La nouvelle collègue

Épilogue - Olivia

Le soleil caressait ma peau alors que j'étais allongée sur ma serviette, juste à côté d'Elvire qui s'était assoupie. Je jetais un regard tendre vers ma femme, un sourire attendri flottant sur mes lèvres, et je me laissais emporter par le fil de nos souvenirs partagés.

Je me remémorais notre toute première rencontre au travail, ce matin-là où je me sentais si nerveuse à l'idée de travailler avec une inconnue. J'avais encore en tête l'odeur du café que j'avais bu en vitesse, la moiteur de l'air de juin sur ma peau, et ce poids dans ma poitrine, mélange d'appréhension et de curiosité. Qui aurait cru qu'une simple journée en double pourrait marquer le début de tout ce que nous allions vivre ensemble ?

Quand je l'avais aperçue pour la première fois, dans le bureau régulateur, l'air un peu hésitant mais souriante, mon cœur avait fait un bond. C'était inexplicable, comme une sensation de déjà-vu. J'avais cette étrange impression de la connaître depuis toujours, alors que je la voyais pour la première fois.

Elle était belle, presque intimidante dans sa simplicité. Ses yeux noisette pétillaient de cette lumière qui semblait capable d'éclairer les journées les plus sombres. Et ce sourire... large, sincère, rayonnant. Il avait instantanément capté mon attention et, je crois, ébranlé mes certitudes.

Son parfum m'avait enveloppée sans que je le réalise immédiatement, une fragrance douce et florale, légère mais envoûtante. Ce détail pourtant anodin s'était gravé dans ma mémoire, comme si mon esprit refusait de le laisser filer.

Ce qui m'avait le plus frappée, cependant, c'était son assurance. Elvire semblait si à l'aise, comme si rien ne pouvait vraiment l'ébranler. Moi, j'étais une timide boule de nerfs, mais elle, elle s'était simplement penchée vers moi pour me faire la bise et m'avait saluée d'une voix claire, presque joyeuse, comme si elle avait su exactement quoi faire pour me mettre à l'aise.

Et cette facilité avec laquelle elle avait discuté avec moi... Ses mots coulaient naturellement, sans forcer, comme si nous étions déjà amies. À cet instant, je m'étais surprise à penser que je voulais entendre cette voix encore et encore. Je ne savais pas encore que ce désir ne me quitterait jamais.

Pourtant, nos débuts étaient loin d'être simples. Pendant des jours, je m'étais efforcée de me tenir à distance, pour me protéger. Ce que nous vivions ressemblait plus à une aventure qu'à une véritable relation, et je prétendais que ça ne me touchait pas. Mais en vérité, j'étais déjà folle amoureuse d'elle. Elvire, elle, était perdue dans ses sentiments, tiraillée entre son passé et ce qu'elle commençait à découvrir d'elle-même.

Et puis, un soir, elle a frappé à ma porte. J'étais prête à la repousser à nouveau, mais elle a tout avoué. Sa voix tremblait, ses yeux noisette brillaient d'une sincérité qui m'a bouleversée. Elle avait murmuré qu'elle m'aimait. À cet instant, tout mon ressentiment s'était évaporé. C'était un soulagement immense, un bonheur comme je n'en avais jamais connu, comme si le poids de l'incertitude s'effaçait d'un coup.

À l'époque, Elvire avait déjà entamé une procédure de divorce avec Alex, son mari, mais cela n'a pas rendu les choses plus faciles. La culpabilité la rongeait malgré tout : envers ses enfants, envers Alex, envers cette vie qu'elle abandonnait. Mais elle avançait, étape par étape, avec une force qui m'a toujours impressionnée.

Ce que j'ai ressenti pour elle à ce moment-là n'a fait que grandir. Voir Elvire se libérer, assumer son homosexualité et choisir de m'aimer pleinement m'a confirmé que tout ce que nous avions traversé en valait la peine.

Je repensais à l'incident au bar avec Julie, cette tension qui avait poussée Elvire à se battre pour moi, à affirmer notre amour au grand jour. Et puis, le jour où nous avions décidé de franchir une étape de plus et d'emménager ensemble. Une décision marquante qui nous avait rapprochées encore davantage, nous installant dans une routine de vie commune que nous avions adoptée avec tant de bonheur. À cet instant, j'avais ressenti un bonheur si immense qu'il balayait toutes mes peurs.