88

13 7 0
                                    

88.

Retour Aurore.

Sans un mot, Jules attrape Joël par le col de sa chemise et le tire vers la table. Joël a le souffle coupé. Les clients et les serveurs n'ont pas encore vu l'arme posée sur la table.

- Je vais te faire mal. Je déteste les menteurs. Les seuls mots qui vont sortir de ta bouche doivent être la vérité. La vérité universelle. Pas ton point de vue.

Joël essaie de se libérer de la poigne du flic.

- Joël, comment as-tu pu être aussi aveugle ? Dis-le moi. Ça fait des semaines que tu sortais avec elle !

Des clients se retournent. Le garçon secoue la tête.

- Questions, réponses, questions, réponses. C'est toi ?

- Non ! Je terminais à 2h du matin !

- J'arrive pas à le croire.

Joël se met à gémir. Jules lui colle le canon de son arme contre une tempe. Les premiers cris des clients retentissent, Jules se lève.

- Silence ! C'est la police ! Restez où vous êtes et fermez vos gueules !

La salle se tait. Un frisson de terreur parcourt les tables. Jules se penche sur Joël dont il maintient la tête contre la table. Il parle fort.

- La vérité mon gars ! Est-ce que tu l'aimais au point de vouloir lui faire du mal en apprenant qu'elle couchait avec lui ?

Joël étouffe à moitié, le cou écrasé par la main de Jules.

- Répond !

- Hey ! intervient le Paulo, au milieu des autres serveurs et des clients tétanisés. Jules pointe son arme sur lui. Paulo voit que le policier est saoul.

- Continue à faire cuire tes steaks Paquito, je suis de la police.

Paulo lève les mains. Le flic plante son arme dans le ventre du gamin.

- Réponse !

- C'était un ACCIDENT ! La table, sa chute, un accident c'était ! Je ne lui ai pas fait de mal, JAMAIS !

Jules le regarde baver et pleurer. Il se penche et pose son front contre le sien.

- Jure-le moi.

- Elle était amoureuse de Matteo Raphaelli, voilà ! Voilà pourquoi. Elle voulait...

Et sa phrase meurt dans ses sanglots.

- Elle voulait quoi ? murmure Jules. Elle voulait quoi mon gars ?

- Elle voulait, partir avec Matteo. Disparaître... disparaître avec Matteo. Partir. Je...

Jules lâche sa prise. L'anglais continue :

- Je n'ai pas su la protéger.

- De qui ? De qui tu ne l'as pas protégée ?

- De Raphaelli. Elle comprenait pas que c'était un malade. Je le lui disais mais elle ne m'écoutait pas. J'ai lu son livre L'Amour de Margo. Il y a une affaire de disparition d'une fille de vingt ans dans son livre !

Jules range son arme et caresse la tête de l'anglais.

- C'est fini mon gars. C'est fini. T'es tranquille.

Mais Joël reste contre la table. Il pleure.

Jules rejoint la voiture. Tous ceux qui étaient au restaurant y restent.

- Vous voulez de l'eau ? demande Milo.

- Tu te prends pour un chauffeur Uber toi maintenant ?

Le serbe réagit vite pour son gabarit. Il attrape Jules et le plaque contre la voiture. Le lieutenant ne touche plus le sol. Il a déjà son arme contre la casquette de Milo.

Jules sent qu'il va vomir, il faiblit, il lâche son arme. Milo, sans effort apparent, le dépose à l'intérieur de la voiture, sur la banquette arrière. Il saisit l'arme, remet la sécurité, le glisse dans la poche de sa veste et marche vers le restaurant pour récupérer la bavure.


Avenue MercedesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant