Chapitre 8 - Échos du passé

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Pdv Olivia

Mon téléphone vibrait toujours sur la table basse, mais je restais figée. Une vague de panique m'envahit. Pourquoi est-ce qu'elle m'appelait ? Que me voulait-elle encore ? Les questions s'entrechoquaient dans ma tête, amplifiant mon malaise.

Je fixais l'écran, mon propre reflet tremblant dans la lumière bleutée de la pièce. Le nom de ma mère s'affichait encore, insistant. Je sentais une colère sourde monter en moi, mélangée à une vieille douleur que je croyais avoir enfouie.

« Je n'ai plus rien à lui dire. Je ne veux plus avoir affaire à elle. » murmurais je à voix haute, comme pour me convaincre.

Mes mains tremblaient légèrement alors que je me levais pour éteindre la sonnerie. Mais même après avoir rejeté l'appel, le sentiment d'oppression restait, lourd et omniprésent.

Je m'affalais de nouveau sur mon canapé, les souvenirs remontant malgré moi. La relation avec ma mère avait toujours été un champ de ruines. Je savais que cela n'avait jamais été une vraie relation parent-enfant, mais plutôt un chaos constant, une guerre silencieuse où moi et ma sœur Laura avaient toujours été perdantes.

Quand j'étais petite, notre mère n'était jamais là. Je pouvais passer des jours sans la voir, et lorsqu'elle rentrait enfin à la maison, c'était soit en titubant, complètement saoule, soit dans un état second à cause de la drogue. Quand elle était sobre, ce n'était guère mieux. Ces jours-là, notre mère trouvait toujours une excuse pour hurler sur nous, pour nous rabaisser, nous critiquer, comme si nous étions responsables de son propre malheur.

Je n'avais jamais compris pourquoi notre mère agissait ainsi. Pourquoi avoir des enfants si c'était pour les traiter de cette manière ? C'était une question qui me hantait encore aujourd'hui.

C'était Laura, mon aînée de huit ans, qui m'avait pris en charge dès mon plus jeune âge. Laura préparait les repas, m'aidait à faire mes devoirs et me racontait des histoires pour m'endormir. Elle était à la fois une grande sœur, une mère de substitution et ma seule alliée dans ce foyer toxique. Je l'adorais, et c'était réciproque.

Mais tout avait changé lorsque Laura avait eu seize ans. Elle avait demandé son émancipation et obtenu son propre studio. Alors âgée de huit ans, je passais le plus clair de mon temps là-bas. Ce petit appartement était devenu un sanctuaire, un espace de paix loin des cris et du chaos.

Le départ de Laura avait provoqué une fracture irréparable dans notre famille. Notre mère, furieuse, considérait cela comme une trahison. Elle m'interdisait de rendre visite à Laura, prétendant qu'elle nous avait abandonnées. Mais je désobéissais dès que je le pouvais. Je fuyais la maison pour retrouver ma sœur, celle qui représentait tout ce qu'une mère aurait dû être pour moi.

La relation entre Laura et notre mère s'était tellement détériorée qu'elles ne se voyaient plus du tout. Laura refusait de parler de notre mère et faisait tout pour me protéger, mais la culpabilité de m'avoir laissé derrière la rongeait parfois. Je comprenais cela, mais je ne lui en voulais pas. Au contraire, j'avais toujours été reconnaissante envers Laura d'avoir eu le courage de partir et de lui offrir une échappatoire, aussi courte soit-elle.

Mon esprit était envahi par les souvenirs, chacun plus douloureux que le précédent. Je revoyais ce jour au lycée, où tout avait changé.

J'avais été convoquée par la CPE en plein milieu d'un cours. Je me souvenais de cette marche fébrile jusqu'au bureau, l'angoisse dans le ventre sans savoir pourquoi. Et puis, la nouvelle était tombée, brutale : Laura avait eu un accident de voiture. Je n'avais même pas attendu la fin des explications pour m'enfuir vers l'hôpital.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant