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La nouvelle collègue
RomanceOlivia, 24 ans, conductrice de bus, accueille une nouvelle collègue. Leur rencontre va la chambouler. Une amitié va se créer mais est-ce vraiment ce que souhaite Olivia ? La belle Elvire restera elle indifférente face à l'alchimie entre elles ?
