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Suite.

Jules fouille la chambre à la recherche d'un mouchoir, un habit, un bijou, n'importe quoi qui prouverait la présence de Gersande à Chantebise. Il fait comme si les policiers de la région n'étaient pas venues.

Il commence par l'armoire, sous le lit, derrière la porte. Hags le laisse faire à distance raisonnable. Jules ouvre les deux autres portes de l'étage. Il y a un bureau. Littéralement un bureau. Un meuble qui définit la pièce par sa présence. Pas même un siège ni un fauteuil. Il entre et fait le tour du meuble. Il sonde les murs, quelques lattes du parquet. Lorsqu'il passe à la seconde porte Hags lui propose un café.

Jules refuse de le laisser s'éloigner. Il fouille la dernière chambre. En descendant, il sonde chaque marche des escaliers.

Il fouille la cuisine et y laisse Hags. Depuis le salon, il entend le café passer dans la cafetière. Hags fume une pipe le dos contre le plan de travail. Derrière lui une grande fenêtre donne sur la forêt sombre et le flanc de la montagne. Il attend. Lorsque Jules le rejoint le vieux retire la pipe de sa bouche.

- Je peux peut-être vous aider ?

Jules prend la tasse qu'il lui tend. L'oncle de Matteo.

- Vous êtes l'époux de la sœur de...

- De la sœur du père. Je travaillais dans la scierie que les Raphaelli possédaient ici. De quoi vous le soupçonnez déjà ?

- De meurtres et kidnapping.

Hags souffle lentement sa fumée.

- Quand je vais raconter ça à ma femme.

- Vous n'êtes pas proche de lui ?

- Vous avez l'air d'un type bien fatigué.

Ils traversent le salon et sortent. Jules s'appuie sur la barrière du porche.

- Je cherche où il aurait caché une jeune fille.

Hags fronce les sourcils.

- Carrément ? Dans la maison ? Jeune comment ?

- Mineure.

- Vous êtes sérieux ?

- Oui.

- La loi vous autorise à traiter mon neveu de pédophile ? plaisante Hags. Jules boit son café à s'en brûler la gorge pour ne pas répondre. Il n'a jamais pu encaisser les blagues sur les pédophiles ni même les allusions à la pédophilie.

Le lieutenant entre dans la remise et inspecte, les outils, les caisses en bois, les quelques bûches. Les motos. Une brouette. Il s'enfonce dans l'atelier. Il fouille les étagères. Il découvre, en retirant un drap, une caisse en métal aussi grosse qu'une commode.

Un jour, pendant qu'ils regardaient un film chez Lola encore élève-officier, il avait dit à sa sœur que la découverte d'un indice, ou la sensation de la rencontre du coupable, c'était comme l'amour. On le sait quand on lui fait face. 

Avenue MercedesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant