Avenue Mercedes

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83.

LOLA FERGUSSON

Même jour. Chez Matteo.

Il reprit :

- Ça n'existe pas un accident de chasse.

- Je ne vous suis pas.

Il était d'un calme affolant.

- C'est une sorte de métaphore pour un règlement de compte. L'accident de chasse permet de faire avancer certaines affaires. Comme les histoires d'héritage. Une commodité qui échappe aux parisiens.

- Vous avez hérité de la scierie ?

Il sourit.

- Le seul bois que je possède, je l'achète et je le brûle, dit-il en désignant la cheminée d'un discret mouvement de main.

- C'est votre frère ? Vous insinuez que votre frère a assassiné votre père ?

- Je n'insinue rien.

Je ne comprenais pas.

- Vous n'insinuez pas ?

- Victor n'a jamais réussi à se remettre de la mort de sa petite-amie. Manon Rivière. Je pense que mon frère a tué mon père après avoir accumulé cinq années de rancœur à son et à mon égard. Comme je n'étais plus là, je ne sais pas ce qui a vraiment pu se passer entre eux. Ce que je sais c'est que mon père a voulu sauver mon frère et qu'il n'y est pas parvenu. Je suis parti vivre ailleurs et j'ai laissé une famille blessée, en complète déliquescence. Mon frère a séjourné plusieurs semaines dans un centre spécialisé, à Cadaujac en Gironde. A l'annonce de la mort de mon père je suis retourné à Bordeaux. Nous ne nous sommes pas adressés la parole avec mon frère... S'il savait qu'il héritait de tout, oui, il a pu le tuer. L'enterrement a eu lieu. Victor était mentionné dans le testament. Pas moi. Mon père avait dû finir par croire comme lui, que j'étais responsable de la mort de Manon et donc de l'état de mon frère et donc du triste sort de notre famille. Au cours de la cérémonie, je voyais dans le regard de mon frère une haine infinie... Le soir des obsèques je quittai Valentine. J'annonçais à tout le monde que je resterais dans la demeure familiale quelques temps. Je voulais être là pour ma mère, la protéger, ne pas la laisser seule.

Au milieu de la nuit, Victor est venu me sortir du lit.