La nouvelle collègue

Chapitre 11 - Jour de chance

Pdv Elvire

J'arrivais au dépôt en traînant les pieds. Travailler un dimanche... quelle idée ! J'avais l'impression que mon réveil avait sonné encore plus tôt que d'habitude, comme pour me torturer. Et la journée ne s'annonçait pas des plus joyeuses, vu que j'avais encore eu une dispute avec Alex avant de partir. Alex ne comprenait décidément pas pourquoi je tenais à ce nouveau travail. Pour lui, c'était comme si je le laissais tomber, mais j'avais besoin de ce poste, de cet espace à moi, loin de notre routine.

Je montais dans mon bus et soupirais, heureuse de retrouver un peu de calme dans la solitude du début de matinée. Peu de passagers montaient à cette heure-là, surtout un dimanche. Je démarrais le véhicule et laissais mon esprit vagabonder un peu pour chasser les tensions de la maison.

Je me surpris à penser à Olivia. Depuis que nous avions commencé à se croiser au dépôt et à la salle de sport, Olivia occupait souvent mes pensées. Elle était si... différente des autres. Un peu réservée au début, mais en même temps incroyablement sympathique. Nous avions tout de suite accroché, une sorte d'alchimie naturelle s'était installée entre nous, sans effort.

Pourtant, j'avais remarqué que nos collègues n'avaient pas l'air d'apprécier Olivia autant que moi. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Olivia n'était ni froide ni distante avec eux, certes elle était timide et réservée, mais je sentais qu'il y avait une sorte de barrière, quelque chose d'invisible qui créait un fossé entre eux. C'était dommage, car je voyais à quel point Olivia pouvait être douce et attentionnée, même si elle semblait souvent perdue dans ses pensées, comme si elle portait un poids invisible.

Un sourire se dessina sur mon visage en me souvenant de notre dernier échange. Olivia avait ce côté mystérieux, presque captivant, qui m'intriguait. J'aimais sa compagnie, et j'avais l'impression que cette amitié naissante m'apportait un équilibre inattendu. Peut-être que j'avais trouvé en Olivia une alliée, quelqu'un qui, sans même le savoir, m'aidait à m'échapper de mes problèmes personnels, au moins pour quelques instants.

Perdue dans mes pensées, je m'apercevais que je souriais seule derrière mon volant. Je redressais la tête, me reprenais un peu, et remettais les yeux sur la route. Après tout, j'avais une journée de travail à assurer. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser à Olivia, à ce que je lui dirais la prochaine fois que nous nous verrions...

La matinée avançait tranquillement lorsque j'apercevais une silhouette familière au loin, à l'arrêt de bus. Olivia attendait là, un sourire timide aux lèvres. Elle monta dans le bus, et je sentais une chaleur douce m'envahir, heureuse de cette surprise inattendue.

« Eh, qu'est-ce que tu fais là ? » demandais je, ravie de la voir.

« Je t'apporte le petit-déj' ! » répondit Olivia, les yeux pétillants.

Pendant le trajet, nous bavardions, glissant d'un sujet à l'autre avec une aisance naturelle. J'appréciais ces moments de complicité, où les rires et les taquineries chassaient l'ennui de ma routine. Quand nous arrivions au terminus, Olivia me tendit un petit sac en papier brun.

« Tiens c'est pour toi » dit-elle avec un sourire timide.

Je jetais un coup d'œil dans le sac et découvrit deux chocolatines.

Olivia, amusée, me taquina aussitôt :

« D'ailleurs, ça s'appelle des pains au chocolat, tu sais. »

Je roulais des yeux et secouais la tête.

« Non, ça, c'est vraiment une chocolatine, Olivia ! »

Nous nous chamaillions gentiment, échangeant des arguments bien rodés sur la fameuse bataille entre chocolatine et pain au chocolat. Cette légèreté me faisait du bien, et j'appréciais l'attention d'Olivia, ce geste simple mais si réconfortant.

Puis Olivia me lança, presque timidement :

« Dis, tu veux pas venir manger chez moi après ton service ? Je vais cuisiner un petit plat asiatique. »

Je sentais mon cœur se serrer. L'idée me plaisait vraiment, j'avais envie de partager un moment plus intime avec Olivia, mais je me rappelais aussitôt des tensions récentes avec Alex. Si je rentrais encore plus tard, je savais qu'une autre dispute m'attendrait. À contrecœur, je déclinais l'invitation, en prétextant devoir passer du temps avec mes enfants.

Je voyais une lueur de déception passer dans le regard d'Olivia. J'essayais de ne pas y prêter attention et lui souriais sincèrement en lui disant qu'on pourrait se faire ça une prochaine fois.

Sur le chemin du retour, je me tournais vers Olivia lorsque nous arrivions à son arrêt.

« Merci d'être passée, vraiment » dis je doucement.

« Bon courage pour la fin de ton service, Elvire » répondit Olivia avec un sourire sincère.

J'hochais la tête, un sourire tendre sur les lèvres.

« Merci, ma belle. »

Je regardais Olivia descendre du bus et sentais un pincement au cœur. J'aurais tant voulu accepter l'invitation, m'autoriser cette escapade sans me soucier des conséquences. Mais pour l'instant, je n'avais pas le courage.

•••

Pdv Olivia

En descendant du bus, je sentais mon cœur battre à tout rompre. Je n'arrivais pas à croire ce que je venais d'entendre. Ma belle. Les mots d'Elvire résonnaient encore dans ma tête, et j'avais l'impression de flotter. Un sourire radieux se dessina sur mon visage, que je ne parvenais pas à effacer alors que je marchais tranquillement vers chez moi, le cœur léger, l'esprit joyeux.

Une fois chez moi, je mettais de la musique, bien fort, et me mettais en cuisine. J'adorais cuisiner, mais aujourd'hui, j'avais une énergie et un enthousiasme particuliers. Elvire ne quittait pas mes pensées, et chaque geste était accompagné de cette douce euphorie qu'Elvire avait réveillée en moi. "Ma belle". J'essayais de garder les pieds sur terre et de ne pas trop me faire d'idées. Après tout, ce genre de mot doux, étaient souvent dit par gentillesse, sans arrière-pensée. Mais malgré tout, l'effet restait là : j'étais sur un petit nuage.

Je repensais à l'invitation que je lui avais faite. J'aurais tellement aimé qu'Elvire accepte, qu'elle soit là, dans ma cuisine, à partager ce plat préparé avec soin. J'aurais aimé voir son sourire lorsqu'elle aurait goûté la première bouchée, entendre son rire quand je lui aurais raconté la recette avec exagération, comme si je venais de réinventer la cuisine asiatique.

Soudain, une idée me vint. Un peu taquine, je prenais une photo de mon plat, soigneusement présenté, et envoyais l'image à Elvire avec un petit message :

@livyy : Dommage que tu n'aies pas pu venir, t'as loupé un chef-d'œuvre gastronomique ! 🤭
@elvire_schz : Oh, tu me nargues en plus ? Ça a l'air super bon, tu te surpasses là !

Un peu nerveuse, je tapais une réponse.

@livyy : Ça aurait été sympa de te faire goûter, mais bon, une prochaine fois peut-être...
@elvire_schz : Franchement, ça me donne envie. J'espère que l'invitation tient toujours !

Je rougissais en lisant le message. J'hésitais un instant, puis répondais timidement.

@livyy : Oui, bien sûr... je te garde une place.
@elvire_schz : Attention je te prends au mot. C'est toujours sympa de se voir en dehors du travail 😉

Je reposais mon téléphone, le sourire aux lèvres, le cœur battant, heureuse de cet échange inattendu.