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Dimanche 10 janvier 2021. Dans sa chambre.

Ce qu'elle aime dans la musique c'est l'infini dans le fini. Une guitare n'a en général que huit cordes et pourtant on peut raconter n'importe quelle histoire. Chaque note, du grave au aigu, peut raconter une chose ou une autre selon le rythme et l'ordre de pincement.

Allongée dans son lit, Gersande regarde le plafond de sa chambre. La particularité de cette pièce : elle est toute en bois. On y accède par un panneau et des escaliers depuis l'atelier de dessin et peinture de sa mère qui peint sa propre mère à longueur de toile.

Il y a un parquet, des lambris sur les murs et des lambris au plafond. Heureusement que l'ancien propriétaire n'avais pas fait murer la fenêtre. C'était une chambre noire. Désormais c'est une chambre en bois. Elle l'appelle son « chalet ».

Son corps est encore engourdi par endroit. Elle a toujours mal à la racine des cheveux. Elle passe ses journées, allongée, là, à récupérer de l'agression du métro.

Gersande sent les larmes quitter le coin de ses yeux et glisser vers son oreiller en mouillant ses tempes. Elle se concentre sur cette sensation. La larme roule sur sa peau. Elle rencontre une résistance, s'épuise, ralentit et est soudain poussée par la suivante qui profite du chemin tracé.

Ses draps sont doux et sentent bons, elle s'y enfonce encore un peu plus. Elle voudrait tellement arrêter le lycée.

Elle devra y retourner, une agression ne dispense pas d'aller en cours. Elle voudrait cumuler un retard tel qu'on lui signifierait qu'il serait impossible pour elle de le rattraper.

Elle pense à lui.

Son sauveur anonyme. 

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