Avenue Mercedes

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Lundi 5 avril 2021, jardins de Versailles. Premières lueurs du jour.

Selon certains guides, le jardin de Versailles serait l'exact reflet des étoiles de la Voie Lactée, comme si notre Galaxie se retrouvait dans le jardin du Roi. Chaque année au mois de mai, dans la ville, un festival de théâtre est organisé à la mémoire de Molière. Pour la reprise, cette année-là, après l'annulation de l'édition 2020 pour cause de pandémie, la cérémonie de clôture devait se faire dans les jardins. Les premiers essais des effets spéciaux devaient se tenir en ces premières heures du lundi 5 avril, avant que les touristes n'envahissent les lieux.

Mais avant ceux des jardiniers et techniciens pyrotechniques, ce sont les pieds nus de Gersande Hellker qui foulent la pelouse du jardin de Versailles.

Son souffle est irrégulier. Elle ne porte qu'une chemise de nuit blanche. Ses ongles sont bleuis par le froid. Elle fuit entre les buissons et les haies. Elle doit arriver au château. Ses poumons la brûlent. L'effort lui donne l'impression que son cœur bat dans sa bouche. L'herbe est douce. Elle est épuisée, elle voudrait s'y coucher et dormir. Mais elle doit arriver au bout.

Une explosion.

Elle fait un bond, cherche d'où le bruit provient mais poursuit sa course. Sous le soleil, une neige couleur rouge se met à tomber dans le parc.

Elle arrive jusqu'au pied des marches. Elle apparaît, titubante, sortant de la tempête de fausse neige envoyée par les canons. Ses jambes ne peuvent plus la supporter. La neige fond déjà sur sa chemise de nuit, on la croit couverte de sang. Aux ingénieurs qui la voient tomber dans les bras des jardiniers qui accourent, elle parait telle une Pietà.