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LOLA FERGUSSON

Mardi 23 mars 2021. Unité pour Malades Difficiles de Cadillac.

Bianca attendait notre réaction. Kévin demanda :

- Une femme est venue ?

- Ouais beau gosse. Elle est venue, elle a chuiné que mon petit l'avait volée.

Elle souriait. Impossible de savoir ce qu'elle avait en tête.

- Qui était-ce ?

Bianca ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Elle nous regardait la bouche ouverte sans dire un mot. Puis elle haussa les épaules et entrecroisa ses doigts sur la table.

- Pourquoi je vous dirai ?

- Combien de temps allez-vous rester ici ? demanda Kévin. La vieille femme passa sa langue sur ses lèvres.

- Je t'imagine bien faire du sport de chambre toi. Dans ma cellule je t'attacherais bien aux barreaux. Et là je passerai tout le temps que tu veux.

Kévin ne se départit par de son sourire.

- Et si on trouvait un marché ?

- Oulà, ce drôle a envie de cochonneries, cria Bianca.

- Tout ce négocie. On a besoin d'informations sur Danny.

Bianca attrapa sa queue de cheval et caressa les pointes de ses cheveux.

- Et moi j'ai quoi ?

- Vous voulez quoi ? demandai-je.

Bianca se redressa sur son siège.

- Ce que je veux vous pouvez pas me le donner.

Elle se leva.

- Tic et Tac. Ramenez-moi dans ma suite.

Elle s'éloigna vers la porte, les deux gardes la suivirent. Kévin mit ses mains derrière la tête.

- J'ai toujours pensé que les gens comme vous étaient de gros péquenauds. Que les croyants ont juste peur de la vie et de la mort et que les fanatiques, des détraqués sexuels.

Elle ne s'est pas retournée. Sa voix était rocailleuse et lourde.

- Je suis pas sûre d'avoir entendu.

- Pourtant c'est pas une voix qui vient de nulle part cette fois-ci.

Mon cœur accéléra d'un coup. Kévin semblait très serein, il regardait devant lui, les jambes allongées sous la table. Bianca resta immobile.

- Vous n'avez aucune idée de ce que vous faîtes ni de ce que vous dites. Vous n'avez aucune idée d'où vient notre famille et ce qu'elle a traversé. Socko. Ce nom ne représente rien pour vous.

- Absolument rien. Mais il est évident qu'il parlera à beaucoup dans très peu de temps. Dès que l'on aura mis la main sur votre fils et que ça fera la Une des journaux.

Bianca se retourna enfin, ses lèvres étaient plus fines que jamais, ses yeux sombres enfoncés dans ses orbites fixaient Kévin. Elle parla lentement.

- Soćko est notre vrai nom avec un accent sur le c. Nous sommes polonais, durs à la douleur. Mon petit est plus intelligent que toute votre police. Vous ne le retrouverez jamais. Vous ne prouverez rien contre lui et vous ne saurez même pas qui est la psy venue me voir.

Kévin sourit.

- On va demander à l'accueil connasse. 

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