Chapitre 120 - Affronter ses peurs

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Pdv Elsa

Je fixais le plafond de ma chambre, la lumière tamisée de mon téléphone projetant des ombres mouvantes sur les murs. Malgré la musique dans mes écouteurs, je n'arrivais pas à m'endormir. Les pensées tournaient en boucle dans ma tête, trop nombreuses et trop intenses pour que je puisse trouver le sommeil.

Je repensais au rendez-vous avec la CPE plus tôt dans la journée. Ma mère, toujours à mes côtés, avait pris les choses en main, m'avait défendue avec une détermination que je n'avais jamais vue auparavant. Maman n'avait pas flanché une seconde, elle avait parlé avec conviction, ne laissant aucun doute sur la gravité de la situation. Je me sentais protégée, pour la première fois depuis des mois, j'avais l'impression que les adultes prenaient mon problème au sérieux.

Je ressentais un profond soulagement, mais aussi une culpabilité latente. Avais je attendu trop longtemps avant de parler ? Avais je causé tout ce chaos en me taisant pendant des mois ?

La CPE avait été choquée en apprenant toute l'histoire. Je me souvenais de son regard lorsque maman avait décrit les brimades, les humiliations, et surtout la menace de cette photo qui planait toujours au-dessus de moi comme une épée de Damoclès. La CPE avait assuré qu'elle prendrait des mesures, qu'elles ne resteraient pas impunies, et je voulais y croire. Mais une partie de moi se demandait si cela suffirait. Camille et Clara étaient malveillantes et pleines de ressentiment, prêtes à se venger si jamais elles étaient sanctionnées.

Je sentais quand même un espoir grandir doucement en moi, comme si la fin de ce cauchemar était enfin possible. Peut-être que tout allait changer, que Camille et Clara allaient enfin être stoppées. L'idée que leur harcèlement puisse prendre fin me soulageait un peu, même si je restais prudente, refusant de me laisser emporter par trop d'optimisme.

En y repensant, je réalisais combien parler de tout cela, même si cela avait été terriblement difficile, m'avais fait du bien. Me taire, garder ce secret comme un poison en moi, m'avait isolée, m'avait épuisée. Aujourd'hui, avec ma mère, je m'étais sentie moins seule, moins vulnérable.

Pourtant, malgré ce sentiment de soulagement, la peur ne m'abandonnait pas. Elle restait tapie au fond de mon ventre, comme un serpent prêt à se manifester à tout moment. La peur que tout cela continue malgré les promesses de la CPE, que Camille et Clara trouvent un autre moyen de m'humilier, de me blesser. Cette photo qui flottait dans mon esprit comme une menace constante... Si elles la publiaient malgré tout ?

J'avais honte de cette peur, mais je la sentais partout dans mon corps. J'avais toujours cette angoisse diffuse qu'on ne puisse rien faire pour la protéger complètement, qu'au fond, personne ne puisse me sauver de ce calvaire. Mais en même temps, je ressentais une forme de fierté, minuscule mais présente. Celle d'avoir réussi à en parler. De ne plus être seule face à ce que je vivais.

Mes yeux s'embuèrent malgré moi, sans que je ne le contrôle vraiment. Pas de chagrin, pas vraiment. C'était plus un trop-plein, un mélange d'épuisement, de soulagement et d'appréhension. Je savais que tout ne s'arrêterait pas d'un coup, que le chemin serait encore long, mais d'avoir partagé mon secret, d'avoir senti ma mère et Olivia à mes côtés, m'avait déjà un peu libérée.

En silence, je me redressais dans mon lit et enlevais mes écouteurs. Je n'avais plus envie de musique. Je jetais un coup d'œil à mon téléphone, hésitant à envoyer un message à Olivia. Maman était heureuse avec Olivia, c'était flagrant, et quelque part, cela me rassurait. Savoir que j'avais quelqu'un de fort à mes côtés, quelqu'un qui pouvait comprendre, me faisait me sentir un peu plus en sécurité.

Je me souvins alors des mots d'Olivia, des fois où elle m'avait dit qu'elle était là pour moi, comme une grande sœur. Je souriais faiblement en pensant à cela. J'avais toujours voulu une sœur, et même si Olivia n'était que la copine de maman, elle me traitait avec une bienveillance qui me touchait profondément. Sans elle, je ne savais pas comment j'aurais tenu le coup, si j'aurais réussi à parler.

La nouvelle collègueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant