Chapitre 19 - Le retour des sentiments

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Pdv Olivia

Le week-end avait filé à une vitesse folle, et je m'étais retrouvée emportée par le tourbillon de la semaine suivante sans trop savoir comment. Entre les trajets quotidiens et les petites routines du travail, j'espérais un signe de la part d'Elvire, quelque chose de plus tangible que les quelques messages échangés entre nous. Pourtant, lorsque nous nous croisions brièvement le mercredi, je fus un peu déçue de n'avoir droit qu'à un timide signe de la main alors que moi-même lui avait fait de grands coucous avec enthousiasme.

De retour chez moi ce soir-là, je m'étais laissée tomber sur le canapé, le cœur un peu serré. Nous n'avions jamais reparlé de cet après-midi brûlant, de ce moment de complicité et d'intimité qui nous avait rapprochées de manière si inattendue. Depuis, tout semblait être retombé dans une sorte de flottement étrange, ni elle ni moi n'osant briser ce silence.

Je me disais que c'était peut-être mieux ainsi, bien qu'une part de moi n'était pas convaincue.

Peut-être que je me trompais, qu'il valait mieux ne pas poser de questions. Après tout, peut-être qu'Elvire avait agi sur un coup de tête, une impulsion passagère. Et maintenant, il ne restait plus rien de tout cela.

Mais cette pensée, loin de me soulager, me troublait encore plus. Pourquoi, alors, elle m'avait envoyé un cœur ce soir-là ? Cette petite attention avait été comme une braise dans le creux de mon esprit, un symbole d'espoir auquel je m'étais accrochée. J'en avais presque eu le souffle coupé en le voyant s'afficher sur mon écran. Pourtant, Elvire n'avait rien dit par rapport à ça depuis, me laissant avec mes interrogations.

Je me surprenais à hésiter à chaque fois que j'ouvrais notre conversation, comme si j'allais lui écrire, poser la question qui me hantait.

« Est-ce que ça voulait dire quelque chose pour toi, cet après-midi ? »

J'avais tapé ce message une dizaine de fois, hésitant à chaque fois à appuyer sur le bouton envoyer. Mais je ne trouvais jamais le courage. Je n'osais pas risquer de tout gâcher, d'éclairer les zones d'ombre.

Pourtant, le souvenir d'Elvire ne me quittait pas. Je revoyais ses gestes, la douceur de ses lèvres, la chaleur de ses bras. Et chaque fois que je pensais à elle, je me demandais si je n'étais pas en train de me tromper en taisant mes doutes. Mais la peur d'entendre une réponse que je ne voulais pas m'empêchait de franchir ce pas.

Aujourd'hui, c'était samedi, et je travaillais tout l'après-midi jusqu'à 21h30. J'avais un service plutôt tranquille, avec deux lignes assez calmes. Je me disais que ce ne serait pas encore aujourd'hui que je croiserais Elvire, puisque celle-ci m'avait dit qu'elle terminait plus tôt. Un soupir m'échappa, mais je me ressaisissais rapidement, me préparant mentalement à ma journée.

Lorsque j'arrivais en salle de pause, je tombais sur deux collègues que je n'appréciais pas spécialement. Dès mon entrée, elles cessèrent aussitôt de parler, se taisant comme si je les avais interrompues en plein échange privé. Je sentais l'hostilité implicite, ces regards échangés qui me mettaient mal à l'aise, mais je faisais comme si de rien n'était.

Je me dirigeais vers la machine à café, me servais un gobelet, puis enfilais mes écouteurs pour me couper de cette ambiance pesante. Je n'avais aucune envie de supporter leurs commérages ou leurs regards en coin. Les deux femmes, pensant que je ne pouvais pas les entendre, reprenaient leurs chuchotements, mais suffisamment fort pour que je capte quelques bribes malgré la musique. Visiblement le sujet de mon orientation était leur centre d'intérêt du jour.

« Franchement, j'ai jamais compris ces gens-là. Chacun son truc, mais... c'est pas vraiment normal, si ? » murmura l'une, l'air de rien.

L'autre haussa les épaules, en ajoutant tout bas :

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant